Le spectre d'un report du début de la saison de la NBA se fait de plus en plus pressant après l'annonce vendredi du report des camps d'entraînement et l'annulation des 43 premiers matchs de préparation, premiers effets concrets du lock-out.

Imposé par les propriétaires de clubs depuis le 1er juillet, le lock-out n'avait jusque-là fait les gros titres des gazettes qu'avec le choix de certains joueurs de venir jouer en Europe, à l'image de Deron Williams, arrivé en Turquie à Besiktas.

La réalité du confit social s'est faite plus palpable vendredi quand l'Association a tiré un trait sur 43 de ses 114 matches de préparation et a sans surprise annulé les camps d'entraînement, qui auraient dû débuter lundi.

À ce stade des négociations, la NBA n'a donc pas réussi à imiter la puissante Ligue de football américain (NFL), qui a pu mettre fin en juillet à un lock-out de plus de quatre mois en annulant un seul match de préparation.

La NFL a ainsi débuté en fanfare il y a deux semaines, à la date prévue, et personne ne parle plus aujourd'hui des querelles entre propriétaires milliardaires et joueurs millionnaires autour du juteux partage d'un gâteau de 9 milliards de dollars.

Le climat social en NBA est bien plus sombre et, à seulement cinq semaines du début -théorique- de la saison, l'affaire semble au point mort.

«Basketball never stops»

Les propriétaires, arguant du fait que seules huit des 30 équipes de la Ligue ont gagné de l'argent la saison passée, pour des pertes combinées de plus de 300 millions de dollars, sont décidés à imposer aux joueurs un plafond fixe de masse salariale, à l'image de ce qui se pratique en hockey sur glace, pour remplacer le plafond souple de la précédente convention collective, qui a entraîné une inflation des salaires.

Les joueurs sont opposés à une telle mesure et leur unité ne pourrait pas être plus évidente depuis cet été. Plusieurs, dont le célèbre LeBron James (Miami), sont apparus avec le fameux tee-shirt «basketball never stops».

Les propriétaires de franchises veulent aussi une plus grande part des revenus de la Ligue (estimés à 3,8 milliards de dollars pour 2010-2011). Le précédent accord offrait 57% des revenus aux joueurs. Ces derniers ont accepté de descendre à 54%, mais les patrons veulent encore faire baisser ce chiffre.

L'exemple de 1998/1999

Après l'annulation de 43 matchs de préparation, les autres pourraient suivre très vite. Une décision sur le début de la saison pourrait même ne pas trop tarder si l'on se réfère à la chronologie du dernier conflit du travail en NBA, en 1998-1999. Les premiers matches de préparation avaient en effet été annulés le 25 septembre 1998, soit au même moment qu'aujourd'hui, et les autres avaient été annulés le 6 octobre, soit moins de deux semaines plus tard.

La décision de reporter les deux premières semaines de la saison régulière 1998-1999 avait ensuite été prise le 13 octobre. La décision de rejouer n'avait été prise que le 6 janvier, à la veille de l'ultimatum fixé par le commissaire de la NBA David Stern pour l'annulation pure et simple de l'intégralité de la saison.

Après 204 jours de conflit, une saison régulière tronquée de 464 matchs (sur 1230) avait repris le 5 février 1999.

Pour la première fois, des matches de saison régulière avaient été perdus en NBA à cause d'un conflit du travail.

L'histoire est partie pour se répéter.