Après neuf ans d'absence, la Formule 1 avait décidé de revenir au pays de l'Oncle Sam en 2000. Et après 8 courses sur le pourtant mythique circuit d'Indianapolis, la greffe n'a pas vraiment pris.

Après neuf ans d'absence, la Formule 1 avait décidé de revenir au pays de l'Oncle Sam en 2000. Et après 8 courses sur le pourtant mythique circuit d'Indianapolis, la greffe n'a pas vraiment pris.

D'ailleurs, les discussions avec le circuit d'Indianapolis, autour du renouvellement du contrat qui se termine cette année, laissent ouverts tous les scénarios, et même un divorce.

Chaque année, les «500 miles» accueillent plus de 300.000 spectateurs. Ils sont environ trois fois moins à avoir assisté à la victoire de l'Anglais Lewis Hamilton dimanche. Le fiasco de 2005, lorsque 14 des 20 voitures s'étaient retirées avant le départ pour des raisons de sécurité, n'a pas arrangé les relations.

Les audiences TV sont relativement anecdotiques, l'exposition médiatique est faible avec seulement 65 membres des médias nationaux, tous supports confondus et techniciens TV compris, présents.

Dimanche après-midi, la course était certes diffusée sur une chaîne nationale, mais résister en terme d'audience à la concurrence de Tiger Woods à l'US Open de golf ou aux pilotes de Nascar dans le Michigan est une utopie.

Reine Nascar

«Le problème est qu'il y a une course par an dans le pays, alors qu'en Nascar (série de stock-car) il y a en 36. Et il y a un seul pilote américain (Scott Speed). C'est donc difficile pour les Américains de se sentir concernés», explique l'un des rares journalistes américains présents, préférant ne pas être nommé.

«Il n'y pas non plus beaucoup de place, avec toutes les +offres sport automobile+ qui existent aux États-Unis», ajoute-t-il.

Entre la technologie pointue des F1 et les voitures de Nascar, bâties pour résister aux +tampons+, les fans américains ont choisi le spectacle de la Nascar où presque tous les coups sont permis.

Chaque course, généralement organisée dans une ville moyenne, se vit comme un pèlerinage, où chacun vient se délecter du moindre accrochage ou de la moindre altercation pour voir deux pilotes se taper dessus.

«Disons que les fans de Formule 1 sont vraiment passionnés aux États-Unis, même s'ils sont moins nombreux. Mes articles de F1 sont d'ailleurs ceux qui me valent le plus de courriels», ajoute ce journaliste de Los Angeles.

Objectivement, le décalage horaire est aussi un problème majeur. À l'exception des trois courses qui se déroulent sur le continent américain (Canada, États-Unis, Brésil), les Grands Prix se disputent à des heures où les Américains dorment.

Les constructeurs y tiennent

«Il y a aussi un manque de reconnaissance des pilotes. Comme en Champcar, voire en Indycar, les gens ne connaissent pas les pilotes», ajoute un autre journaliste.

«Les rédacteurs en chef sont conscients de toutes ces données et comme leurs budgets sont de plus en plus serrés, la F1 n'est pas la priorité. Ils ne vont pas dépenser de l'énergie et des hommes pour suivre la Formule 1», ajoute-t-il.

Bernie Ecclestone refuse également de perdre trop d'énergie.

«Il n'est pas vital pour nous d'être aux États-Unis. Il y a des marchés plus importants dans le monde. Nous pourrions aller en Inde à la place. Et nous avons peu de parraineurs américains, aucune équipe américaine et un seul pilote», a récemment expliqué le grand argentier de la discipline au quotidien anglais Daily Express.

Finalement, les seuls qui veulent venir dans ce pays où le bitume est roi et la voiture est reine sont logiquement les constructeurs.

Norbert Haug, vice-président de Mercedes Motor Sports, répète qu'il est favorable à deux courses aux États-Unis et pour Ferrari les États-Unis représentent le marché N.1.