Les Alouettes soutiennent que le poste de botteur régulier est celui de Sean Whyte - à moins qu'il ne croule sous la pression pendant les deux matchs préparatoires de l'équipe, demain et le 22 juin.

Personne ne sait comment le joueur de 24 ans réagira, lui qui ne totalise que 29 bottés de précision dans la LCF. Ce que l'on sait, c'est que le botteur qui lui souffle dans le cou, le vétéran Sandro DeAngelis, a déjà démontré qu'il était capable de faire le boulot dans des moments corsés.

La décision des Alouettes d'embaucher DeAngelis un mois après avoir sacrifié leur premier choix de 2012 afin d'obtenir Whyte a fait sourciller plusieurs personnes. DeAngelis n'avait toujours pas été remercié par les Tiger-Cats d'Hamilton au moment où Whyte a été acquis. L'organisation aurait-elle accepté de verser un choix de première ronde aux Lions de Colombie-Britannique s'il avait été disponible? Peut-être pas.

Mais le facteur le plus important derrière cette décision, c'est la nécessité de placer le jeune Whyte face à un candidat de qualité, question de voir s'il a les nerfs assez solides pour l'emploi. Les rares fois où Damon Duval a eu de l'opposition au cours des dernières saisons, il a fait la moue. Pourtant, une saine compétition est probablement plus importante chez les botteurs qu'à n'importe quelle autre position. De voir comment un botteur réagit lorsqu'on tente de lui ravir son poste n'est jamais une mauvaise chose.

«Je m'attendais à ce qu'ils obtiennent quelqu'un pour être en compétition avec moi, et Sandro était probablement le meilleur candidat disponible. C'est un bon gars, respectueux, et on tente de s'entraider», a dit Whyte, hier.

DeAngelis est solide depuis le début du camp. Sa jambe semble plus puissante que celle de Whyte, et ses bottés de précision et d'envoi couvrent une meilleure distance en général. Whyte est en contrepartie un meilleur botteur de dégagement, ce qui pourrait ultimement faire pencher la balance de son côté.

«J'essaie de l'aider avec ses bottés de dégagement, et il me conseille s'il remarque des correctifs à apporter à mes bottés de précision. On est deux professionnels, et au bout du compte, on est en compétition contre nous-mêmes», a observé Whyte, qui s'attend à commencer le match de demain au stade Percival-Molson.

Marc Trestman n'a pas voulu dire de quelle façon serait répartie la charge de travail contre les Blue Bombers de Winnipeg, mais il a fait savoir que les deux hommes obtiendraient l'occasion de jouer. L'entraîneur n'a pas voulu dire non plus si la possibilité de garder les deux botteurs afin d'amorcer le calendrier régulier était envisageable.

Hué par ses propres partisans

Avant de lui faire signer un contrat, les Alouettes ont bien expliqué la situation à DeAngelis. Whyte partait avec une longueur d'avance, et l'ancien botteur des Stampeders de Calgary et des Tiger-Cats devrait lui être nettement supérieur afin de le coiffer au fil d'arrivée.

«Tout ce que je peux faire, c'est de conserver une attitude positive. Si les entraîneurs aiment la façon dont je joue, tant mieux. S'ils ne sont pas satisfaits, j'accepterai leur décision», indique celui qui connaît une carrière inégale jusqu'à présent.

Le moment fort des six premières saisons de DeAngelis aura été sa performance au match de la Coupe Grey de 2008, lorsque les Stampeders ont vaincu les Alouettes, 22-14, devant 66 308 spectateurs au Stade olympique. DeAngelis avait réussi ses 5 bottés de précision, dont un de 50 verges au quatrième quart, ce qui lui avait valu le titre de joueur canadien du match.

Il a quitté les Stampeders après cinq saisons afin de se rapprocher de sa famille. Originaire de Niagara Falls, DeAngelis a toutefois connu sa pire campagne près des siens à Hamilton. Il a réussi 32 de ses 42 tentatives de placement, pour une moyenne de 76,2%. Entre 2006 et 2009, il n'avait raté que 30 de ses 208 bottés de précision, une excellente moyenne de 85,6%.

«Ça n'a pas été ma meilleure saison, mais j'utilise souvent l'exemple d'Alexander Ovechkin et de Carey Price. Ovechkin n'a marqué que 32 buts, mais les Capitals vont lui donner l'occasion de rebondir. Le Canadien n'a pas abandonné dans le cas de Price, et regardez la saison qu'il vient de connaître.»

Pour être honnête, DeAngelis a rebondi dès l'an dernier. Il a surmonté un affreux début de saison, qui avait même incité les partisans des Tiger-Cats à le huer. Un peu comme si les partisans des Oiseaux huaient Étienne Boulay...

«La dernière chose à laquelle on s'attend, c'est d'être hué par les partisans de sa région. Ce fut une dure leçon, mais j'en sors grandi. Ça ne fera que m'améliorer.»

Si le botteur de 30 ans demeure chez les Alouettes, il pourra maintenant améliorer la qualité de son français. DeAngelis a répondu à plusieurs questions dans sa troisième langue, hier.

«J'ai appris à parler le français au secondaire. Je suis italien, c'est peut-être donc un peu plus facile pour moi. C'est quelque chose qui m'a toujours intéressé, ça me permettra de mieux comprendre le Québec et sa culture.»