L'inculpation pour meurtre de l'athlète paralympique sud-africain Oscar Pistorius, égérie de grandes marques attirées par son histoire aux airs de conte de fées, plonge ses commanditaires dans l'embarras.

De l'équipementier sportif Nike à British Telecom (BT), qui en avait fait la tête d'affiche de sa campagne publicitaire lors des Jeux paralympiques de Londres l'an dernier, en passant par le groupe islandais Össur, fabricant de ses prothèses, l'heure est au «wait and see».

«Étant donné les procédures légales en cours, il serait inapproprié pour nous de faire davantage de commentaires à l'heure actuelle. Nos pensées vont à toutes les personnes affectées», a déclaré à l'AFP un porte-parole de BT, assurant que le multiple champion paralympique reste pour l'heure un ambassadeur de la marque.

«Pour le moment, il y a une affaire qui fait l'objet d'une enquête. Nous ne parlons pas du parrainage», avait déjà déclaré jeudi à l'AFP Seruscka Naidoo, la porte-parole de Nike Afrique du Sud.

Sur le site internet de Pistorius, une publicité pour Nike avec une photo du Sud-Africain et le slogan «I am the bullet in the chamber» («Je suis la balle dans le canon») venait alors tout juste d'être retirée.

«C'est le site internet d'Oscar, pas un site appartenant à Nike», avait précisé la porte-parole de l'équipementier américain.

La chaîne cryptée sud-africaine M-Net Movies a quant à elle interrompu sa campagne de promotion intitulée «Chaque soirée est une soirée d'Oscar», «par respect et sympathie pour les personnes endeuillées».

Armstrong et Woods



Pistorius, né sans péronés et devenu le premier double amputé à défier les valides aux Jeux olympiques l'an dernier après un long bras-de-fer avec la Fédération internationale d'athlétisme, a largement dépassé le cadre peu médiatique de l'handisport pour devenir une icône mondiale.

Il avait aussi tourné une publicité pour le parfum «AMen» de Thierry Mugler - qui ne souhaite pas davantage faire de commentaire dans l'immédiat - et conclu un contrat avec le fabricant de lunettes de soleil Oakley.

L'ensemble de ses partenariats lui rapporterait environ 4,7 millions de dollars, soit l'essentiel de ses revenus, selon le Financial Times.

Dans des circonstances moins tragiques, des commanditaires avaient interrompu leur collaboration avec des athlètes.

En fin d'année dernière, Nike avait ainsi mis fin à un partenariat de 16 ans avec le cycliste Lance Armstrong, après la publication du rapport de l'Agence antidopage américaine (USADA) qui a abouti à l'annulation des sept victoires du Texan sur le Tour de France pour dopage.

Oakley, le fabricant de cycles Trek, le brasseur Anheuser-Busch, une société de boisson énergétique (FRS), une compagnie de nutrition sportive (Honey Stinger) et le fabricant des casques Giro avaient également très vite abandonné le cycliste.

Le golfeur Tiger Woods avait pour sa part perdu plusieurs parraineurs comme la société de conseil Accenture, ATT, Gatorade ou Gillette après la révélation de ses infidélités conjugales à la fin de 2009.