(Indianapolis) Le cadran affichait 50 secondes à jouer et les Pacers tiraient de l’arrière par huit points. Bennedict Mathurin a réussi un tir de trois points avant d’enfiler deux autres points, faisant bondir la foule et ramenant l’espoir au Gainbridge Fieldhouse d’Indianapolis. La remontée n’a pas été complète, mais le Québécois a su gagner sa place dans le cœur des partisans.

Avant son premier match dans la NBA, Mathurin souhaitait deux choses : « une victoire » et « avoir du plaisir ». Il n’a pas eu la victoire, mais il a eu le plaisir… en plus d’accumuler 19 points, 7 rebonds et 2 passes décisives en près de 28 minutes de jeu dans la défaite de 114-107 face aux Wizards de Washington.

Autrement dit : ceux qui ignoraient encore son nom ne l’oublieront plus.

« C’était bien, c’était bien. Je voulais une victoire, mais c’était un bon premier match pour moi dans la NBA. Je suis déjà excité pour le deuxième match », a lancé le Québécois, la mine un peu déconfite, après la rencontre.

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Une heure avant d’entrer sur le terrain, le natif de Montréal-Nord avait confié à La Presse que son défunt frère Dominique l’accompagnerait à sa façon sur le terrain : « Partout où je vais, dans tout ce que je fais, il est toujours là avec moi », a-t-il dit. Si Dominique était bien là, il avait de quoi sourire.

La soirée de Mathurin a bien commencé dès la présentation d’avant-match : il a été l’un des joueurs les plus acclamés par la foule, étonnamment peu nombreuse pour un premier match de saison.

« C’est bien de voir que les gens de l’Indiana s’intéressent à moi, a-t-il évoqué à ce sujet. Ils commencent à connaître qui je suis et ce que je vais apporter à l’équipe. Depuis que j’ai mis le pied ici après le repêchage, j’ai reçu plusieurs messages et j’ai tout leur support. »

PHOTO MICHAEL CONROY, ASSOCIATED PRESS

Bennedict Mathurin fonce vers le panier défendu par Kyle Kuzma.

Quand on lui a demandé s’il avait pris le temps de s’arrêter pour réaliser l’ampleur de ce qu’il vivait, le choix de premier tour a offert une réponse pleine de confiance, comme il en a l’habitude.

« J’essaie de ne pas faire ça. J’ai toujours cru que j’allais me rendre ici et je ne suis pas étonné d’y être. J’ai travaillé pour ça et je veux faire en sorte de rester le plus longtemps possible. »

Pas de stress

Comme c’était le cas dans les matchs préparatoires, Mathurin a regardé les premières minutes de la rencontre des lignes de côté. Il n’a cependant pas tardé à fouler le terrain, faisant son entrée avec 6 min 46 s à écouler au premier quart, alors que les Pacers tiraient de l’arrière 20-11. Et il s’est rapidement fait remarquer.

Dès ses premières secondes de jeu dans la NBA, il a inscrit ses deux premiers points, réveillant la foule qui se faisait jusque-là un peu discrète. La glace était brisée.

Que ce soit un match hors concours ou mon premier match de la NBA, je saute sur le terrain comme si j’allais jouer dans un parc. Il n’y avait pas vraiment de stress.

Bennedict Mathurin

Plus les minutes passaient, plus le jeune homme de 20 ans semblait à l’aise sur le terrain du superbe Gainbridge Fieldhouse. Il générait de l’attaque. Alors qu’il ne restait qu’une minute à jouer au premier quart, il a enfilé deux paniers de trois points sur des passes de T. J. McConnell pour réduire l’écart à 33-25.

À la mi-temps, Mathurin avait accumulé 12 points, 4 rebonds et une interception en seulement 10 min 56 s de temps de jeu. Voilà une bonne façon de se présenter aux amateurs.

PHOTO TREVOR RUSZKOWSKI, USA TODAY SPORTS

Bennedict Mathurin

De retour sur le terrain avec 5 min 47 s à jouer au troisième quart, le jeune homme de 20 ans a éprouvé un peu plus de difficultés, ratant quelques belles percées au panier et deux lancers francs. Il est cependant revenu en force en fin de match, inscrivant cinq points d’affilée et donnant un regain d’énergie à la foule locale.

« Je suis prêt, qu’il reste 2 minutes ou 30 secondes. Je suis le même joueur avec la même confiance. J’aime avoir le ballon dans ces moments », a laissé entendre le Québécois, se disant reconnaissant de la confiance manifestée à son égard par son entraîneur-chef, Rick Carlisle, et par ses coéquipiers en fin de match.

« C’est un bon choix pour nous »

Rick Carlisle ne tarit pas d’éloges à l’endroit de Mathurin depuis le début du camp d’entraînement. Interrogé sur la performance de son jeune joueur, il s’est encore montré élogieux.

« C’est son premier match. Mais il a des outils que vraiment personne d’autre dans notre équipe n’a. C’est excitant. J’ai trouvé qu’il avait très bien joué. Il a marqué 19 points, tu sais. »

PHOTO KATHERINE HARVEY-PINARD, LA PRESSE

Parions que les maillots de Bennedict Mathurin deviendront populaires auprès des partisans des Pacers.

L’entraîneur-chef a néanmoins précisé que Mathurin « doit apprendre encore beaucoup de choses ». « Sa prise de décision était bonne parfois, mais d’autres fois, elle devra être vraiment meilleure. »

C’est un bon choix pour nous. Chad [Buchanan, le directeur général] a fait du bon travail sur celui-là et c’est un favori de la foule. Quand je l’envoyais sur le terrain, la foule devenait folle.

Rick Carlisle, entraîneur-chef des Pacers, à propos de Bennedict Mathurin

« Il y a d’excellentes choses à venir pour lui, pas de doute là-dessus. »

Ultimement, Bennedict Mathurin peut dire mission accomplie malgré la défaite. Comme le disait notre chauffeur Uber, James, à notre arrivée à Indianapolis : « Il va être bon ! »

Oui, Mathurin sera bon. On pourrait même dire que Mathurin « est » bon.