Elles ont traversé le Québec ensemble pendant six ans. Maintenant, elles partent sillonner le Sahara. En octobre, le temps de quelques jours, les Grandes Crues troqueront les scènes et les coupes de vin contre les dunes et une boussole.

En entrevue avec La Presse, par un mardi matin de septembre, Ève Côté et Marie-Lyne Joncas paraissent sincèrement emballées de prendre part au 22e Trophée Roses des Sables. Le 10 octobre, elles s’envoleront pour le Maroc pour participer à ce rallye d’orientation 100 % féminin.

En tant que porte-parole, les deux humoristes occuperont un rôle d’écoute et de soutien auprès des équipages, dont 27 sont composés de Québécoises. Elles entendent néanmoins vivre la compétition à fond, comme toutes les autres participantes. Traîner la patte n’est même pas une option.

« On va jaser avec le monde, ça fait partie du rôle, mais nous, on avait envie de faire la compétition pour vrai, dit Marie-Lyne Joncas. Ça va vraiment être de se reposer, d’être concentrées, de faire la bonne affaire pour pouvoir gagner. C’est sûr qu’on veut gagner. »

Par le passé, les deux amies avaient déjà abordé l’idée de s’inscrire au rallye en tant que participantes officielles. Cette implication, elles ne la voient donc pas du tout comme une tâche.

« Je ne sais pas encore exactement dans quoi je m’embarque, mais c’est un défi que j’avais le goût de relever », lâche Ève Côté.

Tous ceux qui arrivent de là, on dirait qu’ils parlent comme des olympiens. Ils ont vécu quelque chose que personne ne peut vivre s’ils ne le font pas.

Ève Côté

Le Trophée Roses des Sables exclut toute notion de vitesse. Les 315 participantes passent 48 heures en autonomie complète ; munies d’un guide (road book) et d’une boussole, elles parcourent des milliers de kilomètres au cœur du désert marocain. Elles doivent respecter deux impératifs, peut-on lire sur le site web du Trophée, soit « le pointage des contrôles de passage disposés sur le tracé et la limitation maximale du nombre de kilomètres parcourus à chaque étape ».

Chez les Grandes Crues, c’est Ève Côté qui pilotera le côte-à-côte, tandis que Marie-Lyne Joncas se chargera de la navigation.

« Moi, la boussole, on dirait que la seule affaire que je sais, c’est qu’il faut que j’enlève ma ceinture, sinon tu peux fucker le nord ! », s’exclame Ève Côté. « Le sens d’orientation, je ne l’ai pas, mais Marie-Lyne est forte là-dedans. Quoiqu’on s’est déjà ramassées sur une piste de ski-doo en tournée. »

« C’est le GPS qui nous a amenées là, réplique Marie-Lyne Joncas. Ce n’était pas de ma faute ! »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Marie-Lyne Joncas et Ève Côté

De nouvelles « chums de femmes »

On dit souvent qu’un voyage a le pouvoir de rapprocher les gens… ou de les éloigner. C’est, devine-t-on, le même principe avec un rallye dans le désert. Il est difficile pour quiconque de prévoir comment il réagira une fois perdu dans les dunes du Sahara. Ève Côté et Marie-Lyne Joncas ont bien conscience de tout ça, mais des défis, leur amitié en a vu d’autres.

« On est quand même fortes de nos six ans de tournée en Grandes Crues où on est passées de jeunes femmes sur le party, à jeunes femmes établies qui ont appris à communiquer ensemble. […] On part très confiantes que ça va bien aller. »

Les deux femmes aux tempéraments bien différents savent se réconcilier, ou se « reséduire », dixit Marie-Lyne Joncas.

« On est passées par à peu près toute la gamme [d’émotions], d’être sur le bord de ne plus jamais se parler de nos vies à presque se demander en mariage », laisse-t-elle tomber.

Si on se chicane parce qu’il y en a une qui a un peu trop de sable dans la bouche et qu’elle est tannée… On va se remonter le moral et avancer.

Marie-Lyne Joncas

« Au bout de l’affaire, tous les soirs, il y a du vin rosé frais qui nous attend, ç’a l’air. C’est quand même une bonne paie ! », s’exclame Marie-Lyne Joncas dans un sourire. À cela, Ève Côté ajoute : « On va se concentrer sur les vraies affaires ! »

Les Grandes Crues étant ce qu’elles sont – des « jaseuses, des femmes du peuple » –, elles sont surtout impatientes d’aller à la rencontre des participantes, qui ont toutes leurs propres raisons de s’être inscrites au rallye. Comme ces deux sœurs, Édithe Fréchette et Marilou Guévin, séparées durant leur enfance et ayant appris l’existence de l’une et l’autre à l’âge adulte.

« J’ai-tu hâte, moi, de parler avec ces deux femmes-là ! », lance Côté. « C’est sûr qu’on va revenir avec minimum 100 amis Facebook de plus et une couple de chums de femmes avec qui faire des soupers ! »

Solidarité

Le Trophée Roses des Sables soutient cinq associations : Enfants du Désert, Ruban Rose, Jeune & Rose, le Club des petits déjeuners et la Croix-Rouge française.