L’homme le plus en forme au monde. C’est avec cet enviable titre que Jeffrey Adler pourra se présenter à tout un chacun pour la prochaine année.

Dimanche dernier, le Québécois a été sacré champion des CrossFit Games, la compétition sportive la plus relevée et la plus prestigieuse tenue sur le globe. Il est le deuxième représentant de la Belle Province à triompher lors de cette compétition suprême, après Camille Leblanc-Bazinet en 2014. Accessoirement, il est aussi le premier homme non américain à décrocher le titre depuis 2009. Un sacré tour de force.

« Je ne me suis jamais dit qu’un jour je pourrais dire que je suis l’homme le plus en forme au monde, raconte Adler au bout du combiné. Puis, ça fait spécial à dire. C’est un peu irréel. Même si j’ai fait le travail, la compétition et qu’on a gagné fair and square, on dirait que je ne l’ai pas mérité. C’est vraiment bizarre comme sentiment, mais c’est un peu comment je me sens.

« Mais maintenant, j’ai le droit de le dire. C’est moi pour vrai. »

Deux jours après son sacre, La Presse joint Adler alors qu’il est à Chicago en attente de son escale vers Montréal. Encore à ce moment, celui qui a été bénévole pour l’évènement en 2016 et en 2017 arrive à peine à digérer cette victoire spectaculaire acquise à Madison, au Wisconsin.

PHOTO FOURNIE PAR JEFFREY ADLER

En plus de Jeffrey Adler, les Canadiens Patrick Vellner (2e) et Brent Fikowski (4e) ont terminé dans le top 5 des CrossFit Games.

Une remontée décoiffante

La compétition, tenue sur quatre journées, ne s’était pas entamée de la façon souhaitée pour Adler. Après la première journée, il avait terminé hors du top 10 lors de deux des trois épreuves et, surtout, avait près d’une centaine de points de retard sur le meneur, l’Américain Roman Khrennikov.

Bien que le Canadien eût été étincelant lors de la deuxième journée en remportant une des trois épreuves et terminant dans le top 10 pour les deux autres, le constat était sensiblement le même : Adler était en deuxième place avec 100 points de retard sur Khrennikov.

« Je me souviens d’avoir parlé avec un autre athlète le vendredi soir et de lui avoir dit que Roman a déjà gagné les Games. Je ne voyais pas la possibilité de rattraper autant de points versus quelqu’un qui n’en laissait aller aucun. Il était tout le temps dans le top 5 ou le top 7. C’est difficile de gagner des points contre quelqu’un qui est aussi constant », se rappelle-t-il.

Ça n’arrête pas là. Il parle aussi avec son compatriote Patrick Vellner et lui demande son soutien : « Pat, il va falloir que tu m’aides parce que ça me prend du monde entre moi et Roman », lui lance-t-il à la blague.

Bonne nouvelle pour Adler, il restait deux jours de compétitions. Il a tâché de se rappeler son plan de match qu’il a élaboré avec son entraîneuse, également sa fiancée, Caroline Lambray. Il a réalisé une étape à la fois avec comme objectif d’obtenir le plus de points possible sans tenir compte du classement.

Cela a porté ses fruits puisqu’à la fin de l’avant-dernière journée de compétition, l’avance de Khrennikov sur Adler n’était que de 13 points.

Lors de la première épreuve de l’ultime journée, Adler triomphe. Cette victoire le propulse dans le rôle de meneur. Pour la 11épreuve, il arbore les shorts rouges et le chandail blanc – l’équivalent du maillot jaune au Tour de France.

Si Adler est sur une séquence où rien ne peut l’arrêter, Khrennikov, lui, voit le ciel s’écrouler sur sa tête. L’Américain s’est fracturé un pied vers la fin de la 10épreuve et même s’il terminera la compétition, il ne peut rivaliser avec le Québécois qui est dans la forme de sa vie.

« C’est vraiment triste, ce qui est arrivé. J’aurais bien aimé me battre de façon égale jusqu’à la fin », note Adler. Ultimement, Khrennikov a pris le troisième rang.

Adler, quant à lui, met la main sur la bourse du vainqueur de 315 000 $. Certains diront que ce n’est pas vilain pour un ex-bénévole.

Prochaine mission : relaxer

Après une compétition qu’Adler a jugée comme la plus difficile depuis « longtemps », le repos sera de mise pour le prochain mois. Son objectif : « ne pas faire trop de sport » d’ici là et profiter de cette pause salutaire avec sa fiancée. Et non sa coach.

« On compartimente vraiment bien notre relation, explique-t-il. Tu sais que quand c’est le temps d’avoir le lien coach et athlète, c’est le temps d’être coach et athlète. Puis quand c’est le temps de relaxer et prendre des vacances et être fiancés, c’est l’aspect coach et athlète qui prend le bord un peu.

« On va probablement quitter le Québec un petit peu et aller se promener. Mais nous n’avons rien encore de coulé dans le béton. D’ici à septembre, là on est pas mal lousse. »

Profiter de l’occasion pour promouvoir le sport

Avant de raccrocher, l’athlète avait un message qui lui tenait particulièrement à cœur. Celui de promouvoir l’activité physique. Le copropriétaire de la salle d’entraînement CrossFit Wonderland a tenu à prêcher pour toutes les paroisses, pas seulement la sienne. « Il y a toutes sortes de sports qu’on peut faire et qui sont très accessibles. […] Il y a des salles de sport partout. Il suffit de prendre un petit peu de temps, puis d’aller bouger », fait-il remarquer.