Un comité de l'Agence mondiale antidopage (AMA) présentera lundi les grandes lignes d'un rapport sur des allégations d'extorsion et de camouflage liées à de présumés cas de dopage en Russie - un rapport qui, selon l'un des enquêteurs, mettra en lumière «un niveau de corruption d'une tout autre dimension» que celle associée à la FIFA.

Lamine Diack, l'ancien président de l'Association internationale des fédérations d'athlétisme (AIFA), fait l'objet d'une enquête criminelle et est soupçonné de corruption et de blanchiment d'argent. Des procureurs français ont déclenché cette enquête à partir d'éléments fournis par le comité de l'AMA.

Le comité, que préside Dick Pound, un avocat canadien et ancien président de l'AMA, présentera certaines de ses conclusions au cours d'une conférence de presse à Genève.

Selon Richard McLaren, un autre avocat canadien qui siège au sein du comité de trois personnes, ce rapport viendra «bouleverser les fondations du sport».

Dans des commentaires publiés par l'Université Western, où il enseigne le droit, McLaren est d'avis que le niveau de corruption alléguée est totalement différent que ceux associés à la FIFA ou encore à l'attribution des Jeux olympiques d'hiver de Salt Lake City.

McLaren a aussi laissé sous-entendre que les allégations sont plus graves que celles associées à la FIFA, qui n'ont pas eu de répercussions sur les résultats des matchs de la Coupe du monde de soccer.

«Contrairement à la FIFA, où vous avez un groupe de vieux messieurs qui ont mis plein d'argent dans leurs poches, ici vous avez potentiellement un groupe de vieux messieurs qui se sont mis de l'argent dans les poches - via de l'extorsion et des pots-de-vin - mais qui ont également provoqué des changements significatifs dans les résultats et les classements des compétitions internationales d'athlétisme», affirme McLaren.

Le rapport ciblera la Russie, à peine deux ans après la tenue des Championnats du monde d'athlétisme à Moscou, et moins de deux ans après la présentation des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi.

Diack, un Sénégalais âgé de 82 ans, a quitté ses fonctions au mois d'août après 16 ans. L'actuel président de l'AIFA, Sebastian Coe, a affirmé qu'il ne savait rien des allégations entourant Diack, avant d'en être informé par les autorités françaises.

«Je suis en colère, très en colère, a déclaré Coe à l'Associated Press. Je suis en colère à cause de la position dans laquelle se trouve notre sport aujourd'hui. Je suis sidéré, furieux et consterné. Ce sont des jours noirs.»

L'AMA a lancé une enquête indépendante après la diffusion par le diffuseur allemand ARD, en décembre dernier, d'un documentaire portant sur le dopage en Russie. Le reportage affirmait qu'il existait du dopage systématique en athlétisme et dans d'autres sports olympiques, autant d'été que d'hiver.

Des responsables de la Fédération d'athlétisme de la Russie, de l'Agence antidopage russe et d'un laboratoire certifié par l'AMA à Moscou seraient mêlés à des actes de corruption pour camoufler des tests de dopage positifs, pour falsifier des tests et pour fournir des substances interdites.

Le réseau ARD soutient que Lilya Shobukhova, une ancienne gagnante du marathon de Chicago, a versé 450 000 euros (643 455 $) à des dirigeants russes liés à Valentin Balakhnichev, alors trésorier de l'AIFA, qui l'aurait menacée de suspension en lien à du dopage avant les Jeux olympiques de Londres, en 2012.

Lorsque Shobukhova a été suspendue pour une période de deux ans en 2014, son mari aurait reçu un remboursement de 300 000 euros (428 970$) lié à Balakhnichev.