Annie Guglia a eu un déclic. En 2016, quand la planche à roulettes est entrée dans la famille olympique et que ses abonnés se sont multipliés par centaines sur ses réseaux sociaux, elle a réalisé qu’elle détenait une forme de pouvoir. Celui d’influencer.

« Quand tu as cette espèce de pouvoir là, je trouve ça important de l’utiliser à bon escient », lance la sympathique planchiste au bout du fil.

C’est un peu en ce sens qu’elle a récemment accepté de devenir ambassadrice pour la Fondation Jeunes en tête. Son rôle ? Parler de santé mentale, donner des trucs pour maintenir un bon équilibre psychologique et répondre à des questions que les jeunes n’osent pas toujours poser. Le tout, à travers de petites capsules diffusées sur les réseaux sociaux.

Annie Guglia a toutes sortes de choses à dire à ce sujet. Pour preuve, notre entretien qui devait durer un quart d’heure s’est finalement étiré sur une trentaine de minutes.

Ce désir de Guglia de prendre la parole et de soutenir la jeunesse a commencé à se manifester en 2016, quand elle a entrepris sa préparation pour se qualifier pour les premiers Jeux olympiques dont le programme incluait la planche à roulettes. C’est là, alors que la pression sur ses épaules était parfois lourde à porter, qu’elle a pris conscience de l’importance de prendre soin de sa santé mentale.

« J’ai réalisé que j’avais beaucoup d’anxiété. Ça a vraiment fait ressortir tout ça et j’ai commencé à voir des psychologues sportifs. Ça m’a vraiment aidée et j’ai réalisé que toute mon adolescence, j’aurais pu bénéficier d’avoir une sensibilisation sur ma santé mentale. »

En 2020, la planchiste a vécu des montagnes russes d’émotions. Initialement, elle n’a pas obtenu sa place aux Jeux olympiques, malgré tant d’années d’efforts et de sacrifices.

« C’était la première fois que j’avais l’impression d’avoir échoué et d’avoir laissé tomber tout le monde, se souvient-elle. C’était dur parce que quand tu as du succès, c’est public, mais quand tu échoues, c’est public aussi. C’était un peu humiliant. »

Guglia a gardé la tête haute, elle ne s’est pas apitoyée sur son sort. Elle a tenté de voir les choses positivement. Et avec 36 heures d’avis, elle a appris qu’elle participerait finalement à l’épreuve olympique de parcours de rue, à Tokyo. Si sa compétition a pris fin rapidement, l’athlète a retiré de toute cette épopée de grands apprentissages.

« Un truc que je dirais aux jeunes, c’est de toujours être prêt pour tes rêves, peu importe ce que c’est. Ça peut être à petite échelle ou à très grande échelle, mais s’il y a une opportunité que tu veux, il faut que tu sois prêt à la saisir quand elle arrive. »

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Annie Guglia aux Jeux olympiques de Tokyo

Un effort simple, mais significatif

On sent Annie Guglia enjouée par son rôle d’ambassadrice. Un rôle pas si nouveau pour celle qui a l’habitude d’être appelée à prendre la parole sur différentes causes : la communauté LGBTQ+, les femmes dans le sport…

C’est naturel ! Je ne me force pas ! Je me dis que le seul effort que j’ai à faire, c’est d’être visible, d’en parler, de m’associer à des causes comme ça.

Annie Guglia

En matière de trucs et de conseils, elle insiste auprès des jeunes sur l’importance de s’entourer des bonnes personnes.

« C’est la clé, dit-elle. Il y a une citation en anglais qui dit : si tu ne peux pas être qui tu es là où tu te trouves, change l’endroit où tu te trouves. Ça, je pense que c’est hyper important. »

Guglia se souvient d’un temps où elle prenait ses décisions en fonction de ce que la société lui dictait. Quand elle a eu son déclic, elle a compris la nécessité de faire ce qui la passionne, elle.

« Toute ton énergie, ton temps, tes ressources, ton argent, si tu l’investis dans quelque chose que tu aimes aujourd’hui, ça va t’amener dans une vocation que tu aimes, peu importe ce que c’est. »

Autrement, Guglia continue de s’impliquer pour promouvoir la diversité et l’inclusion dans le monde du sport et de la planche à roulettes. Ses publications Instagram sont d’ailleurs remplies des couleurs de l’arc-en-ciel. En juin dernier, elle a participé au défilé de la Fierté à Toronto. Comme tous les ans à cette période de l’année, elle a reçu de la haine sur les réseaux sociaux. « C’est rare que je reçoive de la haine, mais c’est toujours des trucs homophobes et transphobes », note-t-elle.

À ce sujet, l’athlète nous parle des trousses pour les jeunes qu’offre la Fondation Jeunes en tête en ligne. « Il y a des façons d’aider et de soutenir des gens qui reçoivent plus de haine parce qu’ils sont différents. Ce sont des outils comme ça qui peuvent aider. »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Annie Guglia lors d’un évènement pour initier les jeunes au skateboard

Boucler la boucle

Annie Guglia porte toutes sortes de chapeaux : elle a notamment été élue présidente de Canada Skateboard, l’hiver dernier. Elle travaille aussi pour Vans.

Au cours des dernières années, elle a décidé de ne pas se lancer dans le nouveau cycle olympique en vue des Jeux olympiques de Paris, afin de se concentrer sur son engagement dans son sport et dans la communauté. Être ambassadrice pour des causes qui lui tiennent à cœur, ça « boucle la boucle » pour elle, affirme-t-elle.

« Je commence à avoir touché à tout ce qui m’intéresse. En ayant été athlète olympique, je peux utiliser ma voix et mon expérience pour faire bouger les choses encore plus. »

« Si je vais à Paris en 2024, ça va être pour encourager nos athlètes ! », conclut-elle.