La rubrique où les journalistes de l’équipe des Sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir

Nicholas Richard

En 2007, j’ai eu la chance d’être porteur de drapeau avant un match du Canadien au Centre Bell. En tant que membre du fan-club des Canadiens, j’ai été choisi au hasard. Mon père avait acheté sa première caméra DVD pour inaugurer ce moment. J’avais quitté mon match Atome contre le Concorde de Mirabel prématurément pour me rendre au Centre Bell, question de répéter la chorégraphie sur un demi-tour de glace. Dans l’après-midi, j’ai même eu la chance de jouer au hockey sur la patinoire du Canadien avec l’autre garçon, Philippe de son prénom. C’était comme jouer au parc, mais au centre de 21 273 sièges vides. Pendant ce temps, mon père a réussi à prendre une photo avec Rod Brind’Amour. Nous avions aussi eu la chance de croiser Mike Komisarek et Jaroslav Halak. Et le soir venu, jamais dans ma vie de banlieusard je n’ai connu un stress pareil. La plus grande inquiétude ? Trébucher en sautant sur la glace du banc des joueurs qui semblait mesurer 16 mètres de haut. Et au son de Crazy, de CeeLo Green, et devant un Centre Bell rempli, j’ai porté le drapeau sur un demi-tour de glace. En le brandissant, j’ai accroché le visage de Josef Vasicek au banc des Canes. Puis, j’ai reçu les fameux coups de bâton de Tomas Plekanec sur les jambières.

Guillaume Lefrançois

PHOTO DENIS COURVILLE, ARCHIVES LA PRESSE

Wilfredo Cordero avec les Expos de Montréal

Le 19 septembre 1993, les Expos étaient à cinq matchs des Phillies et du premier rang de la division Est de la Ligue nationale. Le temps pressait, mais pour les fans de ma génération, qui n’y étaient pas pour les séries de 1981 ou qui ne se souvenaient pas de la course au championnat de 1987, c’était un moment enivrant, la première fois où on croyait réellement que les Expos avaient une chance de participer aux séries. Ce dimanche-là, les Phillies menaient 5-4 lorsqu’ils ont envoyé le détestable Mitch Williams – en tout cas, moi, je détestais son look de malpropre – pour fermer les livres en neuvième manche. C’est là que Wilfredo Cordero a frappé son coup sûr le long de la ligne du troisième but pour faire marquer Delino DeShields et Rondell White, et donner la victoire aux Expos. Des années plus tard, lors d’une virée à New York, j’ai convaincu mes chums Dave et Mitcher, en revenant du musée de la philosophie existentialiste, de mettre à la télévision la reprise de ce match, qui se retrouve sur YouTube. Le bon Mitcher a donc vaillamment branché l’ordinateur dans la télévision, et comme par magie, nous revoici en 1993. Sauf que comme un idiot, j’avais mal identifié la date et on a plutôt attendu tout ce temps pour un match qui a pris fin sur un ballon-sacrifice. Ah oui, et je m’étais endormi. Glorieux lundi soir. Mais bon, deux semaines après, la pandémie éclatait, donc avec le recul, ce sont de bons souvenirs. En tout cas, pour moi.

Richard Labbé

PHOTO ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Les Américains célèbrent leur victoire surprise contre les Soviétiques aux Jeux olympiques de Lake Placid en 1980.

Quand j’étais petit, au hockey, il y avait deux certitudes : le Canadien allait gagner la Coupe, et l’équipe soviétique allait gagner toutes les compétitions internationales. J’étais très habitué à voir le visage défait de mon père devant la télé chaque fois que le Canada affrontait « les maudits Russes », comme on les appelait, un club tout à fait paqueté avec un gardien, Vladislav Tretiak, qui arrêtait tout. Tellement qu’en 1980, par un vendredi soir de février, mon père avait tout simplement « oublié » de regarder l’avant-dernier match des Jeux olympiques de Lake Placid, qui opposait les Soviétiques à un club américain formé de joueurs universitaires. Nous étions donc dans les allées des chics Galeries d’Anjou, occupés à faire autre chose, quand mon père a poussé un cri d’étonnement devant un magasin de téléviseurs, où l’une des télés en vitrine diffusait le match. Je me souviens encore des secondes qui s’égrainaient à l’écran, et du score affiché : USA 4, USSR 3. Les « maudits Russes », qui ne perdaient jamais, allaient perdre la médaille d’or devant des étudiants. On ne pouvait pas y croire, et 44 ans plus tard, je n’y crois toujours pas.

Katherine Harvey-Pinard

Il y en a tant, considérant que j’ai passé toute mon enfance et mon adolescence dans les arénas. Mais je n’ai pas le choix d’y aller avec un cliché : les matchs de mini-hockey dans le sous-sol de la demeure familiale, à Arvida. Avec mes trois frères et leurs amis, on enlevait le sofa du chemin afin de se créer un long corridor. Comme je faisais souvent office de gardienne, j’enfilais les jambières de joueur d’un de mes frères afin de mieux glisser sur la céramique (eh oui !). Je me souviendrai toujours de cette fois où un morceau de céramique s’est complètement arraché sous l’effet des coups de bâton. Scoop : mes parents ont fait refaire le plancher une fois que nous sommes devenus adultes ! Maintenant, le sous-sol est le lieu des matchs de fléchettes et de ping-pong… et c’est le mur qui est scrap !

Jean-François Téotonio

PHOTO TIRÉE DU SITE DE L’UEFA

L’équipe du Portugal à l’Euro 2004 de soccer

Été 2004, à Saint-Bruno. Nous avons fait la route de Gatineau pour retrouver toute la famille du côté de mon père, rassemblée chez ma tante Aline. Les drapeaux du Portugal sont affichés à l’avant de la maison, dans la cour arrière, à l’intérieur. C’est l’Euro, il a lieu au Portugal, qui y joue avec ses grands Luis Figo, Deco, Pauleta, ainsi qu’un jeune Cristiano Ronaldo. J’ai 14 ans, et je comprends pour la première fois l’effervescence qui peut être reliée à un match sportif. Mon père, originaire de Québec, est un partisan nostalgique des Nordiques reconverti en fan des Sénateurs. Il n’était pas parvenu à m’insuffler l’amour du sport jusque-là. Allez savoir pourquoi. En réalité, chers lecteurs, je n’ai aucun souvenir de l’adversaire de la Seleção ce jour-là. Était-ce la Grèce, qui a battu les hôtes en finale à Lisbonne ? Était-ce une rencontre de la phase de groupe ? Bref, ce n’est pas cela qui m’est resté en tête. Ce dont je me souviens, c’est cet esprit de communion, le sport qui rassemble jovialement autour d’une seule et même cause. Et c’est ce qui me touche encore aujourd’hui lorsque j’assiste à des évènements sportifs. Ma tante Aline nous a quittés beaucoup trop tôt en 2012. Je dédie donc ce passage à l’une des plus grandes fans de sport que j’ai connues. Salut, ma tante !

Alexandre Pratt

PHOTO TIRÉE DU SITE D’EBAY

Carte du lanceur Dave Righetti de 1987

Ces printemps de la fin des années 1980 où, tous les jours, j’enfourchais mon vélo et partais faire la tournée des dépanneurs du quartier pour savoir s’ils avaient reçu la nouvelle série de cartes de baseball O-Pee-Chee. Ma joie, en avril 1987, lorsque j’ai aperçu, au milieu de l’étalage de bonbons du Perrette, une jolie boîte jaune et vert frappée d’une image de mon joueur préféré, Dave Righetti. Et à l’intérieur, 36 paquets tout neufs, qui ne demandaient qu’à être déballés. En plus, les cartes venaient avec un bâton de gomme gratuit. Ça m’a valu quelques caries, mais je ne regrette aucun plombage.

Mathias Brunet

Deuxième paragraphe de ma lettre de présentation envoyée à la direction de La Presse, le 15 mars 1991, dans l’espoir d’être admis au stage estival : « C’est à 13 ans que j’ai reçu la piqûre du journalisme. Au mois de mai 1982, au Complexe Desjardins, j’assiste par hasard à une conférence de presse organisée par les dirigeants des Alouettes de Montréal, de la Ligue canadienne de football. Instinctivement, je tente de joindre certains athlètes pour leur tirer quelques mots et je réussis. Déterminé, j’en veux plus encore. J’entre alors en contact avec le relationniste de l’équipe pour approfondir ma “recherche” et, surtout, visiter le vestiaire de l’équipe à une date ultérieure. À la suite de pourparlers très ardus, j’obtiens satisfaction : je visiterai le vestiaire quelques jours plus tard. Finalement, de fil en aiguille, mes liens avec les gens de ce milieu se resserreront et je passerai une bonne partie de l’été dans l’entourage de l’équipe pour compléter mes entrevues. Ce premier contact avec le journalisme, l’adrénaline qui coule dans les veines lorsqu’on tente d’interviewer le héros du jour, ce contact intime avec nous-mêmes lorsqu’on écrit, cette joie de voir notre texte publié (dans le journal de l’école), cette satisfaction de constater que le lecteur apprécie, bref, cette première aventure a allumé en moi une flamme qui ne s’est jamais consumée. Encore aujourd’hui, à 22 ans, je ressens encore la même passion chaque fois que j’écris un article. » Encore aujourd’hui, à 55 ans, je ressens encore la même passion chaque fois que j’écris un article…

Jean-François Tremblay

PHOTO RICK SCUTERI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le lutteur Bret Hart

Mes premiers souvenirs sportifs sont tous associés à mon grand-père Jacques, aujourd’hui disparu. De la tournée de balle molle du Canadien, à ma première visite au Forum, en passant par le plus grand moment sportif de ma jeunesse : un spectacle de la WWF au Forum. Une petite recherche Google me replace très exactement au 4 décembre 1992. Une journée dont je me souviens comme si c’était hier, car, de ma place de rêve à la troisième rangée du parterre, j’avais pu toucher la ceinture de champion de la WWF sur les épaules de Bret Hart. Ce même Bret Hart, le héros de mon enfance, et encore aujourd’hui le meilleur lutteur de l’histoire de l’humanité. Le petit garçon de 10 ans que j’étais a été tellement émerveillé par l’Excellence de l’Exécution qu’il en avait oublié son adversaire du jour, le tout aussi légendaire Ric Flair…

Appel à tous

Et vous, quel est votre plus beau souvenir d’enfance lié au sport ?

Écrivez-nous