Après deux décennies consacrées au plongeon, la double médaillée olympique Roseline Filion a troqué son maillot pour le micro. Chroniqueuse sportive à Tout un matin pendant trois ans sur Ici Première, elle a décidé de quitter l’émission au printemps dernier, même si aucun boulot ne l’attendait. Depuis, les projets se multiplient, la menant de Tokyo à Paris, à la radio et à la télé.

Sept ans après avoir quitté la compétition, Filion reste connectée à ses premières amours. Du 14 au 30 juillet prochain, elle agira à titre d’analyste de la diffusion internationale offerte par World Aquatics durant le Championnat du monde des sports aquatiques au Japon. Elle décortiquera le plongeon traditionnel, ainsi que le haut vol pour la première fois. « Je ne pouvais pas analyser ce sport sans l’avoir vu en personne, alors je suis allée à Boston, au début juin, pour assister au Red Bull Cliff Diving. »

Même si elle connaît tout des périlleux, des vrilles et des sauts de départ, elle souhaitait approfondir sa compréhension d’une discipline amenant les athlètes à sauter de 18 à 28 mètres. « J’ai découvert plusieurs subtilités techniques sur place. Et en discutant avec les athlètes, ça m’a donné plein de contenu à partager. »

Communauté sportive

Dépasser le résultat et l’analyse, c’est l’un des leitmotivs de la communicatrice. Elle travaille d’ailleurs à la création d’une websérie sur le rôle du sport dans la communauté. « On a déjà tourné un pilote et ce sera probablement diffusé à l’automne sur le site de Radio-Canada. »

Quand l’ex-athlète a annoncé son départ de Tout un matin, ses patrons l’ont vite rapatriée au Service des sports. « Ça m’a fait du bien qu’on me dise de ne pas chercher d’emploi ailleurs, parce qu’on voulait me garder et que je continue à m’épanouir avec eux. »

Les téléspectateurs la retrouveront également lors des Jeux olympiques de Paris en 2024. « En plus de mon rôle durant les Jeux, je vais tourner des capsules sur des aspects culturels de la ville. Quitter ma chronique m’a permis d’accepter cette opportunité. »

Départ surprenant

Mais pourquoi laisser une émission qui vient d’établir un record historique de cotes d’écoute sur Ici Première ? La jeune femme de 36 ans évoque le besoin d’un nouveau défi et l’horaire très prenant. « Je me sentais de plus en plus éloignée de mes autres projets, comme l’entreprise familiale Immersia Jeux d’évasion. Elle vit très bien sans moi, mais je vis moins bien sans elle. »

Pour mieux comprendre, il faut savoir que ses journées débutaient à 3 h du matin et se terminaient souvent après 21 h. Même si elle préparait le contenu de ses chroniques la veille, elle arrivait à Radio-Canada peu après 4 h pour découvrir ce qui s’était produit durant son sommeil. À 5 h 06, elle participait à l’émission À la une.

Puis, elle se rendait au studio de Tout un matin pour participer à la discussion d’ouverture et pour livrer ses chroniques. On ne peut s’empêcher de lui faire remarquer que son contenu était souvent mis de côté au profit des entrevues qui s’étiraient. « C’est quelque chose qui existait bien avant mon arrivée, répond-elle, diplomate. Quand il y a une grande nouvelle ou une grande entrevue, l’une des premières choses qu’on enlève, lorsqu’on manque de temps, c’est ce qui est considéré comme du bonbon, comme le sport. C’est correct. Ça ne relève pas de moi. »

Roseline Filion s’était pourtant donné le défi d’accroître l’intérêt des auditeurs.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Roseline Filion

La semaine de mon départ, j’ai reçu beaucoup de messages de gens qui n’aimaient pas le sport et qui n’ont jamais suivi ça, mais qui disaient trouver ça l’fun quand j’en parlais. Ils ne sont pas devenus de grands passionnés, mais ils ne baissaient pas le son durant mes chroniques.

Roseline Filion

Pendant trois ans, le public a également été témoin de son amélioration. « Au début, je voulais tellement tout raconter que j’avais de la difficulté à cibler l’essentiel de l’information. J’ai aussi appris à utiliser ce que moi, je connais du sport, sans me mettre de l’avant. »

Sans oublier sa maîtrise grandissante des éléments techniques : gestion du temps, pose de voix, enrichissement du vocabulaire, choix des mots, prononciation. « J’ai pris confiance au fil du temps, spécialement après mon retour des JO de Tokyo. Durant ma première année à la radio, je pédalais, j’apprenais à faire des chroniques et à gérer tout le reste. Les gens ne savent pas que c’est souvent le chaos en régie, que les gens courent, qu’on se lance des feuilles et que Patrick Masbourian doit gérer mille affaires en même temps. »

Retrouver sa vie

Après chaque marathon matinal, elle partait vers le gym ou la maison pour faire une sieste. Ensuite, elle trouvait ses sujets et faisait des entrevues. « Toute la journée, je suivais ce qui se passait. C’est exigeant, une quotidienne ! Je réussissais à suivre tout un match du Canadien seulement si ma sieste avait été bonne. Sinon, j’allais au lit en moitié de deuxième période et je regardais le résumé le lendemain. »

À travers toutes ces actualités sportives, il n’y avait plus de place pour sa vie sociale. « Je n’ai pas été capable de trouver un équilibre. Je ne voyais plus mes amis ni ma famille, parce que je n’avais pas l’énergie. »

Pour toutes ces raisons, Roseline Filion a choisi de se lancer dans le vide une fois de plus… sans faire trop d’éclaboussures.