Le camp était commencé depuis une heure. Il ne manquait qu’une personne pour rendre cette journée parfaite aux yeux de la soixantaine de jeunes basketteurs présents. C’est sous une pluie d’applaudissements que le joueur des Raptors de Toronto Chris Boucher est apparu dans le gymnase en courant, les bras tendus de façon à toucher la main de chaque jeune.

Après Whitby, Mississauga et Ottawa, c’était finalement au tour de Montréal de recevoir le camp de basketball de la rentrée organisé par Chris Boucher et la firme de marketing Gold Level, samedi.

En arrivant sur place aux alentours de 10 h, chaque jeune recevait un t-shirt de l’évènement. Certains, tellement pressés de commencer, l’ont enfilé avant même de traverser la barrière menant aux vestiaires et aux gymnases. Les parents, qui ne pouvaient rester sur place en raison des règles sanitaires, avaient à peine eu le temps de saluer leur enfant que celui-ci s’était déjà retourné, impatient d’entrer.

Ce n’est qu’aux alentours de 11 h 20, après une heure d’échauffement et d’exercices, que le porte-couleurs des Raptors a fait son arrivée au troisième étage de l’ÉTS. Garçons et filles, âgés de 8 à 16 ans, ont formé deux lignes à l’entrée du gymnase, question d’accueillir le colosse de 6 pi 9 po comme il se doit.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Chris Boucher

« De tous les camps que j’ai faits [dans les derniers jours], c’est probablement celui que j’attendais le plus », a lancé Boucher en s’adressant aux petits athlètes massés qui le regardaient avec admiration.

« C’est possible d’aller dans la NBA, il faut juste travailler fort, croire en soi-même, a-t-il ajouté. C’est important d’aller à l’école aussi. »

Le basketteur de 28 ans, qui a reçu vendredi sa médaille de l’Assemblée nationale, a pris soin d’échanger et de se faire photographier avec chacun des jeunes, avant de se joindre à eux pour jouer au basketball. On devinait les sourires sous les nombreux masques.

En entrevue avec La Presse quelques minutes après son arrivée, Chris Boucher a expliqué les raisons qui l’ont motivé à mettre sur pied ce camp de la rentrée, dont c’est la première édition.

« Quand j’étais jeune, j’aurais aimé ça, avoir des camps comme ça. J’aurais aimé avoir quelqu’un qui a joué dans la NBA qui devient un modèle et qui revient me parler », a-t-il laissé entendre.

« Peut-être que j’aurais commencé à jouer plus jeune, parce que j’ai commencé à 18 ans, a-t-il poursuivi. Si un enfant de 14 ans rencontre quelqu’un qui a fait la NBA, peut-être que ça va l’aider à vouloir jouer et à y mettre plus d’efforts. Alors je me suis dit : si je peux être la personne pour faire ça… »

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Chris Boucher s'amuse sous le regard attentif des jeunes joueurs.

Boucher, qui a grandi à Montréal-Nord, est l’un des rares Québécois à avoir fait sa place dans la plus grande ligue de basketball au monde. En quatre saisons dans la NBA, il possède deux bagues de championnat. Le message qu’il souhaite faire passer aux jeunes ? Foncez.

« Je leur dis d’être fearless, de ne pas avoir peur, d’avoir beaucoup confiance en eux. Tu viens de Montréal, où on va douter beaucoup, on va dire que tu ne peux pas y arriver, mais il faut beaucoup de confiance en soi et travailler fort. Moi, j’ai dû travailler beaucoup plus que la normale des gens qui sont dans la NBA juste parce que je viens de Montréal et qu’il n’y a pas vraiment d’opportunités comme ça. »

Une deuxième et dernière journée de camp est prévue dimanche, de 10 h à 14 h, toujours au Centre sportif de l’ÉTS.

En quête d’un trophée

D’un point de vue individuel, Chris Boucher a connu la meilleure saison de sa carrière en 2020-2021. Il a notamment pris le premier rang de l’équipe au chapitre des contres, avec une moyenne de 1,9. En 60 apparitions, il a produit 13,6 points par match et réalisé une moyenne de 6,7 rebonds par match.

« Je me suis amélioré dans beaucoup de choses », a estimé le principal intéressé.

D’abord au centre, Boucher a été converti en ailier fort au cours de la saison. Cet été, il a consacré son énergie à perfectionner certains aspects de son jeu à cette position.

« [J’ai fait] beaucoup de dribbles. Toujours des lancers, parce que je veux shooter beaucoup mieux. Je me suis amélioré, mais je veux shooter encore mieux que ça, a-t-il fait savoir. Juste de comprendre le jeu, aussi. Le jeu bouge vite, mais je veux qu’il ralentisse un peu, comme ça je peux faire des jeux. »

Quand on lui a demandé quelles étaient ses attentes pour la prochaine saison, le numéro 25 n’a pas hésité une seconde : « Moi, j’essaie d’avoir le MIP [récompense remise tous les ans au joueur qui s’est le plus amélioré de la NBA]. Je veux avoir tous les Oscars que je peux. »

« C’est une nouvelle année, alors on va y aller un jour à la fois », a-t-il tout de même précisé.

Il faut dire que le Montréalais est un habitué des reconnaissances, lui qui a été nommé joueur par excellence et meilleur défenseur de la G-League en 2019.

« Une nouvelle ère »

Les Raptors ont terminé la saison dernière au 12rang de l’Est avec 27 victoires et 45 défaites. C’était la première fois depuis 2013 qu’ils ne participaient pas aux séries éliminatoires.

PHOTO KIM KLEMENT, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Chris Boucher (25) lors d’un match contre Oklahoma City, en avril

Malgré la perte de Kyle Lowry, qui s’est entendu avec le Heat de Miami il y a quelques semaines après avoir passé neuf saisons dans l’uniforme torontois, Boucher voit la prochaine campagne d’un bon œil.

« On va être corrects, a-t-il affirmé. On a perdu Kyle, c’est sûr que ça nous fait mal un peu, mais on a appris beaucoup. Certains de nous, ça fait deux, trois ans qu’on est avec l’équipe, donc c’est une nouvelle ère et c’est à nous de faire notre marque. »

Les Raptors joueront leur premier match de la prochaine saison le 20 octobre, au Scotiabank Arena de Toronto.