Plongeon Canada se donne une cible ambitieuse pour les Jeux olympiques de Londres: concrétiser la moitié de ses chances de médailles. Si la Coupe du monde qui s'est conclue hier représentait un événement-test, les plongeurs canadiens l'ont passé haut la main.

«Sur le plan des performances, on a presque doublé nos attentes», a analysé Mitch Geller, directeur technique de Plongeon Canada, après la médaille d'argent d'Émilie Heymans et Jennifer Abel au 3 m synchronisé, samedi soir, au Centre aquatique olympique de Londres. Ce podium s'est ajouté au bronze d'Alexandre Despatie au 3 m et à l'argent de Roseline Filion et Meaghan Benfeito au 10 m synchro.

Déjà assuré de six places aux JO, le Canada en a ajouté quatre (les plus importantes) sur une possibilité de six grâce à ses résultats à la Coupe du monde. Avec un peu de chance, Eric Sehn, septième de l'épreuve de la dernière chance hier soir, pourrait ajouter un autre poste au 10 m au moment de l'attribution finale des places, en juin.

Despatie progresse

Pour Despatie, grand leader de l'équipe, c'est «double mission accomplie... avec des bonus». En plus de faire le plein de confiance avec ce podium inattendu, il a sécurisé sa présence au 3 m synchronisé, terminant cinquième. Compte tenu de la longue absence de Despatie pour cause de blessure, il y a beaucoup de place à l'amélioration.

Sur le plan individuel, Despatie a déjà commencé à s'attaquer au quadruple périlleux et demi avant qui manquait à son arsenal. Sa progression est fulgurante: à son deuxième entraînement, samedi, il le réussissait déjà avec le saut d'appel complet. «Il est remarquable, a affirmé Geller. Il le fait pour des notes de 8 la première journée où il l'exécute en entier.»

«Le quatre et demi, je sais où il est, a expliqué Despatie, qui le faisait déjà à la tour de 10 m. Il reste la difficulté physique. Il faut que je sois capable de le faire même quand je suis mal pris sur la planche.»

Au 3 m féminin, en l'absence d'Abel, clairement un espoir de médaille olympique, la recrue Pamela Ware a causé une «immense et plaisante surprise», selon Geller, en se hissant à la quatrième place. En obtenant son standard olympique, la plongeuse d'à peine 19 ans annonce qu'elle a le potentiel de défier Heymans pour une place aux Jeux.

Heureuse surprise

Au sujet d'Heymans, il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives de sa 10e place. Une seule petite erreur l'a fait glisser dans cette épreuve très serrée. Elle a gagné l'argent aux Mondiaux de 2009 à sa première saison complète consacrée à la planche. La triple médaillée olympienne a aussi l'expérience des sélections, qui se dérouleront à la fin du mois de mai à Montréal. Elle devra néanmoins régler la question de son plongeon retourné (carpé ou groupé).

En synchro, Geller aimerait voir Heymans et Abel flirter avec les 345-350 points (elles ont atteint près de 322 à la Coupe du monde), ce qui leur permettrait de rivaliser pour l'or olympique. «Je ne veux pas qu'elles abdiquent devant les Chinoises», a dit le directeur technique.

L'autre heureuse surprise a été la quatrième place de Roseline Filion au 10 m, qui a permis de faire oublier l'élimination en demi-finale de Meaghan Benfeito, quatrième des derniers Mondiaux. En synchro, leur médaille d'argent a assuré avec brio la place du Canada dans cette épreuve aux JO.

À des degrés divers, six épreuves pourraient rapporter des médailles à l'équipe de plongeon dans cinq mois à Londres. Geller refuse de préciser ses objectifs, mais il parle de concrétiser la moitié d'entre elles, une cible «très ambitieuse». «Plus on a de fléchettes, plus on a de chances de frapper le milieu de la cible...»