À ses premiers pas comme nouvel entraîneur-chef de l'équipe masculine de patinage de vitesse courte piste, Éric Bédard peut compter sur la présence de son ancien coéquipier Charles Hamelin.

Le 25 février 2006, Éric Bédard et Charles Hamelin montaient ensemble sur la deuxième marche du podium au relais 5000 m des Jeux olympiques de Turin. Douze ans plus tard, ils se retrouvent sur la même glace.

À 41 ans, Bédard est le nouvel entraîneur-chef de l'équipe canadienne masculine de patinage de vitesse courte piste après des passages en Allemagne, en Italie, en France et à Calgary.

À 34 ans, Hamelin prolonge une carrière glorieuse qui l'a mené à quatre autres médailles olympiques et un premier titre de champion mondial le printemps dernier à Montréal.

«Charles n'a pas eu une route facile, a relevé Bédard cette semaine. Son histoire est un peu loufoque. Plus jeune, il ne réalisait pas de bonnes performances. Il est arrivé dans l'équipe nationale à 18, 19 ans, à force de travailler. Pendant 12 ans, il a essayé d'être champion du monde au cumulatif. Quand tout le monde disait qu'il était périmé, il est allé le chercher [le titre] avec [son ex-entraîneur] Derrick Campbell. Charles, c'est ça. C'est sa vie, c'est un travaillant.»

Le nouveau coach ne pouvait rêver d'une meilleure pierre d'assise en prenant les rênes du groupe masculin, le 1er août. Véritable mentor pour Samuel Girard, champion olympique du 1000 m à 21 ans, Hamelin veut exercer la même influence auprès d'autres jeunes coéquipiers comme Pascal Dion, déjà médaillé olympique au relais, Steven Dubois, Cédrik Blais et autres Maxime Laoun.

Bédard compare la longévité du patineur chevronné à celle d'Andrei Markov, l'ancien pilier défensif du Canadien qui s'illustrait encore au Centre Bell à la fin de la trentaine.

«Pourquoi Charles est-il là à 34 ans? C'est comme dans tous les sports, c'est parce que c'est un professionnel. C'est un gars qui se présente à chaque entraînement. Peu importe s'il y a des obstacles, il va les surmonter.»

Après l'avoir observé sur la glace ces six dernières semaines, Bédard s'attend à ce que Hamelin se classe parmi les trois premiers lors des Championnats canadiens qui se dérouleront d'aujourd'hui à dimanche à l'aréna Maurice-Richard. Un tel résultat garantirait sa participation aux Coupes du monde.

Un autre cycle olympique?

À l'aube de sa 16e saison, Hamelin se dit toujours très motivé. L'athlète originaire de Sainte-Julie veut «faire honneur» au numéro 1 accolé à son casque à titre de champion mondial.

Sur le plan individuel, il vise plus de constance durant la saison. «Ces deux dernières années, j'ai eu beaucoup de difficulté à être régulièrement en finale en Coupe du monde. J'aimerais retrouver cette régularité, sans être disqualifié, sans tomber.»

Hamelin veut conserver son titre mondial, mais n'en fait pas un absolu.

«Si on réussit à garder le titre au Canada, même si ce n'est pas moi, ce sera mission accomplie. Mon rôle a changé par rapport aux autres cycles olympiques. Les résultats de l'équipe vont aussi beaucoup peser dans ma satisfaction personnelle.»

Engagé pour une saison, le quintuple médaillé olympique décidera de son avenir à l'issue des Mondiaux en Bulgarie (8-10 mars). Les JO de Pékin en 2022? «Je ne suis pas capable de mettre une croix là-dessus, admet-il. En même temps, je ne peux pas dire que je continue pour quatre ans. À mon âge et avec les jeunes qui poussent, ce serait irréaliste.»

Éric Bédard va tout prendre de son vétéran. «Charles, je veux le garder avec nous le plus longtemps possible, résume-t-il. On se croise les doigts jusqu'aux prochains Jeux.» Avec l'espoir de partager encore le bonheur d'un podium olympique.

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Photo Bernard Brault, Archives La Presse

Le 25 février 2006, Éric Bédard (deuxième à partir de la droite) et Charles Hamelin (deuxième à partir de la gauche) sont montés ensemble sur la deuxième marche du podium au relais 5000 m des Jeux olympiques de Turin.

L'embauche de Bédard: «exceptionnel»

Sous le «choc» à l'annonce du départ de Campbell, qui était là à ses débuts internationaux aux Mondiaux juniors de 2002, Hamelin est emballé par l'arrivée de Bédard. Les anciens coéquipiers sont aussi des amis et des partenaires d'affaires dans l'entreprise Nagano Skate, spécialisée dans les équipements d'aiguisage et qui comprend également un volet de coaching et de formation.

«J'ai passé par toute la gamme des émotions avec Éric dans la vie, note Hamelin. Le découvrir à mes côtés comme coach, c'est exceptionnel.»

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Les Mondiaux juniors à Montréal

Montréal a obtenu la présentation des prochains Championnats mondiaux juniors, qui auront lieu du 25 au 27 janvier à l'aréna Maurice-Richard, a annoncé hier la fédération internationale de patinage (ISU). L'événement avait d'abord été attribué à Séoul, mais il lui a été retiré en raison de «problèmes internes» à la fédération coréenne, a indiqué l'ISU dans un communiqué.

Le Canada accueillera les Mondiaux juniors de courte piste pour la quatrième fois. Montréal avait reçu la compétition une première fois en 1999, tandis que Sherbrooke a été la dernière ville présentatrice au pays en 2009. Marianne St-Gelais y avait remporté l'or au 500 mètres.