Durant toute la Série de championnat face aux Yankees de New York, pas une fois les Tigers de Detroit n'ont tiré de l'arrière. Mais en Série mondiale, les Giants de San Francisco sont en train de leur servir la même médecine.    

Si bien qu'au terme d'une victoire de 2-0, samedi soir à Detroit, les Giants pourraient dès dimanche faire main basse sur une deuxième Série mondiale en trois ans.

«Notre moment est arrivé, c'est à nous d'en profiter, a confié à La Presse le vénérable Felipe Alou qui, à 77 ans, agit comme conseiller spécial au directeur général des Giants, Brian Sabean.

«On parle d'une deuxième Série mondiale en trois ans, a ajouté l'ancien gérant des Expos. Je ne veux pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué, mais c'est notre as (Matt Cain) qui lance demain. Ça n'augure pas bien pour l'autre équipe! »

Non, ça n'augure pas bien pour les Tigers.

Samedi soir, c'est par leur faute, leur très grande faute, qu'ils se sont placés à une défaite du précipice.

Ils ont mené les majeures cette année en se commettant dans 156 doubles-jeux et c'est en partie ce qui a causé leur perte dans ce troisième match. À deux reprises dans les quatre premières manches, les Tigers ont éteint leur propre menace.

En première manche, c'est le très décevant Prince Fielder qui s'est commis. Fielder qui n'a qu'un coup sûr en 10 depuis le début de la Série mondiale et qui n'a vu que 30 lancers en 11 présences totales au marbre. Inacceptable venant d'un joueur sur lequel les Tigers comptent autant.

«Tout le monde est préparé, tout le monde y va à fond, mais ça ne fonctionne pas», a dit le rondouillet premier-but des Tigers.

On s'attendait à ce qu'au rayon des tailles fortes, Fielder fasse meilleure figure que Pablo Sandoval, le troisième-but des Giants. Or, pendant que Fielder est au neutre, Sandoval a de bonnes chances d'être choisi comme joueur par excellence de la Série mondiale. Samedi, il a frappé deux autres coups sûrs, établissant une marque d'équipe pour le plus de coups sûrs dans les mêmes séries (23).

Un duel qui résume tout

Les doubles-jeux, disions-nous.

Après celui de Fielder en première manche, ce fut au tour de Quinton Berry d'en être coupable... alors que le dangereux Miguel Cabrera était au cercle d'attente.

Le gagnant de la Triple Couronne a quand même eu sa chance en cinquième alors qu'il avait les buts remplis devant lui, mais le partant Ryan Vogelsong l'a forcé à frapper une chandelle à l'avant-champ.

Vous avez là, dans ce seul duel, un résumé de la série: les lanceurs des Giants, aidés par une défense étanche, réduisent au silence une attaque qui n'avait pourtant pas fait de quartiers en saison régulière.

« (Cabrera) est le meilleur frappeur des majeures, mais c'est plus facile de l'affronter quand il y a deux retraits, a dit Vogelsong. De la façon dont on se comporte en défensive, j'étais confiant qu'on fasse le retrait.»

Devant le manque d'opportunisme des Tigers, la foule frigorifiée du Comerica Park a fait comme l'attaque de ses favoris: elle s'est tue. Hormis ces saucisses kielbasa qu'on sentait partout, elle n'a pas eu grand-chose à se mettre sous la dent.

Deux blanchissages de suite

Sans être dominant, Vogelsong s'est donc sorti d'impasse au bon moment pour aider les Giants à blanchir leurs adversaires pour un deuxième match de suite, ce qu'une seule autre équipe dans l'histoire avait réussi en Série mondiale.

Quant aux Tigers, cruelle ironie, ils avaient été victimes de deux blanchissages au terme des 162 matchs réguliers!

«Nous avons mis Ryan (Vogelsong) dans les câbles à quelques reprises mais chaque fois, nous n'avons pas asséné le coup fatal, a reconnu le gérant des Tigers Jim Leyland. Le double-jeu de Berry a selon moi été le jeu le plus important du match.»

Outre une mauvaise deuxième manche ponctuée d'un triple de Gregor Blanco et une erreur du voltigeur de centre Austin Jackson, le partant des Tigers Anibal Sanchez a très bien fait. Il est même resté dans le match plus longtemps que son vis-à-vis Vogelsong.

Sauf que les Giants n'ont accordé que quatre points à leurs six derniers matchs. Quand une telle séquence se produit au bon moment, ça vous fait gagner la Série mondiale.

Vingt des 23 équipes qui ont pris les devants 3-0 en Série mondiale ont complété le balayage lors du match suivant.

C'est Felipe qui le dit: ça n'augure pas bien pour les Tigers.