Pour la deuxième année consécutive, un Québécois a été sélectionné au premier tour du repêchage de la NBA, jeudi soir. Le Rosemèrois Olivier-Maxence Prosper a été choisi au 24rang par les Kings de Sacramento, puis aussitôt échangé aux Mavericks de Dallas.

Chris Boucher. Luguentz Dort. Bennedict Mathurin.

Ajoutez maintenant Olivier-Maxence Prosper à cette liste de Québécois dans la grande ligue.

Dès que le commissaire de la NBA, Adam Silver, a prononcé son nom, Prosper a pris dans ses bras ses parents, Gaétan Prosper et Guylaine Blanchette, ainsi que sa sœur Cassandre. Il affichait un sourire radieux au moment de monter sur la scène.

Le jeune homme portait sa casquette des Kings de Sacramento en entrevue avec Sportsnet, mais il a immédiatement été échangé aux Mavericks. À Dallas, il se retrouvera au sein de la même équipe que l’un des joueurs vedettes du circuit en Luka Dončić.

Interrogés sur ce que leur fils amènera à sa nouvelle équipe, les parents de Prosper l’ont décrit comme un jeune homme polyvalent, un travailleur acharné « qui va donner de l’énergie à l’équipe, c’est sûr », dixit Mme Blanchette.

« Il dit toujours qu’il amène une étincelle dans tout ce qu’il fait, a continué M. Prosper. Il va amener son étincelle sur le terrain et en dehors du terrain, dans le jeu, mais aussi dans la culture de l’équipe, de toutes les façons qu’il le pourra. Nous sommes tellement fiers de lui. »

« Et [il va amener] la victoire ! », a ajouté sa conjointe. « Absolument », a renchéri son fils.

« Il est prêt à tout faire »

Voilà quelques années qu’Olivier-Maxence Prosper a quitté le Québec afin de réaliser son rêve de basketteur. Le natif de Rosemère a passé une saison en Illinois, au sein de l’Académie de Lake Forest, avant d’être recruté par l’Académie de l’Amérique latine de la NBA, à Mexico. Là-bas, il a joué aux côtés de Bennedict Mathurin, qui est devenu l’an dernier le Québécois repêché le plus tôt de l’histoire de la NBA.

Cette expérience au Mexique était un premier pas vers les plus hauts sommets pour Prosper, qui a fait son arrivée en NCAA division 1 l’année suivante.

« Ça m’a tellement préparé, a dit le principal intéressé à Sportsnet. Faire partie de l’Académie, jouer avec des gars comme Bennedict Mathurin, Josh Giddey […]. Je suis devenu meilleur chaque jour. C’était une expérience incroyable pour moi. »

Sa première saison, sous les couleurs de l’Université Clemson, n’a pas été évidente pour le jeune homme de 6 pi 8 po. C’est l’année suivante, lors de son transfert à l’Université Marquette pour sa deuxième campagne, qu’il a su s’établir dans le circuit et, graduellement, faire sa place parmi les meilleurs espoirs.

PHOTO PAUL SANCYA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Olivier-Maxence Prosper (12) dans les Golden Eagles de l’Université Marquette

Cette saison, sa deuxième à Marquette, il a disputé les 36 matchs de son équipe et maintenu une moyenne de 12,5 points et 4,7 rebonds par match. Il a également réussi 33,9 % de ses tentatives de la ligne de trois points. Il a ainsi aidé sa formation à décrocher les titres de la saison régulière et du tournoi du Big East.

Nelson Ossé, codirecteur du programme d’été Brookwood Elite dans lequel a évolué « O-Max » pendant quatre ans, connaît bien la famille Prosper. Joint au téléphone par La Presse quelques heures avant le repêchage, il a décrit la sélection du Québécois comme une « grande fierté » pour le programme et pour le Québec.

« Oli est un joueur qui est polyvalent, dit-il. Il aime gagner. Il est prêt à tout faire. C’est un joueur d’équipe. C’est le gars qui peut être la colle dans ton équipe. Si tu lui demandes de mettre des paniers, il va le faire. Si tu lui demandes de jouer à la défense, [il va le faire]. Une des grosses forces dont je me souviens chez lui, c’est que c’était un très bon coéquipier. »

Une histoire de famille

Olivier-Maxence Prosper est issu d’une vraie famille de basketteurs. Ses parents ont tous deux évolué à l’Université Concordia. Sa sœur, Cassandre, s’est jointe aux Fighting Irish de l’Université Notre Dame, en division 1 de la NCAA, en décembre dernier. L’année dernière, elle a été nommée joueuse de l’année au Canada dans sa catégorie d’âge et joueuse la plus utile de la Ligue scolaire de l’Ontario.

Difficile de trouver famille plus passionnée.

Nelson Ossé, qui a suivi l’évolution de Prosper au fil des années, attribue d’ailleurs le succès du jeune homme tant à sa « persévérance » qu’à l’encadrement de ses parents.

Il a toujours été un jeune persévérant. Son rêve a toujours été de faire la NBA. […] J’ai eu la chance de le voir l’été, quand il revenait à Montréal. Il était dans le gymnase quasiment sept jours sur sept avec son père. Il a mis le travail.

Nelson Ossé, codirecteur du programme d’été Brookwood Elite

Si le travail a porté ses fruits, il est loin d’être terminé. Quel avenir prédit-il au Québécois dans la grande ligue ? Ossé n’hésite pas : « Moi, je ne vois pas de limites », laisse-t-il tomber.

« Le fait qu’il s’est amélioré et qu’il continue de s’améliorer… En anglais, on dit sky is the limit. C’est ça que je lui souhaite. »

« Ce n’est plus une chance »

Nelson Ossé a formé plusieurs Québécois qui ont évolué ou évoluent toujours en NCAA. Quand on lui demande si on peut s’attendre à voir d’autres joueurs natifs de la province repêchés aussi haut dans les prochaines années, il répond immédiatement que « c’est certain ». Selon lui, il est temps que le basketball commence à « être vu comme un sport dominant à Montréal » et que « les politiciens, les investisseurs, commencent à comprendre qu’il y a peut-être d’autres sports que le hockey au Québec ». « Oui, Chris Boucher, on aurait pu dire que c’est une chance, continue-t-il. Après ça, il y a eu Luguentz Dort. On aurait pu dire que c’était une chance, mais là il y a eu Bennedict Mathurin. Une année après, on a Olivier-Max. Ce n’est plus une chance. Ça veut dire qu’il y a de bons entraîneurs, du bon développement. Tôt ou tard, il va peut-être falloir qu’on commence à penser à développer et investir un petit peu plus dans ce sport. »

Le début de l’ère Wembanyama

Sans surprise, c’est le Français Victor Wembanyama qui a été sélectionné au premier rang par les Spurs de San Antonio. Même s’il n’a encore jamais disputé un seul match, le jeune homme de 19 ans est déjà perçu par plusieurs joueurs comme le meilleur espoir depuis LeBron James. En entrevue avec Sportsnet après sa sélection, l’athlète de 7 pi 5 po a éclaté en sanglots. « J’ai attendu ça tellement longtemps ! », a-t-il dit.