Hugo Houle a déjà participé au Giro ou à la Vuelta et a pédalé sur les routes des classiques les plus réputées du monde. Mais quand il se présente comme un coureur professionnel, au Québec, une question revient invariablement : « As-tu fait le Tour de France ? »

Jusque ici, la réponse a toujours été négative. Ça ne sera désormais plus le cas puisque le cycliste québécois a été retenu par son équipe Astana en vue de la Grande Boucle, qui s’élancera de Bruxelles le 6 juillet. L’annonce officielle de la formation kazakhe a eu lieu tôt ce matin.

« Ça faisait longtemps que je travaillais fort pour ça. Je suis très content d’avoir la chance d’y participer cette année, surtout que l’équipe est très forte. Je suis très honoré et choyé de faire partie des huit coureurs pour cette aventure », a indiqué Houle lors d’une entrevue téléphonique, hier.

À l’évocation du Tour de France, les souvenirs se bousculent dans l’esprit de Houle. Cela débute par les matinées estivales de son enfance et de son adolescence à regarder l’épreuve à la télévision. « À ce moment-là, je n’aurais pas imaginé y participer et ce n’était pas nécessairement un objectif. Je n’ai pas eu le déclic de me dire : “Un jour, c’est sûr, je vais faire le Tour de France.” Naturellement, j’ai franchi les étapes pour me rendre là. »

« Objectif ultime »

Une participation au Tour est plutôt devenue un « objectif ultime » dans les quatre ou cinq dernières années. En 2018, il est passé tout près de l’atteindre avant d’être le dernier coureur retranché par Astana. Une grosse déception ? Pas tant que ça, puisque malgré son statut de petit nouveau dans l’équipe, il s’est immiscé dans les débats jusqu’à la fin.

Je suis quelqu’un de positif et j’étais surtout content d’avoir fait mon chemin jusqu’à la sélection finale. Je savais que j’avais encore de belles années devant moi et que ce n’était qu’une question de temps.

Hugo Houle

En décembre dernier, il a d’ailleurs compris que le Tour de France allait faire partie de son programme de la saison. Mais la prudence a été de mise tout au long des derniers mois. En cyclisme, un plan tracé d’avance peut vite être détruit par une vilaine chute ou un problème de santé.

« J’avais de bonnes garanties et de bonnes chances d’être dans l’alignement pour le Tour, mais il faut prouver qu’on a sa place jusqu’au dernier moment, a-t-il ajouté. Après le Tour de Californie [à la mi-mai], c’était clair que j’allais y être. J’ai ensuite eu un camp de préparation en Espagne, puis le Dauphiné Libéré, où j’ai livré la marchandise. »

C’est d’ailleurs son coéquipier Jakob Fuglsang qui a remporté le Critérium du Dauphiné, sorte de grande préparation pour le Tour. En l’absence du Britannique Christopher Froome, du Néerlandais Tom Dumoulin et du Slovène Primož Roglič, le Danois est l’un des grands favoris de cette édition 2019. Houle ne détesterait pas gagner une étape « en l’honneur de [son] frère qui est décédé en 2012 », mais son objectif est surtout d’être un équipier modèle.

PHOTO ANNE-CHRISTINE POUJOULAT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Jakob Fuglsang

« Je suis vraiment motivé à me surpasser puisque je sais que nous avons un leader qui peut gagner. Jakob est l’un des meilleurs au monde. Mon travail est d’être à 100 % du temps à ses côtés pour le protéger, le placer si nécessaire et m’assurer qu’il soit dans les meilleures dispositions.

« L’absence de Froome va avoir un impact sur la course, c’est certain. Avec Froome et Geraint Thomas, Ineos [le nouveau nom de Sky] avait deux bons coureurs qui pouvaient mettre de la pression au niveau des stratégies. Ineos va rester ce qu’elle est avec Thomas qui va être prêt et [Egan] Bernal qui a montré sa force au Tour de Suisse. »

Dans les Alpes

D’ici au début du tour à Bruxelles, le 6 juillet, Houle devait faire une reconnaissance des grosses étapes de montagne, dans les Alpes, avant de s’accorder quelques jours de repos. Il dit avoir hâte de vivre le départ en Belgique, un pays passionné de cyclisme, puis de découvrir l’ambiance du Tour au sein d’une équipe particulièrement soudée et solide.

Astana a remporté 28 victoires depuis le début de la saison et devrait tirer son épingle du jeu avec un parcours qui va faire la part belle aux grimpeurs. Le Tour 2019 comporte sept étapes de montagne, dont cinq arrivées en altitude.

« Il va falloir arriver dans la dernière semaine avec une bonne fraîcheur. La grosse différence va se faire là, a jugé Houle. Dans le Tour, on sait qu’il faut éviter les pièges dans les premiers jours. Il y a toujours des chutes et du stress parce que tout le monde veut être devant. L’objectif est d’économiser le maximum d’énergie pour les moments clés qui vont arriver avec la montagne. Il y a la Planche des Belles Filles [Vosges] dès la sixième étape, alors on va rapidement voir les coureurs qui sont forts. »