Pour les amateurs de course automobile, le Grand Prix du Canada est un évènement incontournable dans la saison estivale. Il représente annuellement, pour plusieurs d’entre nous au Québec, un moment où nous pouvons voir briller des pilotes d’ici, principalement dans les séries de soutien.

En plus d’être présenté sur un circuit mythique qui évoque de magnifiques souvenirs pour de nombreux amateurs, comme la victoire de Gilles Villeneuve en 1978, le Grand Prix du Canada est aussi et surtout un vaste programme de courses de soutien qui mettent le sport en lumière. Cette année, l’éventail est terriblement réduit et seulement deux séries de soutien, la Ferrari Challenge et la GT USA Championship, seront présentées. Mais où les pilotes de chez nous pourront-ils briller cette année au Grand Prix du Canada, c’est à se demander.

D’ailleurs, ce que j’ai apprécié le plus lorsque j’ai eu la chance de prendre part au Grand Prix du Canada et d’emprunter la piste, c’est le défi d’affronter des pilotes de chez nous. De jeunes athlètes très talentueux comme Olivier Bédard, des vétérans aguerris comme Didier Schraenen ou de jeunes recrues issues du karting qui nous offrent de surprenantes performances.

Les séries de soutien qui font la différence

À chaque Grand Prix, je deviens un observateur privilégié et je vois le nombre impressionnant de défis que relève l’équipe d’organisateurs. Une équipe qui travaille fort pour se renouveler année après année afin de rendre l’évènement des plus spectaculaires.

Nous avons vécu des années incroyables où on comptait jusqu’à sept séries de soutien qui dépassaient souvent en qualité et en valeur de spectacle la série reine du sport automobile.

Tout d’abord, je tiens à m’attarder à quelques éléments concernant la programmation de courses lorsque la Formule 1 débarque dans une ville. En Europe, par exemple, on propose un week-end complet de courses mettant en valeur plusieurs séries de soutien, telles que la F2 et la F3, qui permettent aux spectateurs de découvrir de jeunes talents de leur région. Des pilotes qu’on verra peut-être évoluer par la suite en Formule 1, ou pas, mais qui présentent tout un spectacle durant les week-ends de F1. De plus, les séries de soutien sont présentées sur les chaînes télévisées, ce qui permet aux amateurs de suivre toute la programmation de courses où qu’ils soient et d’augmenter la notoriété des pilotes.

En quoi l’évènement de Montréal est-il différent ?

La Formule 1 se retrouve toujours sous la lumière des projecteurs, mais qu’en est-il des séries de soutien ? Force est de constater que le Grand Prix du Canada mise très peu sur ces séries pour attirer les spectateurs. Si vous n’êtes pas un « fan fini » de course automobile, vous ne savez peut-être même pas qu’il y a présentation d’autres séries durant ce week-end tant attendu à Montréal.

D’abord, les séries de soutien ne font pas l’objet de promotion, ou vraiment très peu. Les campagnes publicitaires ne font presque pas allusion à ces séries, ou carrément pas du tout. Tout l’effort de marketing est mis sur LA course de Formule 1.

Normal, c’est la série vedette du week-end. En revanche, les séries de soutien méritent qu’on leur porte attention puisque c’est dans ces courses qu’on peut voir à l’œuvre nos pilotes québécois et canadiens.

Nul doute qu’un pilote comme Lance Stroll est là pour faire rayonner le Québec, mais ce week-end de courses pour les pilotes d’ici est une occasion unique de courir sur une piste professionnelle dans le cadre d’un évènement majeur.

L’importance de voir des pilotes de chez nous

On parle beaucoup du déclin du nombre d’amateurs de sport automobile. Les raisons en sont variées : il est souvent question de l’empreinte carbone du Grand Prix ou encore de la culture entourant le sport. Mais si on connaissait davantage les pilotes d’ici, notre enthousiasme à suivre le sport ne serait-il pas bien plus grand ?

Si on veut être honnête, la réponse est oui. On peut faire la comparaison avec les joueurs de hockey. Lorsqu’un joueur québécois est repêché par une équipe de la LNH, les amateurs le suivent. Peu importe l’équipe qu’ils appuient, ils sont fiers de voir un gars de chez nous briller.

Pendant ce temps, dans le sport automobile, les occasions sont rares de suivre des pilotes d’ici. Rappelons-nous l’engouement pour le sport automobile quand Gilles Villeneuve s’est retrouvé chez Ferrari et a remporté sa première victoire lors du premier Grand Prix du Canada présenté à l’île Notre-Dame. Ou encore, quand son fils Jacques est devenu champion du monde en Formule 1.

Pour les pilotes québécois, être vu en piste par les amateurs d’ici est d’une importance capitale pour le développement du sport. Les évènements majeurs comme le Grand Prix de Trois-Rivières et le Grand Prix du Canada sont très porteurs lorsqu’ils ajoutent des séries de soutien à leur programmation principale. Maintenir ces séries et en faire la promotion apporte des lettres de noblesse non seulement au Grand Prix, mais aussi, et surtout, aux pilotes.

Anciens programmes du Grand Prix du Canada faisant la promotion des séries de soutien
  • PHOTO FOURNIE PAR BERTRAND GODIN

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Pour ma part, je peux en témoigner, car j’ai eu la chance de courir sur le circuit Gilles-Villeneuve à maintes reprises, notamment au cours des années Player’s. Ces années étaient tout simplement folles, tellement les amateurs étaient derrière nous.

Je me souviendrai toujours de 1997, lorsque la foule s’est levée durant mon dernier tour de piste, je me suis senti littéralement soulevé par une vague d’amour et de tapes dans le dos. Je souhaite à tous ceux qui vivent leur passion, dans quelque sport que ce soit, de la partager avec les meilleurs spectateurs : les gens de chez nous.

Le Grand Prix fait la différence

Dernier élément qui fait de ce Grand Prix un évènement si important : sa visibilité énorme. Pour les équipes et les pilotes, cet évènement constitue un atout majeur à ajouter à leur CV. Pour les pilotes en développement qui montent les échelons un à la fois, courir au Grand Prix du Canada contribue à forger leur style de pilote pour les amener à rayonner à un niveau supérieur. C’est un endroit où les rêves deviennent accessibles.

À titre d’exemples, mentionnons Patrick Carpentier ou Alexandre Tagliani qui, eux aussi, ont bénéficié de la fenêtre Player’s. Il y a eu la Formule 2000, où nous avons pu apprécier les Claude Bourbonnais, Christian Vandal, Paul Tracy et Alan Labrosse. La GM Player’s, où Ron Fellows, David Empringham et un certain Richard Spénard rivalisaient sur des grilles de départ approchant une quarantaine de voitures, tout comme dans la série Honda Michelin. Même la Formule 125 était du programme au début des années 1980.

Voilà pourquoi il est important de retrouver à Montréal des séries de soutien qui offrent l’occasion d’aller à la rencontre des amateurs de chez nous. Les fans ont besoin de voir des pilotes d’ici en piste durant ce week-end tant attendu du Grand Prix du Canada.

Sur ce, je vous souhaite un excellent Grand Prix. Amusez-vous et encouragez les pilotes de chez nous quand vous en verrez.