« Il est de Montréal. Ça veut dire que j’ai des chances de me rendre dans la NBA et ça me motive beaucoup », lance Aven Jairho, 16 ans, en essuyant son visage en sueur.

Le jeune homme est l’un des 60 adolescents présents au nouveau camp de basketball Bennedict Mathurin, lundi matin, entre les murs du gymnase de l’école secondaire Saint-Laurent.

Mathurin a souvent exprimé, au cours des dernières semaines, son souhait d’avoir un impact positif sur les basketteurs québécois, plus particulièrement ceux de Montréal-Nord. Ce camp en est une nouvelle preuve concrète.

Si l’idée initiale est venue de Bennedict, l’organisation a surtout été l’œuvre de sa sœur et gérante, Jennifer. L’idée, nous explique-t-elle, n’était pas de faire un camp d’élite. Il s’agissait plutôt de trouver des jeunes « à la veille de décrocher ou à qui il manque un peu plus de push pour qu’ils donnent plus d’efforts côté basket ». Elle a donc contacté, un à un, les entraîneurs de différents programmes et écoles de Montréal-Nord pour leur demander de cibler chacun une dizaine de jeunes.

Dans notre quartier à nous, on n’a pas beaucoup d’occasions et de visibilité. […] Des fois, tu as des jeunes qui ne sont pas identifiés, qui ont peut-être besoin d’un petit peu de motivation. On a décidé d’aller chercher ces jeunes-là pour leur donner un peu plus de possibilités.

Jennifer Mathurin, sœur et gérante de Bennedict Mathurin

Le camp réunit tant des garçons que des filles ; une équité à laquelle Jennifer tenait.

« Au début, Ben voulait faire un camp de gars. J’ai dit : “Si je suis impliquée, c’est sûr qu’il va y avoir des filles.” Il y a beaucoup de talent chez les filles dans notre quartier et partout au Québec. Je trouve que c’est vraiment important. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Jennifer Mathurin (à gauche), la sœur et gérante de Bennedict Mathurin

Dans le gymnase, Bennedict est moins vocal que sa sœur, mais très observateur. On le voit notamment impressionné par la manœuvre offensive d’un jeune, qui vient de réussir un panier.

Le joueur recrue des Pacers de l’Indiana n’a pas souvenir d’avoir pris part à un camp du genre quand il était jeune, mais se rappelle de tournois où il a vu des joueurs de la NBA à l’œuvre. « Ça m’a vraiment motivé à un jour y être moi-même. »

Son message, aux 60 adolescents réunis dans le gymnase de l’Express de Saint-Laurent ? « Tout est possible. Tout le monde vient de différents milieux, tout le monde a différents problèmes. Quand on saute sur un terrain, tout le monde devient la même personne. C’est un sport qui sauve des vies et qui amène beaucoup de plaisir. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Dans le gymnase, Bennedict Mathurin est très observateur.

« Je suis vraiment fier de lui »

Voilà un an que Bennedict Mathurin a été sélectionné dans la NBA. Son nom était alors sur toutes les lèvres, lui qui devenait le Québécois repêché le plus tôt de l’histoire.

Il y a cinq jours, c’était au tour d’un autre Québécois de vivre le rêve. Olivier-Maxence Prosper, sélectionné au 24rang, est désormais un membre des Mavericks de Dallas.

Mathurin était à l’écoute du repêchage, ce soir-là. C’est que les deux joueurs se sont côtoyés au fil des années, notamment lors de leur passage à l’Académie de l’Amérique latine de la NBA, avant qu’ils ne fassent le saut en NCAA.

« C’était vraiment un beau moment pour lui, mais aussi pour le Québec. Je suis vraiment fier de lui. Je me souviens quand on jouait dans la même équipe ensemble, qu’on s’entraînait à 6 h du matin et à 9 h du soir. »

Mathurin vante les qualités athlétiques de son homologue ainsi que ses tirs de trois points, qui l’ont « aidé à se rendre où il est ». « J’ai vraiment hâte de voir comment il va jouer [dans la NBA]. Il va avoir des hauts et des bas, c’est certain, et c’est la plus belle chose qui peut arriver parce que c’est ce qui lui permettra de grandir en tant que joueur. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Bennedict Mathurin

Toujours le même

Mathurin a rapidement eu un impact dans la grande ligue, même s’il ne faisait pas partie des partants chez les Pacers pendant une grande partie de la saison. Jennifer, qui a déménagé à Indianapolis afin d’accompagner son frère dans sa transition, se dit « fière de [l’]effort » de Bennedict cette saison.

« Je trouve qu’il a très bien fait ça. […] Il a tellement eu un gros impact dans l’équipe à sa première année qu’il a été dans les derniers choix pour le titre de recrue de l’année. C’est sûr que je suis biaisée parce que je suis sa sœur ; dans mon cœur, il l’a eu. »

« Je trouve que [cette année] est un bon step pour bâtir pour l’année prochaine », ajoute-t-elle.

Au-delà de ce qui s’est passé sur le terrain, l’aînée de la famille est heureuse de voir que le « focus » de son frangin s’est « resserré ».

« Il est vraiment concentré sur le basket. Tout le monde me demande c’est comment de gérer mon frère, mais je réponds : “Sérieusement, je dois lui dire d’être plus sociable !” », s’exclame-t-elle dans un rire.