L'Allemand Sebastian Vettel est devenu dimanche le plus jeune Champion du monde de l'histoire de la F1 en enlevant haut la main le Grand Prix d'Abu Dhabi sur le circuit de Yaz Marina.

Le pilote de l'équipe Red Bull, sans doute le plus rapide depuis trois saisons, a renversé une situation difficile en profitant des ennuis des deux pilotes qui le devançaient au classement, Fernando Alonso (7e) et Mark Webber (8e).

«Je suis sans voix, a-t-il commencé, en conférence de presse. Cette saison a été incroyablement dure, aussi bien physiquement que mentalement. Je suis complètement vidé.»

Vettel a devancé les Anglais Lewis Hamilton et Jenson Button, sur McLaren. «Cela a été un peu serré au départ avec Lewis, mais j'ai gardé la première place et je n'ai plus été inquiété par la suite, a expliqué Vettel. Je savais que je devais gagner et la voiture était vraiment parfaite aujourd'hui.

«À l'arrivée, je n'étais encore sûr de rien et mon équipe m'a simplement dit : 'Bon travail, bien fait...'; puis au bout d'un certain temps : 'Tu es Champion du monde!!!'. C'est un incroyable soulagement. J'ai tant de monde à remercier...»

Déjà le plus jeune vainqueur d'un Grand Prix - à Monza en 2008 - le prodige allemand aurait sans doute pu être sacré plus tôt cette saison, et même la saison dernière. Il a toutefois souvent été victime d'ennuis dont il était souvent lui-même à l'origine. Deux fois cette saison, il s'est accroché avec des rivaux et sa tentative spectaculairement ratée de dépassement sur son coéquipier Mark Webber en Turquie a plongé son équipe dans une période difficile.

Officieux numéro un de son équipe - quoi qu'aient dit ses patrons - Vettel n'a jamais cessé de croire en ses chances et il a terminé la saison en maître, remportant trois des quatre dernières épreuves (il était en tête de la quatrième, en Corée, quand son moteur l'a trahi).

La déroute d'Alonso

Grand favori au départ, idéalement placé en raison de priorités de 8, 15 et 24 points sur ses adversaires pour le titre, Webber, Vettel et Hamilton, Fernando Alonso a complètement raté l'occasion d'enlever un troisième titre mondial.

Après avoir cédé la troisième place à Button dès la départ, l'Espagnol a opté pour une mauvaise stratégie en stoppant au 16e tour, juste après Webber. L'Allemand Nico Rosberg (Mercedes) et le Russe Vitaly Petrov (Renault) avaient profité d'une neutralisation de la course pour ravitailler dès le deuxième tour et ils étaient devant les deux meneurs du championnat quand ceux-ci ont repris la piste.

Malgré tous ses efforts, Alonso est resté coincé derrière Petrov jusqu'à l'arrivée, soit pendant 39 tour... Déçu et frustré, il s'en est pris au Russe pendant le tour de ralentissement, mais avait retrouvé son calme après la course.

«J'ai tenté une fois de le dépasser et il m'a bloqué de façon très agressive, comme si c'était le dernier tour et qu'il luttait avec moi pour le titre, a estimé Alonso. Mais il a très bien piloté pendant toute la course et n'a commis aucune erreur.»

Alonso a défendu la stratégie de Ferrari. «Nous avons voulu couvrir Webber, qui était mon principal adversaire, mais il fallait aussi tenir compte de Rosberg et Petrov, a-t-il expliqué. C'était difficile à évaluer et c'est toujours plus facile de dire après la course ce qu'on aurait dû faire...

«Bravo à Red Bull et à Sebastian (Vettel), mais nous les retrouverons la saison prochaine. Cela a été une première saison merveilleuse avec Ferrari et je suis sûr que nous pourrons nous battre pour le titre à l'avenir.»

Webber et Hamilton résignés

Les deux autres «battus» du jour, ont réagi avec la même résignation.

À 34 ans (10 de plus que Vettel...), Mark Webber sait qu'il a échappé la grande chance de sa carrière. «Ce week-end ne s'est pas déroulé comme je l'espérais... a-t-il reconnu. Il y a eu beaucoup de bons moments cette saison, d'autres moins bons. On ressent toutes sortes d'émotions en venant si près du sommet et en ratant de justesse, mais je me suis vraiment donné à 100%, toute la saison». L'Australien a assuré qu'il serait de retour la saison prochaine (on avait évoqué sa retraite) et qu'il tenterait de remporter enfin la titre mondial.

Quant à Lewis Hamilton, il a prouvé tout au long de la saison qu'il était le rival de Vettel en vitesse pure. «Nous n'avons pas réussi à nous maintenir au niveau des Red Bull cette saison et Sebastian mérite largement son titre, a-t-il concédé. Je suis convaincu que 2011 sera une meilleure saison pour nous.»

C'est sans doute ce que se disent tous les pilotes... sauf Sebastian Vettel.