Le Comité olympique canadien (COC) entend suivre l'ensemble des recommandations issues de l'examen indépendant de ses pratiques en milieu de travail réalisé à la suite de l'affaire Marcel Aubut, tout en s'abstenant de dévoiler les détails qui ont forcé l'organisme à se regarder dans le miroir.

Le COC a rendu public mercredi un rapport sommaire de l'examen réalisé par l'avocate Christine Thomlinson, de la firme Rubin-Thomlinson, une experte en droit des ressources humaines.

«Ce rapport est exhaustif, approfondi, professionnel et plutôt sévère, je dois l'admettre», a indiqué la nouvelle présidente du COC, l'ex-avironneuse olympique Tricia Smith, tout en ajoutant que l'organisation doit se soumettre à des normes plus élevées.

«Le rapport montre clairement que le conseil d'administration et l'équipe de direction auraient pu faire davantage. Je tiens à présenter sincèrement nos excuses. Nous assumons tous ce manquement et nous en sommes navrés. Nous avons laissé tomber nos employés», a-t-elle ajouté.

Quand Tricia Smith a été pressée d'identifier ce qui avait poussé l'organisme à commander cet examen, elle est demeurée évasive.

«Comme le rapport le souligne, tout le monde aurait pu en faire d'avantage, a-t-elle dit. Nous n'entrerons pas dans les détails de ces incidents. L'examen a été conduit afin que nous puissions identifier la situation et aller de l'avant. Nous avons promis aux gens interviewés qu'ils auraient droit à une totale confidentialité et je pense que c'est la raison pour laquelle plus d'une centaine de personnes ont accepté l'invitation.»

Marcel Aubut a démissionné de son poste de président du Comité olympique en septembre dernier après qu'une femme eut porté plainte à son endroit pour harcèlement sexuel. Aucune accusation criminelle n'a jusqu'ici été déposée contre lui, toutefois. Tricia Smith s'est réjouie que cette personne ait depuis accepté de reprendre ses fonctions. Mais est-ce que les dirigeants du COC ou les gens de Rubin-Thomlinson lui ont suggéré de porter plainte formellement?

«Pas que je sache», a laconiquement répondu la présidente.

Huit recommandations

L'examen identifie plusieurs lacunes dans les systèmes et processus en matière de ressources humaines au sein du COC, qui a adopté à l'unanimité la mise en place des huit recommandations suggérées, soit l'amélioration de la politique contre le harcèlement, la formation des employés, la nomination d'une personne chargée de l'administration de la politique, l'établissement d'un système de tenue de dossiers, que les employés désirant déposer une plainte aient l'assurance de le faire de façon anonyme, d'envisager la révision du mandat du commissaire à l'éthique, d'attribuer plus d'importance au respect et au bien-être à titre de valeurs fondamentales du COC et l'utilisation continue de sondages et autres formes d'examen comme moyen de surveillance de la culture organisationnelle.

«Les façons de faire vont changer», a martelé Tricia Smith.

Mais comment ce changement d'attitude du COC sera-t-il possible quand le conseil d'administration et toute l'équipe de direction - sauf Marcel Aubut - est demeurée la même? Et comment se fait-il que tout le monde sauf la direction semblait au courant des agissements de l'ex-président? De nouveau, la présidente est demeurée vague.

«De toute évidence, nous devons faire mieux, et nous ferons mieux, s'est-elle défendue. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous avons accepté toutes les recommandations. Nous devons avoir des standards plus élevés: nous sommes le Comité olympique canadien après tout. Et c'est pourquoi nous avons besoin de plus d'expertise.

«Il faut se rappeler qu'il s'agit d'un processus. Nous n'avons pris connaissance de ce rapport que la semaine dernière, a rappelé Tricia Smith. Nous l'avons absorbé et avons accepté toutes ses recommandations et nous admettons que nous sommes tous responsables. Nous croyons qu'avec tous les changements que nous mettrons en place (...), les façons de faire vont changer. Il y aura un système afin que les gens soient responsables de leurs gestes. Tout le monde devra être plus responsable, y compris moi-même.»