La prochaine étape vers le retour des Expos? Que les gens d'affaires et les gouvernements intéressés montent un plan concret pour un nouveau stade de baseball. Mais le refus de Québec et d'Ottawa d'assumer une partie de la facture d'un nouveau stade «ne serait clairement pas un aspect positif pour attirer une équipe», dit le commissaire Rob Manfred en entrevue avec La Presse.

Pour que le projet du retour des Expos continue « d'aller de l'avant », les gens d'affaires et les gouvernements intéressés devront montrer un plan plus concret d'un nouveau stade au baseball majeur. 

« Je ne parle pas seulement d'images d'un stade. Voici ce qui est requis des entités gouvernementales, voici ce que les propriétaires feraient », dit le commissaire Rob Manfred. Le grand patron du baseball majeur note aussi que le refus de Québec et d'Ottawa de financer une partie d'un nouveau stade « ne serait clairement pas un aspect positif pour attirer une équipe ».

Depuis un an, Ottawa et Québec ont tour à tour indiqué qu'ils ne financeraient pas un nouveau stade de baseball par le truchement de leurs programmes d'infrastructures. Selon le baseball majeur, est-ce possible de construire un stade et d'avoir une nouvelle équipe du baseball majeur sans aide gouvernementale ? 

« Ça dépend de plusieurs facteurs : qui est le propriétaire, ce dont le stade a l'air, son coût. Je dirais ceci : le manque d'aide gouvernementale pour le financement d'un stade ne serait clairement pas un aspect positif pour attirer une nouvelle équipe [...] 

« Beaucoup de choses sont possibles. Il y a eu des stades qui ont été construits sans aide gouvernementale. C'est une chose pour un propriétaire existant de choisir de financer son stade de façon privée, comme ça s'est fait à San Francisco. C'est une tout autre chose de dire : nous voulons une équipe du baseball majeur, mais oh, nous ne sommes pas prêts à faire aucun investissement dans un stade. Ce sont deux dynamiques différentes », dit M. Manfred, à moins de trois semaines des matchs préparatoires des Blue Jays de Toronto au Stade olympique.

Le baseball majeur ne s'attend pas à la construction d'un nouveau stade de baseball à Montréal avant l'attribution d'une équipe. Mais M. Manfred aimerait voir un jour un plan plus précis pour un nouveau stade. 

« Je ne m'y attends pas et je ne veux pas que l'on construise un stade [dans l'espoir d'avoir éventuellement une équipe]. »

« C'est important pour Montréal d'avoir un plan viable - comment [va-t-on construire un stade], où, quel type de financement - pour que le processus aille de l'avant. Je ne parle pas seulement d'images d'un stade. Voici ce qui est requis des entités gouvernementales, voici ce que les propriétaires feraient », dit M. Manfred, qui précise ne pas vouloir « envoyer de message à aucun ordre de gouvernement au Canada » mais qui a accepté la demande d'entrevue de La Presse pour faire le point sur le dossier du baseball à Montréal.

Mexico et Montréal

M. Manfred rappelle que le baseball majeur « n'a pas de comité sur l'expansion » et « qu'aucune équipe n'a exprimé son désir de déménager ». Le mois dernier, le commissaire du baseball majeur avait indiqué qu'il ne songerait pas à une expansion avant d'avoir signé une nouvelle convention collective avec les joueurs. La convention actuelle se terminera en décembre prochain. Par le passé, M. Manfred a mentionné les villes de Montréal et de Mexico comme candidates potentielles s'il y avait une expansion un jour.

Au cours des prochaines semaines, le baseball majeur disputera justement deux matchs préparatoires à Mexico (les 26 et 27 mars) et deux autres à Montréal (les 1er et 2 avril). Comment le commissaire compare-t-il les deux villes ? « Je ne les compare pas », dit-il.

M. Manfred assistera aux matchs hors concours à Mexico. « Je vais à Mexico parce que nous n'y avons pas joué depuis au moins une décennie [depuis 2004]. Je suis allé au Canada quatre fois l'an dernier. Je pense que c'est important pour moi d'y être [à Mexico] », dit le commissaire, qui n'avait pas assisté aux matchs à Montréal l'an dernier, deux mois après son arrivée en poste à la tête du baseball majeur.

En 2014 puis en 2015, les Blue Jays ont attiré plus de 96 000 spectateurs chaque année pour deux matchs préparatoires au Stade olympique. Des assistances qui ont convaincu le baseball majeur que Montréal était « un marché viable ».

« Avec l'avertissement qu'il n'y a pas de processus d'expansion en place ni d'équipe qui songe activement à déménager, je vois Montréal comme un marché viable pour le baseball majeur, à condition qu'il y ait un plan en place pour un stade du calibre du baseball majeur », dit M. Manfred, qui « apprécie grandement l'intérêt de Montréal pour l'obtention d'une équipe ». 

« Des foules importantes aux matchs [préparatoires des Blue Jays] sont certainement un aspect positif pour démontrer le niveau d'intérêt pour le baseball à Montréal. »

Les Blue Jays affronteront cette année les Red Sox de Boston au Stade olympique.

Prudent, M. Manfred préfère ne pas indiquer s'il pense que Montréal aura à nouveau une équipe du baseball majeur à long terme, par exemple d'ici 5 ou 15 ans. Il ne cache toutefois pas être intéressé par l'idée de faire passer le baseball majeur de 30 à 32 équipes. « C'est une idée attirante, dit-il. Ça nous aide avec le calendrier, et parce que je vois le baseball comme une industrie qui peut croître. »

L'automne dernier, l'homme d'affaires montréalais Stephen Bronfman et le maire Denis Coderre ont envoyé une lettre aux 30 équipes du baseball majeur pour promouvoir la candidature de Montréal. Stephen Bronfman, qui a déjà été actionnaire minoritaire des Expos et dont le père Charles Bronfman a longtemps été propriétaire unique de l'équipe, serait-il un propriétaire idéal pour le baseball majeur ? 

« Les Bronfman sont évidemment des gens très importants avec un long pedigree dans le baseball. Qui pourrait être propriétaire s'il y avait une équipe [à Montréal] ? C'est très loin dans les hypothèses, selon moi », dit le commissaire.