(San Jose, Californie) La Presse lève aujourd’hui le voile sur l’un de ses plus grands secrets : l’attribution des voyages, au sein de sa dynamique équipe affectée à la couverture du Canadien, se fait à la manière d’un pool de hockey.

Pendant l’été, après que le calendrier de la saison suivante a été publié, un tirage au sort détermine l’ordre de sélection. Les matchs sur la route sont ensuite attribués dans une séance de repêchage de type serpentin (1-2-3-3-2-1).

Chacun a ses préférences. Un collègue, que nous appellerons aléatoirement Guillaume, a un faible marqué pour les villes du Nord-Est. Cela inclut bien sûr New York et Boston, mais aussi Buffalo. Ne posez pas de questions.

Un autre, surnommons-le Richard, adore le soleil. Dès qu’il en a la chance, il enfile donc ses loafers et son complet crème pour suivre la Flanelle à Sunrise et à Tampa.

Cette année, j’ai hérité d’une position enviable au repêchage, ce qui m’a permis de décrocher le voyage d’hiver en Californie et à Vegas. La côte ouest américaine à la fin du mois de février et au début du mois de mars ? Oui, s’il vous plaît.

À l’approche de ce périple, il était d’emblée acquis que personne, parmi la confrérie journalistique, ne rentrerait à Montréal bronzé. Quatre matchs en six jours, incluant la date limite des transactions, cela signifie beaucoup d’heures à l’aréna et beaucoup d’heures d’écriture frénétique à l’hôtel, en plus du temps consacré aux déplacements.

Or, tant qu’à s’y coller, aussi bien que ça se passe dans l’État doré qu’à Buffalo, nous disions-nous (pardon, Guillaume).

Qui rit maintenant ? se demandent aujourd’hui les plus fins linguistes.

PHOTO SIMON-OLIVIER LORANGE, LA PRESSE

La ville de San Jose est en proie à la grisaille et à la pluie depuis quelques jours. Sur notre photo : le SAP Center, aréna où les Sharks disputent leurs matchs locaux.

Notre passage en Californie coïncide avec la fin d’une tempête hivernale historique. Les secteurs montagneux ont reçu plus d’un mètre de neige en quelques heures. Le sud de l’État, là où il fait le plus chaud, a lui aussi reçu une bordée, certes plus modérée, mais qui a marqué l’imaginaire de celles et ceux qui n’avaient jamais vu un tapis blanc de leur vie. Le comté de San Bernardino, à l’est de Los Angeles, a même déclaré l’état d’urgence. Des dizaines de milliers de personnes ont été privées d’électricité.

Une série de précédents météorologiques ont été établis. Ce ne sont certainement pas des records que la population locale souhaitait voir tomber.

Plus au nord, où nous nous trouvons depuis dimanche soir, on a évité la neige. Mais la pluie et le froid n’allaient pas se laisser intimider. « Je n’ai jamais vu ça », a témoigné un chauffeur Uber au représentant de La Presse, en route vers le frigorifique centre d’entraînement des Sharks.

Lundi matin, à San Jose, le mercure frôlait le point de congélation. Parenthèse ici pour souligner que la municipalité arrive en tête des 100 plus grandes villes américaines pour le nombre de jeunes adultes sans-abri par habitant, selon une étude publiée il y a quelques semaines. Des centres d’hébergement ont donc été installés en catastrophe un peu partout dans le comté de Santa Clara pour que ces personnes puissent se réchauffer.

Des alertes aux inondations sont encore en cours. La moyenne de quelques centimètres de pluie à laquelle est habituée la ville en février est déjà largement dépassée.

Certes, la température est toujours relativement fraîche dans la grande région de San Francisco, et ce, à longueur d’année. De janvier à mars, les maxima oscillent entre 15 et 20 °C. Ce mardi matin, le crachin, le vent et les quelque 5 °C incitaient plutôt à presser le pas.

Personne, bien sûr, ne pleurera sur notre sort. Disons seulement qu’on ne se fera pas prier pour partir mercredi en direction de Los Angeles. Là où, apparemment, le soleil a repris ses droits.