L'Association nationale de basketball (NBA) sera de passage à Montréal pour une deuxième fois en trois ans ce soir alors que les Knicks de New York affronteront les Raptors de Toronto dans le cadre d'un match pré-saison. En 2010, le Centre Bell avait fait salle comble et on s'attend à une foule aussi importante cette année. Le basketball serait-il plus populaire au Québec qu'on serait porté à le croire ou s'agit-il seulement d'un succès événementiel?

Pour le président de Canada Basketball, Wayne Parrish, il n'y a pas de sport plus rassembleur, car il rejoint des auditoires très variés. «Le basketball est plus accessible, puisqu'il en coûte très peu cher pour jouer. Des personnes de diverses communautés culturelles aux profils socio-économiques différents peuvent se trouver sur le même terrain ou dans la même foule. Le basketball arrive ainsi à se démarquer dans un pays dominé par le hockey.» Il admet toutefois que l'arrivée de deux équipes de la NBA en 1995 a tout changé. «Les Canadiens pouvaient désormais découvrir les joueurs personnellement et s'attacher à une équipe.»

Montréal a déjà eu des clubs professionnels: les Dragons, le Matrix, le Sasquatch... tous de lamentables échecs. Les Kebs de Québec sont maintenant à Laval dans la nouvelle Ligue nationale de basketball du Canada. Peut-être que ce circuit aura plus de succès. Le directeur général de la Fédération de basketball du Québec, Daniel Grimard, le souhaite, car selon lui, une véritable culture basketball reste à développer. «Le nombre de joueurs dans les écoles se maintient et il n'y a jamais eu autant de ligues pour les 18 ans et plus, alors l'intérêt est là. On doit s'inspirer du modèle du football universitaire. Laval, l'UdM, Sherbrooke ont réussi à faire de leurs matchs des événements. Des gens de tous âges et qui n'ont jamais joué y assistent. C'est certain que la diffusion des parties à la télé aide aussi...»

L'exode des talents

Wayne Parrish affirme que le Québec est en avance sur le reste du pays pour les programmes sport-études. Canada Basketball veut d'ailleurs encourager les autres provinces à faire de même. Les chiffres prouvent le succès du système québécois. Selon le Réseau du sport étudiant du Québec, 18 430 jeunes jouaient dans le réseau scolaire l'an dernier.

David DeAveiro, entraîneur à l'Université McGill, souligne cependant que les bons joueurs ont tendance à poursuivre leurs études aux États-Unis. «Les jeunes connaissent la NBA et la NCAA et ils veulent s'en rapprocher. Tant qu'on n'aura pas de ligue professionnelle bien organisée et un réseau universitaire mieux développé, on va perdre nos meilleurs éléments.»

Le Montréalais Kris Joseph est un exemple. L'ancien de l'Université de Syracuse a été repêché par les Celtics de Boston l'été dernier et il devrait porter l'uniforme vert et blanc cette saison. Malgré le passage presque obligatoire aux États-Unis, Wayne Parrish ne s'en désole pas. Pour l'instant, l'objectif est d'avoir plus de Canadiens dans la NBA afin d'inspirer les jeunes. Entre-temps, Canada Basketball travaille de concert avec les fédérations provinciales et les universités afin de créer un environnement qui sera en mesure de former la relève et de la garder au pays afin de faire du Canada une puissance mondiale. La récente nomination de Steve Nash au poste de directeur général de l'équipe nationale était la première étape pour donner de la crédibilité à cette ambitieuse mission.

Un long processus qui pourrait un jour rapporter des médailles olympiques et ramener une équipe de la NBA à Vancouver, et qui sait, peut-être même une à Montréal.

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Photo: Reuters

Le Montréalais Kris Joseph a été repêché par les Celtics de Boston l'été dernier et il devrait porter l'uniforme vert et blanc cette saison.