Joannie Rochette patine toujours. Elle «cassait» d'ailleurs une paire de patins flambant neufs, mardi, à l'aréna Martin-Brodeur de Saint-Léonard. Un retour à la compétition? À moins d'un revirement, pas cette saison.

«C'est pas mal officiel», a confié Rochette peu avant une rare séance d'entraînement. Les nouveaux patins serviront plutôt aux nombreux spectacles à son agenda d'ici les six prochains mois, voire les deux ou trois prochaines années.

La médaillée de bronze olympique avait déjà fait une croix sur le circuit Grand Prix, donc les Internationaux Patinage Canada. Elle se gardait une porte ouverte pour les championnats canadiens de Victoria, à la mi-janvier, et les Mondiaux de Tokyo, fin mars. Or, ces compétitions entrent en conflit avec des spectacles pour lesquels elle était sur le point de s'engager au moment d'écrire ces lignes.

«C'est vraiment une décision extrêmement difficile. C'est pour ça qu'elle n'est pas encore définitive», a dit Rochette.

Son ambivalence a grandi depuis qu'elle a participé à une compétition pro-am au Japon, au début du mois. La compétitrice, qu'elle croyait enfouie loin en elle, s'est réveillée. Sans grande préparation, elle a réussi les six triples sauts de son programme libre, l'emportant devant un plateau relevé. «J'ai mieux patiné qu'aux Jeux olympiques», a-t-elle fait remarquer.

D'autres expériences

En revanche, le stress de la préparation finale, où tout tourne autour du patin, ne lui manque pas du tout. À 24 ans, et après 12 ans de compétition de haut niveau, elle a le goût d'autres expériences. Les longues et lucratives tournées de spectacles - au Canada, aux États-Unis, au Japon, en Corée, en Chine, en Allemagne, en Suisse, etc. - en font partie. «Au Québec, on n'aime pas vraiment parler d'argent, mais c'est payant, oui, dit-elle. Beaucoup plus que quand je faisais des compétitions, bourses incluses. Quand j'aurai 35 ans, ce ne sera pas le temps de faire ça.»

Entre deux tournées, elle répondra à ses engagements avec ses commanditaires et des organismes caritatifs, dont mamandemonceur.ca. Le deuil de sa mère, morte subitement avant sa prestation à Vancouver, se poursuit. «Ce n'est pas évident, mais je suis bien entourée, dit-elle. Je me tiens occupée. Je m'étonne parfois de voir à quel point je suis capable de tenir bon.»

Penser à l'avenir

En décembre, Rochette terminera son D.E.C. en sciences de la santé commencé en... 2003. Elle pense aussi à l'avenir. «Je veux une vie complète, m'acheter une maison, avoir des enfants un jour, avoir une famille, dit-elle. Sans les spectacles et les commanditaires, à ce moment-ci, la décision serait de continuer l'école.»

L'idée de reprendre la compétition en 2011-12 la travaille. Elle a d'ailleurs conservé son statut amateur auprès de la fédération internationale, ce qui l'empêche de participer à des spectacles télévisés jugés comme Battle of the Blades, à CBC.

«La seule raison pour laquelle je reviendrais, ce serait pour devenir championne du monde, prévient Rochette, médaillée d'argent aux Mondiaux de Los Angeles, en 2009. Je vais donc garder un oeil ouvert sur ce qui se passe cette année. Je ne veux pas revenir si quatre prodiges russes font des quadruples sauts et que je sens que ce serait vraiment impossible pour moi d'être compétitive.»