Le Heat de Miami est sûrement devenu la franchise la plus détestée de NBA, du moins ailleurs que dans le sud de la Floride, en assemblant cet été un effectif de rêve et en affichant une ambition en trois dimensions, avec LeBron James, Dwyane Wade et Chris Bosh.

Le Heat a attiré les trois principaux agents libres de l'été en quelques jours. Dès que Wade, champion avec Miami en 2006 et jusqu'alors la seule vedette de l'équipe, a resigné un contrat, Chris Bosh a annoncé son arrivée et LeBron James a débarqué, à la grande fureur des fans des Cavaliers de Cleveland, abandonnés à leur triste sort d'habitants d'une ville industrielle sans charme où aucune équipe professionnelle n'a été sacrée championne depuis 1964.

Le «King» a été incendié tout l'été à cause des formes mises pour annoncer son choix: une émission d'une heure sur la chaîne ESPN baptisée pompeusement The Decision et cette phrase lancée avec un brin de fatuité: «Cet automne, mon talent s'exprimera à South Beach avec le Heat de Miami .»

La chose a été une catastrophe en terme de communication. Les critiques et les mots durs ont plu sur le Chosen One (l'Elu), plus sur la forme que sur le fond d'ailleurs. James s'en souviendra. «Ne croyez pas une seconde que j'ai oublié tous ceux qui m'ont dénigré cet été. Et je dis bien tout le monde !», a-t-il tweeté. Ce à quoi Charles Barkley a répondu: «Il peut mettre mon nom sur la liste, je trouve que son émission était une connerie».

Mais le choix sportif est cohérent. Les membres du Very Big Three sont amis, arrivés en NBA en 2003, tous dans les cinq premiers du repêchage, et ont gagné une médaillé d'or olympique à Pékin en 2008 avec les Etats-Unis.

Ils ont en plus chacun sacrifié plusieurs millions de dollars pour s'offrir une bague. «La seule raison pour laquelle C-Bosh, D-Wade et moi nous sommes unis, c'est pour devenir champion», a souligné James.

«Gentils et méchants»

Et Miami a fait en sorte que ses joyaux soient bien entourés, avec notamment des shooteurs extérieurs de pointe, comme Mike Miller (absent jusqu'en janvier sur blessure) ou Eddie House, et du renfort à l'intérieur avec le Lituanien Zydrunas Ilgauskas ou le vétéran Juwan Howard. Le jeune Mario Chalmers est toujours prometteur à la mène et le fiable Udonis Haslem a été recruté pour solidifier le banc. Michael Beasley, doué mais source de problèmes, est parti.

Mais le Heat ne s'est pas fait que des amis au passage et sera attendu au tournant tous les soirs, à commencer par mardi à Boston. Le retour de James à Cleveland le 2 décembre ou le match chez les Lakers, champions en titre, le 25 décembre, font autant saliver les fans de basket que les télés américaines.

Selon le Los Angeles Times, Lakers-Heat affiche complet et des places en bord de terrain peuvent être achetées 20 000 dollars sur des sites de revente.

Pour certains, ce sont désormais les Devils de Miami. Le patron de la NBA David Stern a joué l'apaisement en expliquant qu'il ne fallait pas voir «des gentils et des méchants» mais apprécier «certains des plus grands joueurs de basketball de l'histoire».

Mais les superlatifs marchent dans les deux sens et certains observateurs voient Miami aller très haut. Trop ? Selon l'ancien coach devenu commentateur Jeff Van Gundy, «le Heat va battre le record de victoires en une saison (72, par le Chicago de Michael Jordan), ils sont une bonne chance de battre le record de 33 victoires consécutives des Lakers (en 1971-72) et ils ne perdront jamais deux fois de suite cette saison». Rien que ça.