Viable, le retour d'une équipe de baseball majeur à Montréal? Étude d'Ernst & Young à l'appui, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et ses partenaires estiment que oui. À condition que les gouvernements paient 67% de la facture d'un nouveau stade au centre-ville. En plus, il faudra des investisseurs sérieux et, surtout, une équipe disponible. Dix questions sur le retour du baseball majeur à Montréal.

Q: Combien de gens désirent le retour d'une équipe de baseball à Montréal?

R: Selon un sondage Léger auprès de 1589 personnes de la grande région de Montréal, 69% des gens sont favorables au retour du baseball majeur à Montréal, et 40% des gens sont «très intéressés» à acheter des billets. L'assistance moyenne serait ainsi de 27 600 à 31 600 spectateurs par partie, ce qui aurait placé Montréal entre le 13e et le 20e rang du baseball majeur la saison dernière. Le prix des billets varierait entre 25 $ et 75 $.

Q: Pourquoi une équipe serait-elle viable alors que les Expos ont déménagé en 2004?

R: Ernst & Young estime que Montréal pourrait soutenir une équipe notamment en raison de la hausse des droits de diffusion (de 40 à 60 millions US par année pour les droits locaux, de 35 à 40 millions pour les droits nationaux) et du partage des revenus (20 millions par année, plus 15 millions pour les revenus web et numériques).

Q: Faut-il absolument un nouveau stade près du centre-ville?

R: Oui, selon le groupe qui veut le retour du baseball majeur à Montréal (la Chambre de commerce, Projet Baseball Montréal, Ernst & Young, la firme d'avocats BCF). Selon le groupe, la meilleure option est un stade de 36 000 sièges à ciel ouvert près du centre-ville. Un stade comparable à celui des Twins du Minnesota, où le climat ressemble à celui de Montréal. Ernst & Young a abandonné l'idée d'un toit rétractable, qui coûterait à lui seul entre 150 et 180 millions. La construction d'un nouveau stade coûterait 500 millions et prendrait au mieux trois ans.

Q: Qui financerait le projet?

R: Selon Ernst & Young, le projet pourrait se réaliser sans la participation des gouvernements, mais la marge de profit de l'équipe passerait de 8% à 3%. «Sans les gouvernements, ça prendrait des investisseurs pour lesquels il y a des synergies, comme des diffuseurs. Avec l'argent des gouvernements, ça devient suffisamment intéressant pour tous les types d'investisseurs», dit Daniel Roth, premier vice-président des services consultatifs transactionnels chez Ernst & Young. Le scénario retenu: les propriétaires de l'équipe paieraient 33% des coûts de construction d'un nouveau stade (165 millions sur 500 millions), et les gouvernements, 67% de la facture du stade (335 millions). Le coût total du projet est estimé à 1,025 milliard.

Q: Où serait construit le nouveau stade?

R: Ernst & Young a évoqué trois endroits: le terrain adjacent à l'autoroute Bonaventure (propriété de la Ville, mais il faudrait démolir l'autoroute), le bassin Wellington (propriété du gouvernement fédéral, mais il faudrait décontaminer) et le terrain de l'Hôpital de Montréal pour enfants (Québec doit lui trouver une autre fonction à l'ouverture du CUSM en 2015).

Q: Comment Montréal obtiendra-t-il une équipe?

R: Le scénario privilégié: le déménagement d'une équipe de la Ligue américaine, ce qui favoriserait les rivalités avec Toronto, Boston et New York et la venue de davantage de touristes ontariens et américains pour voir les matchs. Est-ce réaliste? Outre les Expos en 2004, aucune équipe du baseball majeur n'a déménagé depuis les Rangers du Texas en 1972. Et une équipe d'expansion? Le baseball majeur n'y songe pas.

Q: Est-ce un investissement rentable pour les gouvernements?

R: Ernst & Young calcule que les retombées fiscales générées (54 millions par année) permettraient aux gouvernements de se rembourser d'ici huit ans. L'économiste Claude Montmarquette ne croit toutefois pas que Québec devrait investir dans un stade de baseball dans le contexte budgétaire actuel. «Le déficit n'est pas résorbé, la dette augmente et les priorités sont en santé, en éducation et en infrastructures», dit le PDG du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations.

Q: Quelles équipes pourraient être disponibles?

R: L'économiste américain Andrew Zimbalist n'en voit que deux: les Rays de Tampa Bay et les A's d'Oakland. Les Rays ont attiré en moyenne 18 645 spectateurs la saison dernière - la pire moyenne du baseball - dans un stade qui date de 1990.

Q: Quelles sont les prochaines étapes du projet?

R: Au cours des prochains mois, le groupe relancera les investisseurs potentiels et fera une étude plus approfondie sur les sites potentiels d'un nouveau stade. La Chambre de commerce dit avoir fait des approches préliminaires auprès de «plusieurs dizaines» d'investisseurs potentiels.

Q: Une baisse de la valeur du dollar canadien rendrait-elle le projet impossible à réaliser?

R: L'étude a été réalisée sur la base d'un dollar canadien à parité avec le dollar américain. Avec un dollar canadien à 0,90 $ US, Ernst & Young calcule que la rentabilité de l'équipe diminuerait de 1%. Actuellement, le dollar canadien vaut 0,94 $ US. Lors du départ des Expos en 2004, il était à 0,77 $ US. Peu importe la fluctuation du huard, l'équipe recevrait au moins 75 millions en dollars américains pour les droits nationaux de diffusion et le partage des revenus, soit l'équivalent de la masse salariale prévue par le groupe.