(Trois-Rivières) Selon les informations qui circulaient depuis quelques semaines, trois équipes de la Ligue canadienne de football (LCF) devaient s’entraîner, même si une grève des joueurs était déclenchée lorsque la convention collective viendrait à échéance, dimanche. Les Alouettes étaient l’une de ces trois équipes.

Mais, finalement, comme les Roughriders de la Saskatchewan, les Lions de la Colombie-Britannique, les Blue Bombers de Winnipeg, les Tiger-Cats de Hamilton, les Argonauts de Toronto et le Rouge et Noir d’Ottawa, les Alouettes sont officiellement en grève depuis dimanche à minuit. En raison des lois provinciales de l’Alberta, les Elks d’Edmonton et les Stampeders de Calgary devront, quant à eux, s’entraîner trois jours avant de pouvoir être en grève, eux aussi.

Environ la moitié des joueurs des Alouettes ont participé à un entraînement léger (walkthrough) sur le terrain des Diablos du cégep de Trois-Rivières, dimanche matin. Un entraînement facultatif qui avait été organisé par les joueurs.

« On n’a pas d’entente avec la Ligue, mais on ne voulait pas rester dans nos résidences à ne rien faire. On veut être prêts lorsque ça va commencer, que ce soit dans une journée ou une semaine », a expliqué Kristian Matte.

Les Alouettes demeureront à Trois-Rivières jusqu’à nouvel ordre. Les équipes de la LCF se sont engagées à loger et à nourrir leurs joueurs, même s’il n’y a actuellement plus de contrat de travail en vigueur.

« Toutes les équipes fournissent l’hébergement et la nourriture à leurs joueurs, ce qui est la chose à faire à mon avis », a dit le directeur général Danny Maciocia qui, à l’instar de l’organisation, s’attendait à voir son équipe à l’entraînement, dimanche matin.

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Danny Maciocia, directeur général des Alouettes

« En me fiant à ce que j’avais entendu, je croyais effectivement que nous allions nous entraîner. »

Pas une question salariale

Malgré un blitz de négociation au cours des derniers jours, la LCF et l’Association des joueurs ne sont pas parvenues à s’entendre sur les modalités d’un contrat à long terme, la Ligue ayant quitté la table des négociations. Elle et le commissaire Randy Ambrosie ont ensuite publiquement indiqué qu’ils avaient offert un total de plus de 24 millions en augmentation salariale aux joueurs pour la durée d’une entente qui aurait été de 7 ans.

Les points de litige ne concerneraient toutefois pas le plafond salarial et les salaires des joueurs.

« De ce que j’ai entendu, il y a eu des développements positifs au cours de la dernière semaine, mais on n’est toujours pas sur la même longueur d’onde sur certains points. C’est notre comité de négociation qui gère ça. Plusieurs sondages auprès des joueurs ont été menés depuis deux ou trois ans, alors le comité sait ce que les joueurs veulent. Et en ce moment, notre comité est d’avis que ce n’est pas avantageux pour nous. Alors il faut attendre et continuer de négocier lorsque la Ligue sera prête à le faire », a dit Matte.

« Il faut que ce soit bon pour tout le monde, et en ce moment, il n’y a pas d’entente, alors ce ne l’est pas. Il faut aller de l’avant et suivre les recommandations de nos représentants. »

« J’étais optimiste qu’une nouvelle entente serait conclue avant le début du camp, mais malheureusement, ce n’est pas le cas. Mais je demeure optimiste, il faut rester patient », a quant à lui commenté Maciocia.

Je comprends que tout le monde souhaite un règlement le plus rapidement possible. Mais on doit s’assurer que les deux côtés soient heureux de l’entente.

Danny Maciocia, directeur général des Alouettes

« Les choses peuvent changer dans 30 minutes. Je ne sais pas du tout de quelle façon la situation progressera, mais je suis convaincu que les deux côtés veulent trouver un terrain d’entente le plus rapidement possible. Il y a de l’optimisme, mais est-ce que ça mènera à une nouvelle convention collective dans les prochaines heures ou jours ? Je ne le sais pas. »

Heureux de se retrouver

Pendant que le bras de fer se poursuit entre la partie patronale et le syndicat des joueurs, les membres des Alouettes, eux, étaient heureux de se retrouver.

« L’ambiance est très bonne dans l’équipe en ce moment. Les joueurs sont heureux de se revoir. Au cours de la saison morte, certains ont vécu la naissance d’un enfant, d’autres se sont mariés ou ont obtenu un diplôme. Alors il y a beaucoup de félicitations qui se donnent actuellement ! », a raconté Eugene Lewis.

« J’apprécie de pouvoir être ici malgré ce qui se passe. Beaucoup de joueurs sont à la maison et aimeraient être dans nos souliers. J’adore jouer au football, je ne sens même pas que c’est un travail », a ajouté le receveur, qui obtient régulièrement des mises à jour de la part de Chris Ackie, l’un des représentants du club au sein de l’Association des joueurs.

« On veut jouer au football, les partisans veulent du football, et on sait très bien que c’est ce que la Ligue souhaite aussi », a résumé Matte, qui semble s’attendre à ce que le conflit se règle plus tôt que tard.

« Il n’y a pas eu de saison en 2020, alors plusieurs joueurs ont dû se trouver un autre emploi. Pour la Ligue, c’était une année sans aucun revenu. Et en ce moment, il n’y a pas d’argent qui entre non plus. On va se le dire, c’est l’argent qui fait rouler le monde, alors s’il n’y en a pas qui entre, ce n’est bon pour personne », a rappelé le garde québécois.

« On joue parce qu’on est passionnés et qu’on adore ça. Oui, on est bien payés pour ce qu’on fait, mais ce n’est pas comme la NFL ou les autres ligues. Du côté de la Ligue canadienne, c’est dispendieux de gérer des équipes professionnelles. Alors il faut trouver le juste équilibre. »