Les Alouettes attendent plus de 20 000 spectateurs pour la demi-finale de l’Est au stade Percival-Molson, dimanche à 13 h. On est encore loin des foules de plus de 40 000 âmes qui faisaient vibrer le Stade olympique lors des matchs éliminatoires d’il y a 10-15 ans, mais c’est tout de même une amélioration pour une équipe qui a disputé quelques rencontres éliminatoires devant des foules clairsemées il n’y a pas si longtemps.

On peut maintenant le dire, Mario Cecchini et Danny Maciocia ont stoppé l’hémorragie qui menaçait de tuer les Alouettes il y a quelques années. À sa première saison complète (18 matchs « réguliers ») comme président du club, Cecchini a réduit le déficit d’exploitation d’approximativement 65 % par rapport à 2019 et aux années antérieures. Maciocia, lui, a mené sa formation dans les éliminatoires à chacune des deux dernières années et lui a permis d’accueillir le match éliminatoire de dimanche.

Mais ce modeste succès demeure fragile. La lente agonie chute qui a suivi le règne de Marc Trestman a laissé de profondes blessures. Et c’est ce qui rend le match de dimanche face aux Tiger-Cats de Hamilton si important.

Les Oiseaux ont cruellement besoin d’une victoire pour ajouter une autre épaisseur de briques à la maison qu’ils tentent de rebâtir.

Ce ne sera pas facile d’y parvenir. La saison des Tiger-Cats semblait terminée il y a un mois ou deux. N’eût été l’effondrement des Roughriders de la Saskatchewan, leur vestiaire au Tim Horton’s Field serait d’ailleurs déjà vide.

C’est donc avec très peu de pression sur elle que l’équipe d’Orlondo Steinauer s’amènera sur la montagne, dimanche matin. Pour emprunter à l’anglais, elle jouera l’argent de la maison et on n’aura rien à perdre. On ne s’attendait plus à rien d’elle.

Leur quart-arrière Dane Evans avait perdu le marbre en première moitié de saison. Une gaffe n’attendait pas l’autre. Sa carrière de partant ne semblait plus tenir qu’à un fil, mais il s’est ressaisi, contre toute attente, et joue nettement mieux depuis deux mois. Il performe comme le quart qui a convaincu les Tiger-Cats de laisser partir Jeremiah Masoli.

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Dane Evans, quart-arrière des Tiger-Cats de Hamilton

Si Evans joue mal, n’allez toutefois pas croire que Steinauer attendra très longtemps avant de procéder à un changement. Matt Shiltz a connu une bonne saison et les Tiger-Cats l’enverront sur le terrain s’ils le jugent nécessaire.

Shiltz n’est pas le seul ancien des Als qui sera de passage dans son ancienne ville. Khari Jones observera l’action des hauteurs du stade et tentera d’aider les Tiger-Cats dans son rôle d’assistant offensif.

Jones et Shiltz souhaitent bien sûr ardemment sortir de Montréal victorieux, mais c’est le cas pour un grand nombre de vétérans des Tiger-Cats, qui ont perdu les deux derniers matchs de la Coupe Grey, et quatre depuis 2013. Leur dernier championnat date de 23 ans, la plus longue disette du circuit.

Combat dans les tranchées

La défense de Noel Thorpe devra profiter des largesses de l’attaque des Tiger-Cats, qui ont commis un incroyable total de 52 revirements cette saison. Il reste que les étoiles des Alouettes, c’est du côté de l’attaque qu’on les retrouve : Eugene Lewis, Trevor Harris et William Stanback. Et ces trois-là devront produire.

Lors de l’élimination des Alouettes contre ces mêmes Tiger-Cats l’an dernier, Stanback avait été limité à 29 verges en 12 courses et Harris avait passé l’après-midi sur le dos, victime de 6 sacs. Il avait également perdu le ballon trois fois et lancé une interception.

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Les Tiger-Cats avaient éliminé les Alouettes en demi-finale de l’Est, l’an dernier.

Le front défensif des Tiger-Cats s’en était donné à cœur joie contre une ligne offensive amochée ce jour-là, et les Alouettes savent fort bien qu’ils devront inverser les rôles pour obtenir un résultat différent. Il sera essentiel pour eux de dominer l’action sur les tranchées des deux côtés du ballon.

La blessure du receveur Reggie White fils a compliqué les choses au niveau du jeu aérien. Les Tiger-Cats opposeront sûrement une couverture double à Lewis la plupart du temps, Jake Wieneke et les Canadiens Tyson Philpot, Hergy Mayala et Kaion Julien-Grant devront donc être à la hauteur. N’oublions pas l’explosif demi Walter Fletcher, qui a été l’un des bons joueurs du club en fin de saison.

Il y a une belle ambiance et beaucoup de confiance au sein des Alouettes dernièrement. On le voit durant les entraînements et en parlant avec les membres de l’organisation. Ça prend plus que de la camaraderie pour gagner dans les éliminatoires, certes, mais c’est pratiquement impossible de le faire sans celle-ci.

Si le plan de match des Alouettes est solide et qu’ils ne s’automutilent pas avec un paquet de pénalités ou de revirements, les probabilités sont très bonnes qu’ils passeront au tour suivant. Ils possèdent la meilleure des deux équipes sur papier (légèrement) et joueront dans le nid.

C’est difficile à croire compte tenu du succès qu’ils ont connu de 1996 à 2015, mais les Alouettes ont perdu leurs sept derniers matchs éliminatoires contre les Tiger-Cats. Cette séquence devrait prendre fin, dimanche.

Notre prédiction : Tiger-Cats 20, Alouettes 27