Alors que Marcel Aubut attend les résultats d'une enquête interne sur une plainte de harcèlement sexuel, deux autres femmes ont publiquement partagé des allégations contre le président du Comité olympique canadien (COC) et de la Fondation olympique canadienne.

L'avocate montréalaise Amélia Salehabadi-Fouques a accordé plusieurs entrevues aux médias, jeudi, dans lesquelles elle a détaillé ses interactions avec M. Aubut, qui a temporairement quitté ses fonctions, tard mercredi, pour la durée de l'enquête. Le réseau de nouvelles TVA a également diffusé une entrevue avec une femme qui dit avoir travaillé avec M. Aubut, et avoir subi du harcèlement sexuel.

Dans un communiqué, le COC a indiqué que l'ancien juge en chef de la Cour supérieure du Québec, François Rolland, avait été retenu pour mener l'enquête sur la seule plainte formelle, dont le contenu et l'auteur sont demeurés confidentiels. Aucune des allégations n'a été prouvée.

Dans un communiqué qu'il a publié lui-même, M. Aubut décrit les allégations comme étant «une remarque qu'il aurait faite à une collègue». Il a dit offrir son soutien «inconditionnel» aux enquêteurs.

Amélia Salehabadi-Fouques, une avocate spécialisée dans le droit du sport et membre de l'Association canadienne de soccer depuis 2013, a dit avoir été victime de harcèlement de la part du président du COC à trois reprises dans les quatre dernières années.

Mme Salehabadi-Fouques a notamment soutenu que M. Aubut l'a embrassée de force et lui a fait des commentaires sexuels. Ses allégations n'ont pas été prouvées devant un tribunal.

La Presse Canadienne n'a pas été en mesure de joindre l'avocate ni M. Aubut, jeudi. Au COC, un porte-parole, questionné au sujet des nouvelles allégations, a référé au communiqué précédent sur le sujet.

Dans les entrevues accordées à des journaux et des stations de radio, Mme Salehabadi-Fouques raconte être entrée en contact avec Marcel Aubut il y a quatre ans, pour s'impliquer dans le COC.

Il lui aurait donné rendez-vous dans un chic restaurant de Montréal, mais à son arrivée, elle a été surprise de voir qu'il était assis au bar. En discutant, il est devenu clair pour elle qu'il était davantage intéressé par son physique que par son expérience professionnelle. Il lui aurait posé des questions de nature privée, et passé des commentaires personnels.

Plus tard dans la soirée, il l'aurait embrassée «avec la langue». Elle dit avoir pris un taxi seule pour rentrer chez elle.

Dans diverses entrevues, elle se remémore aussi un incident survenu l'an dernier, à Québec. Il l'aurait invitée à assister à une rencontre d'affaires avec une foule d'autres personnes, mais une fois à l'hôtel, elle était seule. Il n'y avait qu'une seule chambre d'hôtel réservée au nom de M. Aubut, aucune pour elle, a-t-elle affirmé.

«Il me dit: »quand est-ce que je vais venir dans ta chambre? J'ai demandé des clés pour ta chambre«», a-t-elle confié à La Presse.

Encore l'an dernier, lors d'un match de la Coupe du monde de soccer féminin U-20, devant son fils de 15 ans, il l'aurait interpellée dans un couloir et lui aurait demandé: «Quand est-ce qu'on couche ensemble?»

En entrevue au 98,5 FM, l'avocate a affirmé ne pas savoir si elle porterait plainte formellement. Lorsqu'elle a appris qu'une autre personne avait porté plainte, cette mère de trois enfants s'est sentie concernée et a décidé de ne plus rester silencieuse.

«En tant que mère, je vais toujours me lever pour les jeunes femmes harcelées», a-t-elle écrit sur Twitter mercredi.

Plus tard jeudi, TVA a diffusé une entrevue avec une femme soutenant avoir été victime de plusieurs gestes de M. Aubut en 2011, lorsqu'elle travaillait dans un bureau d'avocats de Montréal.

La femme n'a pas été identifiée, mais TVA a indiqué qu'elle était une de ses anciennes adjointes exécutives.

Selon ce qu'elle raconte au réseau d'information, Marcel Aubut mettait ses mains autour de sa taille, et elles étaient un peu plus basses chaque nouvelle fois. Elle a également soutenu qu'il plaçait ses mains sur ses épaules et touchait sa poitrine. Elle l'aurait également vu en caleçons à une occasion, lorsqu'il l'a appelée dans sa salle de conférence.

Après ces incidents, a-t-elle raconté, elle a dû quitter pour des raisons de santé. Selon TVA, elle n'a pas porté plainte car le cabinet lui a proposé une entente lui donnant l'équivalent de 10 000 $ contre son renoncement à tout recours.

Âgé de 67 ans, Marcel Aubut est membre du COC depuis 2000, et président depuis avril 2010.

Par le passé, il a occupé le poste de président des Nordiques de Québec, jusqu'au déménagement de l'équipe au Colorado en 1995. Il a notamment aidé à faire venir au Canada les frères Stastny, en 1980, pour jouer pour les Nordiques.

Il a été nommé officier de l'Ordre du Canada en 1993, officier de l'Ordre national du Québec en 2006, et avocat émérite du Barreau du Québec en 2008. Il a été intronisé au Panthéon des sports canadiens en 1999.

Il exerce le droit et est partenaire, avocat et vice-président du conseil d'administration de la firme montréalaise BCF.

Mercredi, BCF a fait savoir qu'elle ne commenterait pas l'enquête et a ajouté que le rôle de M. Aubut dans la firme n'était pas à risque puisque les allégations ne concernaient pas directement ses activités professionnelles.