Le Québec forme de plus en plus de basketteurs talentueux.

Selon une compilation réalisée par Matthew Winick, de Ryerson University Sport Media, pas moins de 30 Québécois, dont 24 Montréalais, évolueront dans la Division 1 de la NCAA cette saison.

La Presse a parlé du phénomène avec le directeur du programme de basketball des Knights de Parc-Extension, Nelson Ossé, qui a formé quelques-uns de ces joueurs. D’entrée de jeu, ce dernier évoque l’« effet des Raptors ». La formation torontoise a remporté son premier championnat en 2019, créant une vague d’engouement pour le sport dans tout le pays.

« Le basketball est extrêmement populaire au Canada, pas seulement à Montréal, note l’entraîneur. On a de plus en plus de talents qui peuvent évoluer à un haut niveau. »

Le succès des Québécois Luguentz Dort, Chris Boucher et Khem Birch dans la grande ligue n’est évidemment pas étranger à ce qui se passe actuellement dans la province. Soudainement, les jeunes y croient beaucoup plus.

« C’est sûr qu’il y a environ 15 ou 20 ans, le rêve d’un jeune Montréalais de faire la NBA était presque fantôme », soutient Nelson Ossé.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Nelson Ossé

N’importe quel jeune qui regarde ces athlètes se dit que ce n’est plus un rêve, c’est possible. Je pense que c’est vraiment ça. Les jeunes travaillent beaucoup plus fort, ils sont beaucoup plus investis dans le sport parce que, pour eux, ce n’est plus seulement un rêve, c’est une réalité.

Nelson Ossé

M. Ossé fait valoir que les investissements dans le basketball sont de plus en plus nombreux dans les écoles, et les entraîneurs, de mieux en mieux formés.

« Avec l’arrivée des programmes sport-études et de concentrations, il y a beaucoup plus de basketball qui se joue à Montréal. »

Les plus récents rapports annuels de Basketball Québec montrent une évolution du nombre d’athlètes partout dans la province au fil des années. En 2017-2018, on en comptait un peu moins de 47 500. En 2018-2019, ce chiffre s’élevait à 48 800. L’année dernière ? Plus de 52 000.

« C’est dû à beaucoup de choses, soutient M. Ossé. […] Pour jouer au soccer ou au hockey, avec les équipements, ça peut être cher pour les parents. Nous, avec un ballon, tu peux faire jouer 30 jeunes, pourvu que tu aies des espadrilles. Ça aussi, c’est une grosse cause. »

« La Fédération de basket fait un bon travail, entre autres sur le plan du perfectionnement des entraîneurs, ajoute-t-il. Il y a beaucoup de cliniques qui se donnent annuellement. Il y a de plus en plus de jeunes entraîneurs qui sont impliqués, ou des entraîneurs qui ont connu beaucoup de succès. Ça aussi, ça donne un peu de crédibilité au sport. »

L’arrivée à Montréal d’une équipe de la Ligue canadienne élite de basketball (CEBL) en 2022 aura également de quoi attirer encore plus de jeunes vers le basket, croit-il.

« La NBA ou les ligues professionnelles comme la NBA, ce n’est pas fait pour tout le monde, mais les jeunes auront d’autres options de jouer dans une ligue qui prend de l’expansion, qui va extrêmement bien. Ça va donner beaucoup plus de boost encore, plus de raisons aux jeunes de briller et de continuer leur sport. »

Atteindre le prochain niveau

De la liste de 30 Québécois qui joueront dans la NCAA cette année, 5 ont été formés par Nelson Ossé : Bennedict Mathurin (Wildcats de l’Arizona), Keeshawn Barthelemy (Buffaloes du Colorado), Jahmyl Telfort (Huskies de Northeastern), Jefferson Koulibaly (Cougars de Washington State) et Richardson Maitre (Bulldogs de Samford).

« Je dirais que les cinq ont une chance [d’atteindre la NBA], laisse-t-il entendre. Je suis un optimiste. Ce sont tous des travaillants, qui parlent souvent avec Luguentz Dort. Je sais qu’ils sont motivés. »

Quand on lui demande ce qu’un joueur doit faire de plus qu’un autre pour atteindre la grande ligue, M. Ossé n’hésite pas : « C’est la capacité de faire des sacrifices. »

« Pour percer [chez les] professionnels, il faut s’entraîner tous les jours, dit-il. Les jeunes que je viens de nommer, ils sont toujours dans le gym l’été, en train de s’entraîner avec Luguentz Dort, qui, lui, joue dans la NBA. Ils voient que Luguentz est dans un gym tous les jours, il fait de la musculation. »

« S’ils sont assez motivés pour faire les sacrifices, ils ont les mêmes chances qu’un jeune Américain de percer », conclut-il.

PHOTO SUE OGROCKI, ASSOCIATED PRESS

Luguentz Dort

Quelle saison à venir pour Luguentz Dort ?

Jamais repêché, Luguentz Dort connaît une ascension fulgurante avec le Thunder d’Oklahoma City. Le jeune homme de 22 ans en sera cette année à sa troisième saison dans la NBA. Nelson Ossé a été son entraîneur avec les Knights de Parc-Extension. « La première année a été une période d’adaptation pour lui, la deuxième année, il a mieux fait, dit M. Ossé. Ses statistiques se sont nettement améliorées. Je m’attends encore à une nette amélioration cette année parce que je l’ai vu travailler tout l’été pour y arriver. » Dort, qui excelle en défense, évolue au sein d’une jeune équipe qui a terminé à l’avant-dernier rang de la conférence Ouest la saison dernière. Selon M. Ossé, le Québécois doit encore travailler tous les aspects de son jeu pour espérer faire sa place dans la ligue. « Ce n’est pas différent que pour un médecin qui doit tout le temps travailler à l’école pour comprendre tout ce qui est nouveau en matière de technologies, image-t-il. Le basket, c’est pareil. Il faut qu’il améliore son lancer, sa décision, qu’il garde sa forme physique, qu’il mange bien, qu’il se tienne en forme. En général, il faut qu’il se maintienne. »