(Buffalo) Le match de jeudi soir entre les Blue Jays de Toronto et les Red Sox de Boston a été remis, dans la foulée de l’intervention policière contre Jacob Blake, au Wisconsin, le week-end dernier.

Les Red Sox et les Blue Jays ont publié un communiqué commun pour faire part de leur décision, environ 30 minutes avant le premier lancer de la rencontre.

La décision a été prise après que le voltigeur des Red Sox Jackie Bradley fils eut décidé de ne pas jouer, selon ce que rapportent plusieurs sources médiatiques.

Le gérant des Blue Jays, Charlie Montoyo, a dit que ses joueurs avaient décidé de jouer à la suite d’une rencontre à huis clos, mais lorsqu’ils ont entendu parler de la décision de Bradley, ils ont accepté de reporter la partie.

« Je ne peux pas vous dire qui a mené cette rencontre, a répondu Montoyo. Je suis entré, j’ai parlé à tout le groupe et j’ai ensuite quitté la salle et fermé la porte. C’est tout ce que je sais de cette conversation. C’était une décision d’équipe. »

Montoyo, qui a déjà vécu du racisme en tant qu’homme de baseball d’origine latine, a affirmé qu’il respectait la décision des joueurs de s’impliquer contre les inégalités raciales.

« J’ai été victime de racisme et je sais que certains joueurs ont aussi été victimes de discrimination raciale. Si un joueur veut utiliser sa plateforme pour parler d’injustices raciales, je le soutiens entièrement. De nombreux joueurs vivent ces situations, et j’aime le fait qu’ils utilisent cette plateforme pour élever la discussion », a affirmé Montoyo.

Les Blue Jays ont vaincu les Red Sox 9-1, mercredi, lors du deuxième match d’une série de trois à Buffalo, après que la NBA eut amorcé une série de reports au sein des sports nord-américains quand les Bucks de Milwaukee ont refusé de jouer.

Le directeur général des Blue Jays, Ross Atkins, a indiqué en visioconférence jeudi que son équipe n’avait pas eu assez de temps pour pleinement discuter du report du match de mercredi. Il a ajouté qu’il soutenait la décision des joueurs de la NBA et des équipes du Baseball majeur.

« Nous ne pouvons pas, en tant qu’organisation, perdre de vue ce qui se passe dans notre société, a-t-il insisté. Nous allons appuyer ce que les joueurs veulent. »

Les Blue Jays doivent commencer une série de quatre duels contre les Orioles de Baltimore, vendredi soir, à Buffalo.

La formation torontoise dispute la majorité de ses matchs à domicile à Buffalo pendant la pandémie de COVID-19, car le gouvernement canadien ne lui a pas donné l’autorisation de jouer au Rogers Centre.

Le match Jays-Sox figure parmi les sept qui ont été reportés jeudi soir. Les A’s d’Oakland et les Rangers du Texas, les Phillies de Philadelphie et les Nationals de Washington, les Rays de Tampa Bay et les Orioles de Baltimore, les Twins du Minnesota et les Tigers de Detroit ainsi que les Rockies du Colorado et les Diamondbacks de l’Arizona ont choisi de ne pas disputer leurs matchs.

Une situation poignante est survenue en soirée, dans le duel opposant les Mets de New York et les Marlins de Miami. Après un moment de silence, les joueurs des deux formations ont quitté le terrain en laissant un chandail « Black Lives Matter » par-dessus le marbre. L’affrontement a ensuite été remis.

PHOTO JOHN MINCHILLO, ASSOCIATED PRESS

La MLB entraînée dans le tourbillon

D’une manière très maladroite, la Ligue majeure de baseball (MLB) a été entraînée dans la discussion sur l’injustice raciale qui fait écho partout en Amérique du Nord depuis quelques jours.

Certaines équipes jouent. Certaines ont choisi de ne pas jouer. Certains joueurs ont choisi de demeurer sur le banc.

Mais une chose est claire : le baseball ne devrait pas éviter les conversations et les décisions potentiellement difficiles concernant les enjeux de société. Bien que le processus puisse être imparfait, il a été convenu que les entraîneurs, les joueurs et les équipes devraient s’exprimer.

« C’est à l’avant-garde maintenant », a déclaré le joueur de champ intérieur d’Oakland Tony Kemp, qui est noir. « En ne participant pas au match de ce soir, j’ai l’impression que ce n’est qu’un petit élément de ce que nous voulons voir. Ces quelques jours sont des moments historiques dans le sport. Un jour, nos enfants vont regarder en arrière et nous demander ce qui se passait et ce que nous avons fait pour aider à sensibiliser la population à ces problèmes dans le monde. »

Sans ligne directrice de la MLB, les équipes ont dû prendre des décisions pour elles-mêmes. Certains matchs ont été officiellement reportés quelques heures avant le premier lancer. D’autres, comme ce fut le cas en Arizona, ont été annulés tout juste avant le premier lancer.

L’as Jack Flaherty, des Cardinals de St. Louis, s’est dit frustré qu’il n’y ait pas de réponse plus unifiée de la part de la MLB.

« C’est difficile parce qu’hier aurait été le jour pour poser une action concrète à l’échelle de la ligue, et cela n’a pas pu se produire, a-t-il reconnu. Je pensais que ça allait se produire aujourd’hui, mais non. »

Trois matchs avaient d’abord été reportés mercredi, pour emboîter le pas à la NBA, instigatrice du mouvement.

Mercredi soir, la MLB a déclaré dans un communiqué qu’en « vertu des torts causés aux communautés du Wisconsin à la suite de l’évènement impliquant Jacob Blake, nous respectons la décision des joueurs de ne pas jouer ce soir. La MLB prône le changement et demeure unie. Nous serons des alliés dans la lutte contre le racisme et les injustices ».