Le calme avant la tempête ; difficile d'imaginer une image plus fidèle pour décrire le moment que le barbier Brian Lat a partagé avec les joueurs des Raptors à la veille de leur premier match en finale de la NBA.

Sur sa chaise, ils pouvaient, peut-être pour la dernière fois, profiter d'une fenêtre de quiétude avant que les caméras s'emparent des lieux et que la conquête du titre s'amorce sur le terrain de jeu.

Avec son associé Joshua Diamante, Brian Lat a ouvert il y a quelques années le Throne, salon sis en plein coeur de Toronto.

Au fil du temps, l'endroit est devenu un incontournable pour les athlètes professionnels de la Ville Reine.

La relation entre les athlètes et le Throne s'est à ce point intensifiée que Brian Lat coupe désormais les cheveux de pratiquement toute l'équipe.

« Excusez-moi, je n'ai toujours pas fini de travailler », nous a-t-il écrit dans un message texte tard mardi soir, à la veille de la journée médias.

Tôt le lendemain matin, lorsqu'il a appelé La Presse, il était en route vers le Scotiabank Arena pour voir les derniers joueurs qui n'avaient pas eu leur tour la veille et qui voulaient avoir fière allure devant les caméras.

« C'est la sixième année que je travaille avec eux », a raconté Lat, la voix fatiguée.

« Au début, les gars venaient au salon, mais c'est maintenant plus simple si je me rends directement à leur centre d'entraînement ou à l'aréna pour tous les voir d'un coup. »

Bouche-à-oreille

Lorsqu'il a été échangé des Bulls de Chicago aux Raptors en 2011, l'ailier James Johnson s'est immédiatement mis à la recherche d'un salon de barbier.

On l'a dirigé vers Josh Diamante, qui tenait alors un petit salon en banlieue de Toronto. Johnson a passé le mot à ses coéquipiers et le Throne est devenu l'arrêt incontournable des sportifs.

L'anecdote est racontée dans un reportage de Sportsnet publié l'été dernier.

Alors que Diamante est aujourd'hui plus près des Blue Jays, c'est désormais son partenaire Brian qui est l'homme des Raptors.

Son premier client a été Chris Wright, le second, Rudy Gay. Encore là, le bouche-à-oreille a fait son effet. À preuve, Fred VanVleet affiche désormais sur Instagram des vêtements portant le logo du Throne.

Et cette semaine, c'est nul autre que Kawhi Leonard qui était sur sa chaise.

La relation entre les athlètes et leur barbier n'est pas nouvelle. Pensons seulement au célèbre Ménick, dont le salon de la rue Masson a été le lieu de confidence des étoiles du sport de Montréal pendant des décennies.

Le secret de la confiance entre Lat et les joueurs ?

« On ne parle jamais de basketball ! J'essaie juste d'être moi-même, de ne pas être un partisan, mais un ami. On parle de tout et de rien. » - Brian Lat

Cette relation est d'autant plus significative pour cet amateur de basketball qu'il a la chance de côtoyer les Raptors dans le moment le plus névralgique des 24 ans d'histoire de la franchise.

« Je les ai suivis depuis leurs débuts, dans les bons moments comme dans les mauvais, assure Lat. C'est incroyable de voir où ils sont rendus, avec la ville qui est derrière eux. Le travail acharné a finalement payé. »

C'est vrai pour ses amis des Raptors. Et probablement un peu pour lui aussi.