Elles sont cinq étudiantes-athlètes qui ont en commun le désir de bâtir un avenir dans lequel les femmes pourront briller de tous leurs feux. Aujourd’hui, deuxième d’une série de cinq portraits, celui de Jessy Lacourse.

Dans quelques années, peut-être que les athlètes du Rouge et Or de l’Université Laval pourront croire que le nom de leur équipe a été inspiré par Jessy Lacourse, parce que l’athlète-étudiante par excellence du réseau scolaire québécois a le rouge dans le cœur et l’or dans le cou.

Jessy Lacourse a fracassé pas moins de trois records provinciaux cette saison. Au 5000 m, au mille en salle et au 1500 m en salle.

La marque dont elle est la plus fière demeure néanmoins son temps de 9 : 40 au steeple, établi en mai 2021, à New York. « De loin ma meilleure course à vie », évoque avec nostalgie la coureuse de 26 ans.

D’ailleurs, elle se souvient avec précision de tous ses temps. De manière effarante, elle se rappelle avec un souci du détail déconcertant les chronos de ses bonnes et de ses moins bonnes courses depuis ses débuts à l’école secondaire. En cross-country, en triathlon, en athlétisme et au steeple.

Lacourse se démarque ainsi, par sa polyvalence. Elle est habile et talentueuse dans plusieurs épreuves, sur différentes surfaces et dans différents contextes.

Elle est peut-être toute menue, mais elle est quand même la plus grande.

L’étudiante à la maîtrise en psychopédagogie et orthopédagogie est venue s’asseoir à une table de la Promenade principale au PEPS de l’Université Laval, juste après un entraînement. Dans cet espace soutenu par d’imposantes poutres de bois et longé par d’immenses vitres donnant sur la piscine, Lacourse s’est déposée en portant fièrement un chandail gris des derniers Championnats canadiens.

Justement, l’entretien s’est déroulé juste en dessous de la bannière de champions nationaux de l’équipe de cross-country, dont elle a fait partie en 2022, accrochée au bout de la passerelle.

« Elle est pas mal belle hein ? ! », s’exclame Lacourse lorsqu’on lui fait remarquer.

Finir en beauté

Lacourse regarde la bannière avec émotion, car il s’agit d’une marque tangible de son passage à l’Université Laval. Une aventure bientôt arrivée à terme. « Ça me rend un peu nostalgique. » Dans quelques semaines, elle quittera le Rouge et Or pour pratiquer son sport de manière professionnelle.

PHOTO FOURNIE PAR JESSY LACOURSE

Jessy Lacourse

Ça restera toujours ma maison. Lorsque tu es Rouge et Or, tu l’es pour la vie.

Jessy Lacourse

Lacourse est née à Québec, sur le chemin Sainte-Foy. « J’étais destinée à venir ici. » Elle a toutefois passé la moitié de sa vie à Victoriaville. Impossible pour elle de déterminer d’où elle vient, tellement les deux villes ont occupé une place équivalente dans son parcours.

On peut toutefois avancer sans se tromper qu’elle a semé ses graines à Victoriaville et récolté les fruits à Québec.

Jacques Hince, professeur d’éducation physique au secondaire à Victoriaville, l’a recrutée. « Oh mon dieu, lance Lacourse. C’est quelqu’un d’important pour moi. Je lui parle encore toutes les semaines. »

Chaque printemps, Hince organisait des courses de cross-country pour les élèves de cinquième et sixième année. Lacourse a gagné la première fois et a terminé deuxième la seconde. « Jacques est venu me voir pour me demander si je voulais faire partie du club de cross-country. »

Ses débuts au secondaire, toutefois, ont été moins faciles. « Je n’étais pas très bonne. Je ne m’étais même pas qualifiée pour les provinciaux. Je ne savais pas comment courir une course », admet-elle.

Les choses ont bien changé, parce qu’à force de dépassement et d’acharnement, Lacourse s’est montrée plus performante que ses rivales. Comme une surdouée, elle a même compétitionné à 16 ans avec des athlètes jusqu’à six ans plus vieux. Quelques années plus tard, tout le monde connaît son nom sur le campus de l’Université Laval.

« C’est juste parce que mon nom est accrocheur », blague-t-elle.

En vérité, Lacourse a non seulement marqué l’histoire du Rouge et Or, mais aussi celle de l’athlétisme québécois. Il faut glisser l’index maintes fois sur la roulette de la souris pour arriver au bout de la liste de tous les honneurs qu’elle a reçus dans les dernières années. Elle est le visage de son sport et le cœur de son programme.

PHOTO FOURNIE PAR JESSY LACOURSE

Jessy Lacourse

Je ne fais pas ça pour la reconnaissance ou pour que tout le monde me connaisse. Je cours parce que j’ai du plaisir, je m’accomplis et parce que je veux être fière de moi.

Jessy Lacourse

Elle a offert énormément de visibilité au Rouge et Or. En retour, le Rouge et Or lui a permis de réaliser son rêve d’enfance. « Depuis que je suis au secondaire, je sais que je vais venir à Québec. J’ai reçu des offres d’ailleurs et je ne les regardais même pas. C’était clair, net et précis que j’allais venir à l’Université Laval. »

Maintenant, elle rêve aux Jeux olympiques. « Pour Paris 2024, je vais travailler fort. »

Elle veut aussi transmettre sa passion pour le travail bien fait et son souci de persévérer quoi qu’il en soit aux plus jeunes. C’est pourquoi elle a obtenu un baccalauréat en éducation préscolaire et enseignement primaire. C’est pourquoi elle poursuit une maîtrise en éducation.

« J’ai toujours aimé l’école. Je ne me voyais pas quitter l’école. J’adore ça depuis que je suis toute petite. Je jouais à l’école. Je pense que j’ai ma place en enseignement », précise-t-elle.

Lorsque Jacques Hince a rencontré Lacourse, une chose l’a marqué à propos de son élève. « Il disait que j’étais bien ordinaire, mais que j’avais bien du vouloir. »

Avec le temps, Lacourse a transformé l’ordinaire en extraordinaire et le vouloir en réussite.