C’est la rencontre au sommet que tout le monde attend depuis que la NFL a sorti son calendrier en mai. Dans le coin rouge, le meilleur quart-arrière de l’histoire, le beau Tom Brady ; dans le coin bleu, le meilleur entraîneur-chef de l’histoire, le « sympathique » Bill Belichick.

Deux hommes qui ont réécrit l’histoire de la NFL côte à côte et qui ont fait partie de chacune des six éditions championnes des Patriots de la Nouvelle-Angleterre. Il est important de préciser qu’aucun autre joueur des Patriots n’a remporté le Super Bowl plus que trois fois avec eux. Autrement dit, il y a eu l’équipe du début des années 2000 (championne en 2001, 2003 et 2004), puis celle des années 2010 (championne en 2014, 2016 et 2018).

Bref, la dynastie des Patriots a essentiellement été l’affaire de deux hommes. Et pour la première fois depuis leur divorce un peu nébuleux, Belichick et Brady se retrouveront, dimanche soir, au Gillette Stadium, qui a été le théâtre de tellement de victoires et de moments marquants.

C’est avec une grosse bague de plus dans son coffre-fort que Brady fera son retour. Levez la main, ceux et celles qui croyaient vraiment que Brady continuerait d’exceller lorsqu’il a lancé son « pick six » à la fin du match éliminatoire contre Tennessee, il y a un peu moins de deux ans. C’est ce soir-là, le 4 janvier 2020, que les Titans ont mis fin à l’incroyable domination des Patriots.

On croyait que c’était parce que les Pats n’avaient plus assez de joueurs de talent pour bien l’entourer que Brady avait choisi de quitter Foxboro. Ce fut certes un facteur dans l’équation, mais dans le livre It’s Better to Be Feared, qui paraîtra le 12 octobre, Seth Wickersham raconte que ce serait d’abord et avant tout parce que les Patriots ne voulaient plus s’engager avec lui à long terme que Brady a choisi de faire ses boîtes.

Comme bien des gens, Belichick pensait que son quart-arrière était sur son déclin. Et comme bien des gens, il a été forcé de se raviser.

« Il a déjà parlé de la possibilité de jouer jusqu’à l’âge de 50 ans. Si quelqu’un peut le faire, c’est lui », a lancé Belichick à ESPN plus tôt cette semaine.

En remportant son septième championnat à sa toute première saison avec les Buccaneers de Tampa Bay, Brady a prouvé qu’il n’avait pas besoin de Belichick pour gagner un Super Bowl. Il avait simplement besoin d’une équipe assez talentueuse pour le faire. Si vous pensez que Belichick s’est réjoui de la conquête de son ancien quart, détrompez-vous. Il est sûrement encore plus motivé à le faire mal paraître dimanche.

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Comme par hasard, Brady n’a plus besoin que de 68 verges afin de devancer Drew Brees pour le plus grand nombre en carrière (la NFL sait bien faire ses calculs). À moins d’un imprévu, il deviendra donc le plus prolifique passeur de l’histoire de la NFL devant ceux qui l’ont adulé durant 20 ans. Ovation monstre à prévoir.

Brady restera-t-il de glace ? Peinera-t-il à refouler ses émotions ?

Belichick, lui, applaudira probablement pour une dizaine de secondes avant de recommencer à longer les lignes de côté, le regard fixé au sol, les écouteurs sur la tête, impassible. Il réfléchira au prochain jeu, comme il pense au prochain adversaire après une victoire ou une défaite.

PHOTO VINCENT CARCHIETTA, USA TODAY SPORTS

Bill Belichick, entraîneur-chef des Patriots de la Nouvelle-Angleterre

La cote du bon Bill n’est certainement pas à la hausse ces temps-ci. Son équipe a une fiche de 1-2 et manque de punch. Devant les caméras, il continue de marmonner des réponses inaudibles avec sa face d’enterrement.

Le livre de Wickersham ne serait d’ailleurs pas très flatteur pour Belichick, qui a daigné offrir une réponse au sujet de celui-ci il y a quelques jours.

« Il semble y avoir beaucoup de commentaires de deuxième, de troisième et de quatrième main dans ce livre. Mais je ne vais pas en dire plus. Je vais me concentrer sur notre prochain match en essayant de bien me préparer pour les Bucs. »

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Les Patriots ont dépensé beaucoup d’argent pour s’améliorer, mais ne sont pas parvenus à attirer des joueurs de grand talent, l’hiver dernier. De bons joueurs, oui, mais aucun d’eux ne semble capable de changer l’allure d’une équipe significativement à lui seul.

On ne devrait peut-être pas trop s’en étonner. Maintenant que Brady joue ailleurs, pensez-vous vraiment que les joueurs de premier plan s’empresseront de signer un contrat pour se joindre à Belichick et à une équipe où la joie n’existe à peu près pas ? À moins d’être né à Boston ou de recevoir une offre démesurée…

En tout cas, Brady, lui, n’a jamais semblé plus heureux. Après un départ houleux avec Bruce Arians, tout baigne depuis le milieu de la saison dernière. Sa relation avec le coordonnateur offensif, Byron Leftwich, semble particulièrement bonne.

En gros, Brady a quitté une organisation menée comme l’était jadis l’Armée rouge pour un club de la Floride qui est dirigé par Arians, un entraîneur qui insiste sur l’importance de passer du temps de qualité en famille. Méchant contraste.

Le fait que les Bucs aient une équipe « paquetée » ne nuit bien sûr pas. On ne va pas encore vous énumérer tous leurs joueurs étoiles, mais Brady est aux anges avec tout ce talent. Et il sera extrêmement intéressant de voir le plan de match qu’aura concocté Belichick pour faire face à cette armada.

En toute logique, les Buccaneers devraient l’emporter, mais qui serait surpris de voir les Pats gagner grâce en grande partie aux astuces de Belichick et de ses adjoints, Josh McDaniels et Matt Patricia ?

Non, ce ne serait pas si étonnant de voir la défense des Pats trouver la façon de faire mal paraître Brady, que ce soit avec des blitz ou des stratégies imprévisibles. Si quelqu’un est capable de mater Brady, c’est Belichick. Comme stratège, le sport professionnel nord-américain n’a jamais vu mieux que l’homme aux manches coupées.

Qui voudra gagner davantage, les Patriots pour leur entraîneur-chef ou les Buccaneers pour leur quart-arrière ? Ça nous en dira beaucoup.

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Au beau milieu de tout ça, il y aura Mac Jones. Le jeune quart qui a l’impossible mission de faire oublier Brady aux partisans de la Nouvelle-Angleterre.

PHOTO DAVID BUTLER II, USA TODAY SPORTS

Mac Jones, quart-arrière des Patriots de la Nouvelle-Angleterre

Les Patriots ont un bon jeune quart entre les mains. N’empêche que le propriétaire du club, Robert Kraft, doit certainement se demander s’il a fait le bon choix lorsqu’il voit les publicités de Brady sur son téléviseur le dimanche soir…

Brady a dit qu’il était possible qu’il joue une ou deux saisons de plus au terme de son contrat actuel, qui se terminera après la saison de 2022. Si les Patriots avaient choisi de renflouer l’équipe autour de lui il y a un an et demi, ils auraient certainement pu gagner un septième titre. Ils auraient ainsi devancé les Steelers pour le plus grand nombre de victoires au Super Bowl.

Ce qui est sûr, c’est qu’il y aurait plus de gens vêtus aux couleurs des Patriots dans les rues de Montréal actuellement. On n’en voit presque plus alors qu’on en croisait toutes les 30 secondes il y a deux ans… « Ce n’est plus pareil », m’a expliqué ma blonde Marie-Claude, qui est (était ?) une fan des Patriots.

Ce qui nous amène à la question que se posent sûrement quantité de gens depuis 18 mois : fan des Patriots ou de Brady ?

Si Belichick parvient à neutraliser et à vaincre Brady, lui qui travaille probablement sur son plan de match depuis janvier dernier, le sentiment d’appartenance des partisans des Patriots pourrait revenir. Sinon, il y a du choix en masse avec 31 autres équipes. Marie-Claude, elle, aime de plus en plus les Chargers.

Les prédictions de Miguel Bujold

Washington c. Atlanta : Washington
Houston c. Buffalo : Buffalo
Detroit c. Chicago : Chicago
Caroline c. Dallas : Dallas
Indianapolis c. Miami : Miami
Cleveland c. Minnesota : Cleveland
Giants de N.Y. c. La Nouvelle-Orléans : La Nouvelle-Orléans
Tennessee c. Jets de N.Y. : Tennessee
Kansas City c. Philadelphie : Kansas City
Arizona c. Rams de L. A. : Rams de L. A.
Seattle c. San Francisco : Seattle
Baltimore c. Denver : Denver
Pittsburgh c. Green Bay : Green Bay
Tampa Bay c. Nouvelle-Angleterre : Tampa Bay
Las Vegas c. Chargers de L. A. : Chargers de L. A.

La semaine dernière : 11-4
Total de la saison : 27-18

Trois matchs à ne pas rater

Arizona c. Rams de Los Angeles, dimanche, 16 h 25

PHOTO ROSS D. FRANKLIN, ASSOCIATED PRESS

J. J. Watt, des Cardinals de l’Arizona

Il y a deux rencontres intradivision dans l’Ouest de la Nationale, dimanche, et ces matchs seront extrêmement importants cette saison vu la force de cette section. Pour le moment, les Rams et les Cardinals se partagent le premier rang de la division, de même que celui de la conférence avec les Panthers, étant toujours invaincus. Les Cards ont déjà 6 joueurs avec au moins 10 attrapés et 113 verges de gains par la passe, ce qui s’explique de deux façons : leur profondeur en attaque est excellente et Kyler Murray continue de progresser comme quart-arrière puisqu’il utilise toutes les armes autour de lui. La tertiaire des Rams subira donc un deuxième bon test de suite après avoir très bien fait contre Tom Brady et les Buccaneers, dimanche dernier. La défense des Cardinals, elle, n’a récolté que quatre sacs si l’on exclut le match de cinq réalisé par Chandler Jones en lever de rideau, et J.J. Watt est toujours à la recherche de son premier avec sa nouvelle équipe.

Tampa Bay c. Nouvelle-Angleterre, dimanche, 20 h 20

PHOTO ERIC HARTLINE, USA TODAY SPORTS

Damien Harris (37) et Nelson Agholor (13), des Patriots de la Nouvelle-Angleterre

L’ambiance sera électrisante au Gillette Stadium, il ne reste plus qu’à espérer que le match tant attendu sera à la hauteur des attentes. Sur papier, l’affrontement est inégal et les parieurs sont manifestement de cet avis. ESPN a rapporté, jeudi, que seulement 2 % des paris avec l’écart de points avaient été placés sur les Patriots au Ceasars Sportsbook, ce qui est minuscule. Afin de pouvoir causer une surprise, les Patriots devront probablement remporter la bataille des revirements, obtenir une excellente performance de leur porteur de ballon Damien Harris et réussir un ou deux jeux « surprises », que ce soit en attaque ou sur les unités spéciales. Antonio Brown (COVID-19) fera un retour au jeu après avoir raté le dernier match des siens et Richard Sherman pourrait jouer sa première partie avec les Bucs.

Las Vegas c. Chargers de Los Angeles, lundi, 20 h 15

PHOTO ED ZURGA, ASSOCIATED PRESS

Asante Samuel fils (26), des Chargers de Los Angeles

Premier choix des Chargers en avril, Asante Samuel fils a déjà réussi deux interceptions, lui qui est un demi de coin comme l’a été son père. Asante Samuel a joué 11 saisons dans la NFL, dont les 5 premières avec les Patriots. Il a fini sa carrière avec 51 interceptions, 6 touchés et a remporté le Super Bowl à deux occasions avec les Pats (2003 et 2004). Les demis de sûreté Nasir Adderley et Derwin James fils mènent quant à eux les Chargers avec 22 et 20 plaqués. La jeune tertiaire des Chargers est talentueuse, mais sera mise à rude épreuve par un jeu aérien qui est étonnamment le plus productif de la NFL à l’heure actuelle. Henry Ruggs III, Darren Waller, Bryan Edwards et Hunter Renfrow ont déjà tous plus de 200 verges au compteur et Derek Carr mène la ligue avec 1203 verges par la passe (une moyenne de 401 par match). Ça s’explique toutefois en partie par le fait que les Raiders ont joué deux prolongations. Carr a dit cette semaine que les matchs au domicile des Chargers ressemblaient beaucoup à des parties à la maison pour les Raiders. Il devrait donc y avoir de l’ambiance si les partisans des Chargers ont un peu d’orgueil… Une rencontre qui opposera des rivaux de division et de jeunes équipes en ascension.