Suzuka en proie à des pluies trop soutenues samedi, la Fédération internationale de l'automobile (FIA) a dû se résoudre à décaler les qualifications du Grand Prix du Japon de Formule 1 à dimanche 10H00 locale (21H00 heure de Montréal), à peine quatre heures avant la course.

Censées débuter à 14H00 locales (1H00 heure de Montréal), les qualifications ont été retardées à trois reprises, avant d'être reportées à dimanche, aucune amélioration significative des conditions météorologiques n'étant annoncée dans des délais raisonnables.

Vingt-six millimètres d'eau tombés de 12H00 à 15H00 locales ont donc eu raison d'une organisation carrée. Vingt-six millimètres, soit même pas un tiers des précipitations prévues pour la journée. Mais vingt-six millimètres qui ont sensiblement compliqué la vie des pilotes.

«J'ai passé mes qualifs à parler avec les mécaniciens et à faire le yo-yo : sauter dans la voiture et en ressortir, au cas où les conditions de la piste s'amélioreraient suffisamment», raconte Jenson Button (McLaren), l'un des cinq pilotes encore en course pour le titre mondial.

Mais le miracle ne s'est pas produit. L'averse continue a transformé la piste japonaise en piscine. Et les fiers funambules du volant en marins d'eau douce. Collées au sol, les Formule 1 ne tolèrent pas un asphalte trop détrempé, qui les transforme en caisse à savon. Seuls Jaime Alguersuari (Toro Rosso) et Timo Glock (Virgin) ont été chronométrés lors de la séance d'essais libres.

«On aurait pu monter un peu la hauteur de la voiture pour éviter l'aquaplaning, qui se produit à cause du fond plat. Mais quand il y a une certaine quantité d'eau sur la piste, les pneus flottent. Ils ne peuvent plus se débarrasser de l'eau», explique Nick Heidfeld (Sauber).

«C'est vraiment dommage pour les fans, qui ne nous ont pas vu piloter, a regretté Button, le champion en titre. Mais nous ne pouvons rien faire dans de telles conditions. En fait, tu ne pilotes plus vraiment la voiture, tu flottes!»

Météo incertaine dimanche

Autre problème lié à la pluie : «le manque de visibilité, dû aux projections des monoplaces, ajoute Heidfeld. Si vous avez 24 voitures sur la piste en Q1 (la première partie des qualifications) et qu'un des pilotes glisse, aucun autre ne peut le voir à temps pour éviter de lui rentrer dedans.»

Même les enragés du volant que sont Sebastian Vettel (Red Bull) ou Lewis Hamilton (McLaren) en conviennent, à l'instar d'Andy Stevenson, le manageur de Force India : «Cette décision est la bonne. Quand elle a été prise, la pluie ne s'était pas calmée et la lumière était également en train de diminuer».

La FIA a su prendre ses responsabilité, au risque de mécontenter les tribunes pleines et des millions de téléspectateurs. Les précédents sont rares. En 1983, un revêtement qui fondait avait causé l'annulation du GP de Belgique, donc des qualifications.

Et en 2006, déjà à Suzuka, le typhon Ma-On avait fait des siennes. Qualifications et course s'étaient disputés le dimanche. Michael Schumacher, auteur de la pole position sur Ferrari, avait remporté à cette occasion son sixième et dernier Grand Prix du Japon.

Un tel scénario ne risque pas de se reproduire cette année, tant le septuple champion du monde semble distancé par les pilotes de tête. Quoique.

La pluie pourrait en effet tomber dimanche et ruiner les plans de la FIA. Car avec 4 heures à peine entre la fin des qualifications et la course, tout retard aura de graves conséquences. Le suspense règne avant le GP du Japon. Tous les regards sont aussi tournés vers le ciel.