En repoussant les frontières chronométriques, Usain Bolt a aussi porté le salaire de la sueur à des niveaux jamais atteints en athlétisme: comme à chaque apparition, la foudre touchera 300 000 $ pour quelque vingt secondes de course vendredi soir à Paris.

«Cela représente une grosse partie du budget» mais l'homme le plus rapide de la planète «le vaut bien», a souligné mercredi le directeur du meeting, Laurent Boquillet.

Le triple détenteur du record du monde contribue à remplir sur son seul nom les gradins du Stade de France, et ses retrouvailles sur 200 m avec Christophe Lemaitre, l'attraction française, sont annoncées comme l'apothéose finale de cette huitième étape de la Ligue de diamant, à laquelle sont attendues près de 50 000 personnes vendredi soir.

Un mois après Oslo, le champion du monde et olympique courra dans la capitale française son deuxième 200 m de la saison, avec pour seule ambition de mettre en pratique la technique qu'il a peaufinée pendant ce mois d'absence. «Si je suis fluide, le chrono suivra», a estimé le Jamaïcain, qui touchera en cas de victoire 10 000 $ en plus.

Si les tarifs du roi du sprint sont connus, le directeur du meeting parisien préfère laisser à Lemaitre le soin de divulguer les siens s'il le souhaite. «Christophe Lemaitre est le deuxième mieux payé du meeting. Et je peux vous assurer que c'est la première fois en France, qu'un athlète français est le deuxième mieux payé», a-t-il cependant précisé.

Mais entre le Jamaïcain et les autres têtes d'affiche, l'écart est à la mesure de l'intérêt médiatique que suscite «l'homme qui fait parler de l'athlétisme». Dayron Robles, le Cubain champion olympique en titre du 110 m haies vaut environ dix fois moins, dans les mêmes eaux que Veronica Campbell-Brown, la Jamaïcaine triple médaillée d'or olympique.

Présentation spéciale au public

En fait, après Bolt, l'athlète le mieux payé était jusqu'alors l'Américain Tyson Gay aux alentours de 100 000 $, selon Laurent Boquillet. Ancien agent du coureur de fond marocain Hicham El Guerrouj, il se rappelle qu'après ses deux titres olympiques d'Athènes en 2004, ce dernier était l'un des plus gourmands avec des prétentions allant jusqu'à 100 000 $.

Il a pu «voir vraiment une explosion avec Usain Bolt et l'intérêt qu'il suscite». À Oslo, le Jamaïcain, qui adore faire le spectacle, a attisé le public en faisant un tour de piste dans une voiture rouge, avec les bras en archer, son signe distinctif.

À Paris aussi, Bolt aura le droit, tout comme Lemaitre, à une présentation spéciale au public. «À ce prix là, c'est bien de l'avoir plus que dix secondes ou vingt secondes de course. Il se montre compréhensif et se plie facilement au jeu», a souligné Laurent Boquillet.

Comme le Jamaïcain préfère être payé en dollars américains, les organisateurs de meetings européens ont eu une bonne nouvelle en voyant le billet vert dégringoler par rapport à l'euro cette année, Laurent Boquillet le premier: «En ce moment c'est bien! D'ailleurs j'ai déjà payé pour être sûr de profiter du dollar bas».