Les All Blacks jouent dimanche (20h30 locales, 3h30, heure de Montréal) leur quart de finale de Coupe du monde face à l'Argentine avec sur leurs épaules 24 ans d'attente et les questions d'une nation qui s'interroge sur leur capacité à décrocher un titre mondial.

Après un chemin de quatre ans, voilà les All Blacks dans le dernier virage. Première équipe du Mondial qualifiée après quatre victoires bonifiées en quatre matchs, ils l'avaient abordé en tête. Puis l'horizon s'est assombri.

Dimanche dernier, Dan Carter, leur demi d'ouverture et maître à jouer, meilleur marqueur de la planète (1250 points) et mondialement reconnu pour son talent, a dû déclarer forfait pour la suite de la compétition, blessé aux ischio-jambiers.

Cette semaine, le capitaine Richie McCaw, l'autre clé de voûte de l'équipe et idole du pays, ne s'est pas entraîné en raison de douleurs au pied droit, qui avait été opéré d'une fracture de fatigue en février. Les pessimistes y voient un bégaiement de l'histoire.

En 2007, la semaine précédant le quart de finale face au XV de France, Carter ne s'était pas entraîné, touché à un mollet. Titularisé pour le match, il avait quitté la pelouse à la 56e minute. Vingt-quatre minutes plus tard, les All Blacks étaient éliminés (20-18)...

Les optimistes estiment que leur équipe, qui s'est attachée depuis à «prévoir l'imprévu», ne peut pas commettre les mêmes erreurs. Encore moins face à une équipe qui ne l'a jamais battue en treize confrontations (12 victoires, un nul).

«La pression est sur eux»

Mais les questions sont là: Colin Slade, le remplaçant de Carter, qui fêtera dimanche seulement sa dixième sélection, a-t-il l'étoffe d'un patron? McCaw qui a assuré samedi qu'il était «en état de jouer» l'est-il vraiment? Kieran Read, qui n'a joué que 50 minutes la semaine dernière après une blessure à une cheville, tiendra-t-il? Sonny Bill Williams, titularisé à l'aile en raison des blessures de Dagg, Kahui et Guilford, sera-t-il solide sous les chandelles-tests que devraient lui envoyer les Argentins?

L'entraîneur Graham Henry a mis dans la balance toute l'expérience (Mealamu, Woodcock, Thorn, Weepu, Nonu, Smith, Muliaina, qui fêtera sa 100e sélection) et le talent (Whitelock, Kaino, S.B. Williams) dont il dispose pour tuer dans l'oeuf la furia des Argentins, qui rendent aux All Blacks six places au classement mondial (7e).

«Les matchs de Coupe du monde apportent toujours un supplément de patriotisme et de nationalisme qu'on ne trouve pas dans les matches internationaux traditionnels», prévient l'entraîneur-adjoint néo-zélandais Wayne Smith.

Cette fibre affective anime les Pumas plus que toute autre équipe que ce soit en défense, où ils présentent selon Smith «un des meilleurs bilans depuis deux Coupes du monde», et en attaque, comme l'a montré leur essai à sept minutes de la fin face à l'Écosse qui les a quasiment qualifiés (13-12) pour les quarts de finale.

«On sait qu'on peut tenir ces matchs difficiles, et c'en est un face aux All Blacks, dans un lieu mythique, l'Eden Park. Toute la pression est sur eux», estime le pilier Rodrigo Roncero.

Cinq ans après leur dernière confrontation, quatre ans après leur troisième place du Mondial-2007, les Argentins n'ont rien à perdre. Au contraire des All Blacks.