Kalyna Roberge et Marie-Ève Drolet. L'affiche, alléchante, était attendue depuis le début de la compétition. Mais l'explication mano a mano n'a jamais eu lieu.

Comme vendredi et samedi, une chute a saboté le spectacle lors de la dernière journée des championnats canadiens de patinage de vitesse courte piste, hier après-midi, à l'aréna Maurice-Richard.

Luttant pour établir leur position dans le premier tour de la finale du 1000 mètres, Roberge et Drolet ont fait contact dans un virage. La première a poursuivi son chemin et filé vers la victoire, la seconde a valsé vers les matelas pour la quatrième fois de la fin de semaine.

Si la supériorité de Roberge paraissait évidente, il aurait été intéressant de la voir s'imposer à la régulière. Avec deux victoires nettes en trois courses, la patineuse de 22 ans a néanmoins reconquis son trône national de façon convaincante.

Roberge a donc effacé ses propres doutes après un automne marqué par une convalescence suivant une blessure à la cuisse gauche.

«Sincèrement, j'en ai regagné techniquement, a-t-elle noté. Il y a encore un peu de raffinement à aller chercher, mais je suis vraiment impressionnée par mon efficacité pendant la course, compte tenu de ma forme physique.»

Plaisir à la compétition

Ne nous y trompons pas, le retour à la compétition de Drolet, après une absence de sept ans, n'a pas été sans chatouiller Roberge. Sa domination n'en a été que plus savoureuse. «J'ai pris plaisir à la compétition. C'est ce qui a fait toute la différence», a-t-elle d'ailleurs relevé en entrevue.

Ce fut pas mal moins amusant pour Drolet, qui a appris à la dure que les jeunes patineuses ne cédaient pas le pas facilement. «Je trouve que les filles sont agressives. Je le suis aussi, mais peut-être pas suffisamment», a constaté la médaillée de bronze aux Jeux olympiques de 2002.

Si sa forme physique est encourageante après seulement quatre mois d'entraînement intensif sur la glace, Drolet a constaté un déficit de stabilité sur des patins. «Je ne me sens pas forte quand je me fait pousser», a-t-elle dit.

La patineuse de 26 ans a aussi reconnu avoir commis quelques erreurs tactiques et stratégiques. C'est là que sa longue pause a le plus paru.

Cela dit, une victoire au 1500 m vendredi aurait pu changer la donne. Drolet avait été coupé net dans son élan lorsqu'elle a été renversée par Ivanie Blondin. Le lendemain, sur 500 m, elle a «un peu paniqué» avant de tomber bêtement.

«Mon objectif était vraiment d'avoir du fun en fin de semaine... et je n'en ai pas eu! a résumé Drolet en riant. Avec les chutes, les malchances, j'ai été frustrée pendant toute la compétition.»

Hier, en quart de finale, elle a aussi chuté quand Marie-Andrée Mendes-Campeau et Andréa Do-Duc se sont accrochées devant elle. En frappant les coussins de sécurité, un patin de Do-Duc a tranché la fesse gauche de Mendes-Campeau. Cette dernière a évité le pire et s'en est tirée avec 16 points de suture, non sans avoir effrayé son père, l'annonceur-maison assis à quelques mètres d'où l'accident s'est produit.

La pause qui a suivi a permis à Drolet et Roberge de fraterniser au centre de la patinoire. Elles ont repris la vague quart de finale à deux sans pousser la note. «Kalyna, je l'aime au boutte comme athlète, elle patine super bien», a relevé Drolet.

Quatrième de la finale du 1000 mètres, Drolet a conclu les championnats au sixième rang du classement général. Dans un sens, elle a ainsi simplifié le travail du comité de sélection pour les Mondiaux de Vienne puisque seules les cinq premières pouvaient être considérées. Il faut néanmoins s'attendre à la voir disputer l'une des deux dernières Coupes du monde de la saison.

À moins d'une surprise, Jessica Gregg et Valérie Maltais, respectivement première et deuxième du classement cumulatif des deux sélections, se joindront à Roberge pour les épreuves individuelles des Mondiaux. À 18 ans seulement, Maltais a été la révélation du week-end à l'aréna Maurice-Richard. L'avenir de l'équipe féminine semble bien assuré.