À Las Vegas, on donnait du 18-1 à ceux qui osaient prédire que les Giants de San Francisco balaieraient les Tigers de Detroit en quatre rencontres.

Ceux qui passent à la caisse en ce moment même ne peuvent être aussi heureux que les hommes de Bruce Bochy qui ont envahi le terrain du Comerica Park au terme d'une victoire de 4-3 dimanche, qui aura nécessité 10 manches de jeu.

> Le sommaire du match

«Je n'aurais jamais cru qu'on puisse balayer les Tigers, a admis le partant Matt Cain. Compte tenu de ce que leur alignement avait accompli jusque-là, j'étais sûr que cette série-là allait se rendre à la limite.»

> David Courchesne: Un balayage? Vraiment?

Les Giants ont remporté la Série mondiale pour la deuxième fois en trois ans en profitant d'une arme qui leur est devenue familière cet automne.

Le deuxième-but Marco Scutaro, dont l'acquisition en juillet n'avait fait sourciller personne à l'époque, a mis la touche finale à des séries de rêve en produisant le point décisif en 10e manche. Son simple au champ droit a permis à Ryan Theriot de croiser le marbre depuis le deuxième coussin.

Scutaro, qui avait été nommé le joueur par excellence de la Série de championnats, termine ses séries avec une moyenne de ,328.

«Je n'ose pas imaginer où nous serions sans lui, disait de lui le gérant Bruce Bochy plus tôt ce week-end. C'est dire à quel point il a été bon et constant pour nous. Nous savions que nous obtenions un bon joueur, mais jamais on n'aurait pu prévoir qu'il entrerait dans sa zone de cette façon.»

«Il a fait de nous une équipe différente en ayant un impact autant en attaque qu'en défense.»

C'est néanmoins Pablo Sandoval, auteur d'un record d'équipe de 24 coups sûrs dans ces séries éliminatoires, qui a été élu le joueur par excellence de la Série mondiale. Nul doute que ses trois circuits dans le premier match, qui ont permis de chasser l'as partant Justin Verlander, ont donné à cette série une tangente imprévue.

«Je n'arrive toujours pas à croire ce qui s'est passé dans ce match, a confié Sandoval. C'était le match de mes rêves et je ne voulais pas me réveiller.»

Le rondouillet troisième-but a conclu cette Série mondiale avec huit coups sûrs en 16 présences.

Photo: AP

Pablo Sandoval a été élu le joueur par excellence de la Série mondiale.

Trois circuits dans le match

Il a été tellement question des succès des lanceurs et de la défensive des Giants qu'on en était venu à oublier qu'ils gagnaient sans l'apport offensif de Buster Posey, pourtant leur meilleur joueur. Le receveur étoile avait été fort discret tant en Série de championnats qu'en Série mondiale.

Sauf qu'il a fait amende honorable avec un circuit de deux points en sixième aux dépens de Max Scherzer qui redonnait les devants 3-2 aux Giants.

Auparavant, Miguel Cabrera avait mis fin à une disette de 20 manches sans point des Tigers en claquant un circuit de deux points en fin de troisième. Cela terminait en outre la séquence de 56 manches des Giants sans avoir tiré de l'arrière dans un match.

L'autre circuit a été l'oeuvre de Delmon Young dont la claque en solo contre Matt Cain a ramené tout le monde à la case départ en fin de sixième.

L'impasse a duré jusqu'à ce que Scutaro joue les héros.

«Pour être honnête, je suis un peu bouche bée, a admis le gérant des Tigers Jim Leyland. Je n'aurais jamais cru qu'on balaierait les Yankees de New York et je ne pensais pas que les Giants nous joueraient le même tour.»

«Mais c'est un jeu étrange et ça s'est produit...»

Attaque au champagne

On rencontre parfois en Série mondiale des équipes aux personnalités bizarres qui rendent le groupe encore plus fascinant. On pense aux hirsutes Phillies de Philadelphie de 1993 ou encore aux non moins hirsutes Red Sox de Boston de 2004.

Les Giants ont une certaine parenté avec ces équipes fantasques. Tim Lincecum - surnommé le Freak - porte une coupe Longueuil impossible, l'un de leurs meilleurs frappeurs se fait appeler Kung-Fu Panda partout où il va et Hunter Pence, l'homme au regard d'illuminé, se déplace en Segway et garde un exemplaire de L'Évangile du Verseau dans son casier.

Et c'est sans compter le releveur Brian Wilson, l'homme à la barbe de flibustier. Quand on l'a vu ressortir du vestiaire, dimanche, complètement détrempé, muni de lunettes de plongée et armé d'une bouteille de Mumm Napa qu'il souhaitait déverser sur son gérant, c'était officiel: il y a des personnalités pas trop sérieuses dans cette équipe championne...

Photo: AP

Buster Posey a claqué un circuit de deux points en sixième manche.