Les deux sont britanniques, champions du monde et millionnaires. Ils sont réputés pour choisir leurs compagnes parmi les plus belles femmes du monde et pilotent pour l'équipe McLaren de F1. On les croirait jumeaux, mais c'est pourtant difficile de trouver deux pilotes plus différents que Jenson Button et Lewis Hamilton. Le premier est réservé et calculateur. Le second est flamboyant et impulsif. En associant ces deux pilotes cette saison, l'équipe McLaren a renouvelé le pari qu'elle avait déjà fait au tournant des années 1990 avec Alain Prost et Ayrton Senna. Deux titres mondiaux avaient couronné ce mariage des deux meilleurs pilotes de l'époque, mais les patrons de l'équipe avaient eu fort à faire pour éviter que la cohabitation ne tourne à la guerre. Ils n'avaient d'ailleurs pas vraiment réussi. Pour l'instant, Button et Hamilton sont encore en bons termes. Chacun estime toutefois qu'il mérite d'être champion au terme de la saison... devant son coéquipier!

Champion du monde en 2008 après avoir échoué par un seul point la saison précédente, sa première en F1, Lewis Hamilton est le pilote le plus flamboyant du plateau. Et il le sait.

 

Le jeune Anglais, premier champion noir de l'histoire, assume sa célébrité avec une aisance qui n'est pas sans déplaire à certains. Son entourage prend beaucoup de place chez McLaren, à commencer par son père et par sa compagne du moment. Mais le pilote est incroyablement doué et l'homme sait aussi être charmant. Il n'est pas l'un des plus populaires de la F1 sans raison.

 

À Monaco, dans le luxueux Brand Center de McLaren où nous avions rendez-vous, Hamilton s'est montré fort sympathique. «Je suis ambitieux, c'est vrai, mais ce serait impossible de réussir en F1 si je ne l'étais pas, a-t-il estimé. Je veux laisser ma marque sur la F1, être considéré comme l'un des meilleurs de l'histoire quand j'arrêterai. Et j'aimerais que ce soit avec une belle réputation. Pour avoir été un pilote intègre et propre, pour avoir triomphé d'adversaires valeureux et pour avoir surmonté des épreuves et des obstacles.»

 

Mêlé malgré lui à quelques scandales depuis son arrivée chez McLaren, Hamilton veut désormais qu'on ne parle que des succès de l'équipe. Et il croit en ses chances. «Après une saison perdue, l'an dernier, nous sommes vraiment dans le coup cette saison et la voiture s'améliore à chaque course.

«En fait, j'ai un sourire aux lèvres depuis plusieurs semaines et je ne crois pas le perdre avant plusieurs mois! Toute l'équipe semble entraînée en ce moment par un formidable dynamisme. J'avais ressentie la même chose en 2008 et je sais que nous pouvons accomplir de grandes choses dans ces conditions.»

 

 

Un respect mutuel

 

Après une cohabitation difficile avec l'Espagnol Fernando Alonso, en 2007, Hamilton retrouve cette saison un coéquipier de haut niveau.

 

«Je connais Jenson depuis longtemps et je crois que nous éprouvons un respect mutuel l'un pour l'autre, estime Hamilton. Nous sommes déjà champions du monde et cela enlève une certaine pression. Nous travaillons ensemble depuis plusieurs mois déjà - en piste ou dans différentes activités promotionnelles - et nous nous entendons très bien. Sur les circuits, il apporte une énergie très positive et sa présence a renforcé l'équipe, c'est évident.

 

«Cela dit, c'est évident que nous nous affronterons en piste tôt ou tard. Je suis convaincu que nous ferons tout pour que ce soit propre et que cela n'affecte pas les chances de l'équipe. Jenson et moi en avons parlé et j'anticipe avec plaisir nos batailles en piste.»

 

Le hasard a permis d'assister à une première escarmouche entre les deux hommes, deux semaines après Monaco, en Turquie, où Hamilton a remporté sa première victoire de la saison.

 

«Avoir enfin la chance de courir roues contre roues avec Jenson a été très satisfaisant, d'autant plus que j'ai eu le dessus, a confié Hamilton après la course. Il reste encore 12 courses cette saison. Nous nous retrouverons sans doute bientôt...»

 

À ces mots, le sourire d'Hamilton s'est encore élargi.

Photo Reuters

C'est dans les règles de l'art que Lewis Hamilton (à droite) et Jenson Button ont livré leur première bataille en piste, en Turquie.