«Attention à la vague», dit la publicité faisant la promotion de la venue de Michael Phelps à Montréal. Pour l'instant, pas de tsunami à l'horizon. L'olympien le plus titré de l'histoire a posé les pieds de façon bien discrète dans la métropole, vendredi, en prévision de la Coupe du Québec de natation.

Au lendemain de son 26e anniversaire de naissance, célébré en famille chez lui à Baltimore, Phelps est arrivé en fin de matinée à l'aéroport Pierre-Elliott Trudeau. Il était accompagné de son entraîneur Bob Bowman, d'un physiothérapeute et d'un coéquipier du North Baltimore Aquatic Club. Quelques heures plus tard, après avoir longuement pianoté sur son téléphone, il a plongé dans la piscine olympique pour une petite séance d'une cinquantaine de minutes.

Avant même que son célèbre poulain ne sorte de l'eau, Bowman a fait savoir qu'il ne répondrait pas aux questions des deux journalistes qui l'attendaient, prétextant une directive de son agente. Phelps s'est changé sur le bord du bassin, a posé son éternelle casquette des Orioles à l'envers, avant de rentrer à l'hôtel.

Rien à voir avec le branle-bas de sa précédente visite-surprise à Montréal, il y a deux ans, alors qu'il avait signé le livre d'or à l'hôtel de ville, s'était échauffé avec les autres nageurs, puis avait participé à une activité-bénéfice en soirée au sommet de la tour olympique.

Négociations serrées

Cette année, les négociations ont été serrées avec les agents, qui n'ont pas été des plus arrangeants. «Tu fais une demande et c'est non», a résumé Anton Vogler, président du CNPPO, le club qui organise la compétition réunissant près de 700 nageurs.

Sur le plan sportif, Phelps a aussi perdu sa réputation d'invincibilité. Pas plus tard qu'il y a deux semaines, en Californie, il s'est fait «botter le derrière», selon son expression, au 200 mètres papillon, sa troisième défaite consécutive sur sa distance fétiche en 2011.

Wu Peng a été le tombeur de Phelps à deux reprises, en avril et en mai, mettant un terme à une série de 60 victoires depuis 2002. Le Chinois de 24 ans ne s'en pète pas les bretelles. «Je l'ai battu deux fois, mais les temps n'étaient pas si rapides (NDLR 1 min 56)», a rappelé Peng à La Presse, vendredi soir.

Vice-champion du monde derrière Phelps en 2007, Peng estime qu'il devra nager autour de 1 min 54 pour espérer l'emporter aux Mondiaux de Shanghai, dans trois semaines.

Victoire facile

En l'absence de Phelps, qui se contentera du 200 m libre samedi et du 100 m papillon dimanche, Peng s'est facilement imposé en 1 min 56,71 pour gagner l'or à la Coupe du Québec. Le représentant de Michigan University a aussi fini premier au 200 m QNI.

Peng aurait bien aimé pouvoir se mesurer une nouvelle fois à Phelps avant les Mondiaux, qui se dérouleront à 200 km de sa ville natale de Hangzhou. L'octuple médaillé d'or des Jeux olympiques de Pékin a-t-il voulu l'éviter? «Je ne sais pas, probablement, a répondu Peng en souriant. Peut-être qu'il veut continuer à s'entraîner.»

Les deux se retrouveront dimanche au 100 m papillon, mais Peng ne croit pas véritablement en ses chances face au détenteur du record mondial. «Je ne suis pas un sprinter», a-t-il rappelé.

Retrouver ses repères

Chose certaine, invincible ou pas, tous les yeux seront rivés sur Phelps ce week-end. Comme en 2009, où il avait frôlé la marque mondiale au 100 m papillon, l'Américain espère retrouver ses repères et sa confiance à l'aube des Mondiaux, test ultime avant les JO de Londres, qui seront ses quatrièmes et derniers.

«J'espère que ça se répétera et que la compétition de Montréal me permettra d'obtenir de bons chronos et de finir l'été sur une meilleure note que l'an dernier», avait déclaré Phelps en téléconférence il y a un mois.

Le Canadien Brent Hayden avait la même ambition au 100 m libre, mais l'Américain Robert Savulich lui a soufflé la victoire par un centième vendredi soir. Hayden, numéro un mondial de la discipline en 2010, se disait néanmoins encouragé par son chrono de 49 s 69. Chez les femmes, la Montréalaise Victoria Poon a rebondi avec une victoire en 54 s 81.

Katerine Savard, du club CSQ, a réussi la course de la soirée, survolant le 200 m papillon en 2 min 08 s 64 pour l'emporter par plus de trois secondes sur la multiple championne canadienne Audrey Lacroix.

Déjà classée parmi les 10 meilleures de la planète au 100 m papillon, Savard, à peine 18 ans, a abaissé sa meilleure marque personnelle par une seconde et demie. Surprise de ce bond soudain? «Oui, quand même, parce que je n'ai pas ralenti l'entraînement du tout pour venir ici», a répondu l'athlète de Pont-Rouge, aux anges.

En dépit de sa petite taille, Savard pourrait faire une belle grosse vague avant le 100 m papillon de Michael Phelps, dimanche soir.