Joueurs, entraîneur-chef, personnel, équipe de direction… l’Alliance de Montréal, qui lancera sa saison inaugurale dans la Ligue élite canadienne de basketball (LECB) le 25 mai, est en train de construire une organisation dont la majorité des membres sont montréalais ou francophones.

Jusqu’à maintenant, l’Alliance a embauché sept joueurs. Cinq d’entre eux (Kemy Osse, James Jean-Marie, Alain Louis, Marc-André Fortin et Nathan Cayo) sont des Québécois. Isiah Orborne et Dominic Green, qui viennent respectivement de Windsor, en Ontario, et de l’État de Washington, aux États-Unis, sont pour le moment les seules exceptions.

Ça va être spécial de jouer à la maison. Tous les gars qui viennent d’ici vont jouer avec une motivation supplémentaire, avec plus de passion. Avec l’évolution des dernières années, le basketball devient une culture ici. On produit des joueurs NBA et professionnels, on a beaucoup des partisans et de jeunes joueurs. On est prêts.

Kemy Osse, natif de Montréal

Âgé de 29 ans, Osse a passé les deux dernières saisons dans l’uniforme des Rattlers de la Saskatchewan, où il a été un contributeur important. Celui qui est déjà perçu comme un leader chez l’Alliance voit la LECB comme une ligue « bien gérée », où Montréal peut clairement réussir.

« Je veux redonner à la génération future, c’est mon premier but, poursuit le meneur de jeu. J’avais de bons mentors. Les jeunes, je veux maintenant leur donner des outils pour qu’ils atteignent ce que moi je n’ai pas atteint [la NBA]. Et je voudrais que le plus de joueurs possible se rendent là. Surtout ceux des quartiers défavorisés. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Kemy Osse (centre), joueur de basketball professionnel pour l'Alliance de Montréal. Sur la photo, on le voit avec ses entraîneurs personnels Gerson Rosalva (gauche) et Richard Addai (droite).

James Jean-Marie, qui a grandi dans l’arrondissement d’Anjou, s’est justement fié au basketball pour ne pas tomber dans la criminalité. Durant son adolescence, il a vu des amis ou des connaissances vendre de la drogue, voler des magasins ou des véhicules. Aujourd’hui, plusieurs ont des problèmes avec la justice, et certains d’entre eux sont en prison.

« Les gens ne comprennent pas que le basket, ce n’est pas juste un sport, estime-t-il. À Montréal, c’est littéralement quatre ou cinq pratiques par semaine, avec des matchs la fin de semaine. En plus, tu t’entraînes individuellement le matin, donc tu passes plusieurs heures dans le gym. Pendant ce temps-là, t’es pas dans la rue à faire des stupidités ou des affaires que tu n’es pas supposé faire. »

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James Jean-Marie a joué pour les Dragons de l'école secondaire Jeanne-Mance durant son adolescence.

L’ailier de 24 ans, qui a joué ses trois dernières saisons pour trois universités différentes dans la NCAA, avoue avoir « pleuré et souri » lorsqu’il a signé son premier contrat professionnel, un rêve depuis l’enfance.

Beaucoup de gens m’ont dit que je ne réussirais pas. Je pense que parce qu’on parle français, qu’on vient d’un endroit moins connu, les autres pensent qu’on n’a pas de talent. On est sous-estimés. Mais notre ville a beaucoup de talent. Les Américains, ils m’appelaient soft French guy, mais ça m’a poussé. Ils ne comprenaient pas mon histoire. Maintenant, c’est à notre tour, et j’adore ça.

James Jean-Marie

Une tendance s’observe

La vice-présidente aux opérations de l’Alliance, Annie Larouche, est une Montréalaise. Pareil pour le directeur général, Joel Anthony, un ancien du Heat de Miami, dans la NBA. Même chose pour les adjoints Ryan Thorne et Sheray Thomas ou le consultant en développement des joueurs Jeff Dosado. Les adjoints Rose-Anne Joly (Gatineau) et Jordan Faligant (France) ne sont pas Montréalais, mais ils sont francophones.

L’entraîneur-chef de l’équipe, Vincent Lavandier, est originaire de Dieppe, en Normandie. Le Français de 50 ans rappelle qu’en 1942, pendant la Seconde Guerre mondiale, des Canadiens ont participé à un débarquement sur les côtes de sa ville natale. « Dans sa globalité, le Canada est proche de moi, de mon vécu et de mon passé », remarque-t-il.

M. Lavandier fréquente régulièrement Montréal depuis près d’une quarantaine d’années. Il y a même de la famille.

« À l’âge de 12 ans, j’ai fait mon premier voyage à Montréal. C’était au presbytère de Lachine avec toute ma famille, raconte-t-il. J’ai découvert une très belle ville que je reviens souvent visiter. Et ma sœur habite ici depuis maintenant 25 ou 30 ans. Quoi qu’il advenait, j’allais à Montréal cet été, donc ça tombe bien que Joel [Anthony] m’ait appelé. »

Vincent Lavandier, qui fonctionne avec un système de jeu collectif, a même refusé deux autres offres contractuelles pour venir entraîner l’Alliance de Montréal.

« Ici, on trouve une multitude de cultures. Pour moi, c’est important. L’identité multiculturelle, qui comprend des personnes qui ont vécu dans différents pays, c’est une richesse. »