Oubliez l’île Notre-Dame ou la rue Crescent. Le vrai glam de la Formule 1, mercredi midi, avait comme décor un boulevard industriel de Pierrefonds et le stationnement d’un Tim Hortons.

Le Tout-Montréal médiatique avait bravé la circulation et le soleil brûlant pour venir rencontrer Lance Stroll. Au volant d’un bolide qui ne sortait visiblement pas de l’usine, le pilote d’Aston Martin a fait plusieurs fois le tour de la franchise du boulevard Saint-Jean, se risquant parfois à des dérapages plus ou moins inquiétants, et ce, dans le but de faire la promotion de la nouvelle variété de pizzas de la chaîne de restauration rapide.

La convocation faisait saliver : « Stroll sera disponible pour parler aux médias de ses visites chez Tim lorsqu’il grandissait à Montréal et de comment il se sent à l’approche de la fin de semaine de course. »

Il aura, en définitive, été beaucoup question de trous de beigne, et très peu de course automobile.

Une séance de questions-réponses menée par une relationniste nous a d’abord permis d’apprendre que le Montréalais raffole des Timbits, au point de ne jamais vouloir les partager, mais aussi qu’il ne se verrait partir en road trip avec aucun de ses adversaires du championnat. Le tout dans un semi-enthousiasme partagé autant par l’intervieweuse que par l’interviewé. Trois longues minutes ponctuées de deux salves de rires polis.

Plus sérieusement, au cours de la mêlée de presse qui a suivi, Stroll a parlé avec franchise de la saison décevante que connaît son équipe jusqu’ici. Après neuf courses, son coéquipier Fernando Alonso et lui se retrouvent, respectivement, au neuvième et au onzième rang du classement des pilotes, ce qui place Aston Martin en cinquième place chez les constructeurs. À pareille date, l’an dernier, les verts étaient deux échelons plus haut.

Aucun des deux coureurs ne s’est encore approché du podium. Alonso a réalisé une cinquième place en Arabie saoudite ; Stroll, une sixième en Australie.

C’est une année difficile. On doit certainement trouver plus de vitesse dans la voiture. On va continuer à pousser.

Lance Stroll

Celui qui connaît généralement de « bonnes courses » sur le circuit Gilles-Villeneuve – il y a marqué des points quatre fois en cinq présences – espère avant tout être « compétitif » de vendredi à dimanche.

Juste là, la cassure est énorme avec 2023. « L’an dernier, on était ici pour être dans le top 5 ou même pour monter sur le podium, a poursuivi Stroll. En fin de semaine, juste marquer des points, ce serait bon pour nous. […] C’est où on en est. On doit être honnêtes. »

« On comprend un peu où sont les problèmes dans la voiture », a-t-il encore dit. Des orientations adoptées pendant l’hiver ont dû être rajustées. Avec encore 15 épreuves à disputer, il ne perd pas espoir de « mettre un peu de vitesse dans la voiture », a-t-il répété.

On aurait volontiers voulu l’entendre développer sur ce thème, mais les organisateurs de la rencontre ont extrait Stroll de la mêlée de presse comme s’il s’était trouvé dans une voiture en feu.

Déjà que les journalistes avaient réussi à arracher deux questions supplémentaires, on n’allait certainement pas leur en accorder davantage. Cinq minutes, montre en main, et c’était terminé.

C’est d’autant plus dommage que Stroll lui-même semblait tout à fait disposé à discuter. À l’évidence, il semblait en avoir plus long à dire sur son sport que sur les produits phares de la chaîne favorite des Canadiens. Qui l’eût cru ?

Ainsi s’est donc conclue l’apparition éclair de celui dont on souligne à gros traits qu’il courra « à la maison » ce week-end. Tout le monde est un peu resté sur sa faim. Ce qui ne manquait certainement pas d’ironie dans le stationnement d’un Tim.