Galvaudé, l’avantage de jouer à la maison ?

À en croire les joueurs des Alouettes de Montréal, c’est un privilège. Dans un sport comme le football, où les impondérables sont nombreux, pouvoir jouer sur son terrain, devant ses partisans, mais surtout dans un environnement familier, permet presque de pouvoir prévoir l’imprévisible.

La troupe de Jason Maas amorcera son parcours éliminatoire contre les Tiger-Cats de Hamilton, samedi, au stade Percival-Molson.

« C’était notre gros objectif », a rappelé le quart-arrière Cody Fajardo, vendredi.

En réalité, le but de l’équipe était d’accueillir la finale de l’Est. Cependant, en raison de la domination des Argonauts de Toronto, confortablement installés au sommet de la division, Montréal doit se contenter d’accueillir la demi-finale. Un avantage dont refuserait de se passer Fajardo.

À son avis, les partisans montréalais peuvent avoir un impact considérable sur le résultat de la rencontre. Principalement parce qu’ils sont intimidants.

Et Fajardo le sait, car il a souvent joué à Montréal, mais dans le camp adverse.

« C’est vraiment bruyant ! Quand je jouais ici comme adversaire, tout le monde disait qu’il n’y avait pas beaucoup de partisans, mais en fait, vu du terrain, ça a toujours l’air rempli. C’est extrêmement bruyant et ça rend les choses difficiles pour l’adversaire. Ça pourrait être un avantage certain pour nous. »

Bien entendu, le pivot souhaite qu’à son tour sur le terrain, la foule soit plus silencieuse, question de pouvoir donner ses directives sans trop de perturbations. Mais le fait d’avoir terminé devant Hamilton au classement devra se faire sentir lorsque les autres unités fouleront la surface de jeu.

Le vétéran Kristian Matte est lui aussi impressionné par la capacité des partisans à faire du stade un lieu craint par les équipes adverses. Selon le joueur de ligne offensive, tous les éléments sont réunis pour embêter les joueurs des Tiger-Cats.

« Ça change quelque chose pour l’attaque de l’autre côté. On a la montagne, la foule. Quand il y a 20 000 personnes et plus, c’est vraiment bruyant et les sirènes qu’on a aussi, ça donne beaucoup d’effet. C’est spécial pour nous d’avoir cette foule et c’est pour elle qu’on joue. »

En famille

D’ailleurs, cette idée de jouer « pour les partisans » fait aussi partie de la liste des clichés. Le discours des athlètes, dans toutes les disciplines, est souvent le même lorsqu’il est question des partisans locaux.

Or, depuis son arrivée à Montréal au printemps, Fajardo semble réellement motivé à non seulement redorer le blason de l’organisation, mais également à redonner aux partisans une raison d’être fiers de leur équipe. Comme dans les années de glorieuses par Anthony Calvillo, Ben Cahoon et compagnie.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La dernière Coupe Grey des Alouettes remonte à 2010.

Et il n’y a pas mille manières de leur procurer autant de joie et de bonheur. « On a fait beaucoup de choses pour les rendre fiers, mais il n’y a rien pour les rendre fiers comme ramener une Coupe Grey », a-t-il indiqué.

« C’est notre objectif ultime, a-t-il poursuivi. Et c’est juste devant nous, c’est accessible. Ce sera extrêmement difficile, mais il n’y aurait rien comme la Coupe Grey. Et ça commence avec une victoire à la maison samedi. »

Un match comme un autre…

L’enjeu sera immense. Ça passe ou ça casse pour les Alouettes. Et Marc-Antoine Dequoy est bien au fait de la signification de cette rencontre. « On est conscients, mais il ne faut pas que ça nous affecte », a-t-il souligné.

L’issue peut être fatale ou galvanisante. Et devant les leurs, l’effet sera multiplié, quel qu’il soit.

La clé pour les Montréalais sera d’éviter le piège d’en faire trop, justement emportés par cette volonté de terminer le match avec les bras dans les airs. Ultimement, Dequoy insiste sur l’importance de rester soi-même et fidèle à sa préparation habituelle. Comme si cette rencontre se tenait à la mi-juillet.

« Si tu fais de l’extra vidéo et que tu essaies de trop en faire, que tu essaies de changer une recette gagnante, ça fait comme s’il nous manquait quelque chose », dit Marc-Antoine Dequoy.

Si on a fait les choses comme il faut dans la saison, ça veut dire qu’on n’a pas besoin de changer les choses pour les éliminatoires.

Marc-Antoine Dequoy

Le fait d’avoir affronté ces mêmes Tiger-Cats lors du dernier match de la saison lui permet d’être optimiste. « On a déjà fait une semaine de vidéo sur eux, et cette semaine on fait la même chose. Donc, on se concentre sur nous. Il faut rendre ça le plus normal possible, même si on sait que ce n’est pas une semaine normale », a ajouté le demi défensif.

En résumé, les joueurs des Alouettes doivent jouer pour eux, pour leurs coéquipiers, pour le groupe d’entraîneurs et pour les partisans. Jouer un match éliminatoire implique beaucoup de responsabilités et chaque joueur, logiquement, est prêt à tout laisser sur le terrain. Mais avant de penser aux éventuelles finalités, ils doivent d’abord se concentrer sur leur approche.

« Ça me donne des frissons de penser au moment où je vais marcher dans le tunnel », a avoué Fajardo.

C’est peut-être signe que les Alouettes jouent pour les bonnes raisons et que leur motivation à combler leurs partisans est sincère. Au football, c’est sans doute la plus belle des prémisses.