(Pékin) Jeux asiatiques, rencontres d’athlétisme, Universiade d’été : l’annulation ou le report de grands rendez-vous internationaux isole encore plus de la scène sportive mondiale une Chine qui préfère se fermer pour appliquer sa politique zéro COVID-19.

Avant la pandémie, le pays était monté en puissance depuis les années 2000, organisant un Grand Prix de Formule 1 à Shanghai, les JO d’été 2008 de Pékin, divers championnats du monde ou tournois de tennis.

Mais à l’exception des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver 2022, organisés en février-mars dans une bulle sanitaire, la Chine n’a accueilli aucune grande compétition internationale depuis le début de l’épidémie.

La raison ? Elle veut éviter à tout prix les flambées épidémiques.

Dernier évènement victime de cette politique : les Jeux asiatiques, grand rendez-vous omnisports continental prévu initialement du 10 au 25 septembre à Hangzhou, dont le report sine die a été annoncé vendredi en raison de « la situation sanitaire ».

La Chine vivait normalement depuis le printemps 2020, grâce à sa stratégie zéro COVID-19 qui consiste en des confinements, des quarantaines à l’arrivée sur le territoire, l’isolement des personnes contaminées et à la quasi-fermeture des frontières.

Mais le pays affronte depuis mars un regain épidémique qui touche plusieurs provinces.

En plus des Jeux asiatiques, vendredi a également vu l’annulation des Jeux asiatiques de la jeunesse, qui devaient avoir lieu en décembre dans la ville chinoise de Shantou.

L’Universiade d’été 2021, les JO du sport universitaire déjà repoussés une première fois à l’été 2022, a elle été reportée à 2023.

Enfin, les deux réunions d’athlétisme de la Ligue de diamant prévues à Shanghai (30 juillet) et Shenzen (6 août) n’auront pas lieu, ont annoncé vendredi les organisateurs.

Calendrier vide

La bulle sanitaire des Jeux olympiques et paralympiques — où les participants passaient un test COVID-19 quotidien et ne pouvaient se mélanger à la population générale — semble aujourd’hui davantage une exception que la règle.

Les Jeux « constituaient une immense priorité politique et rien n’était en mesure de les arrêter », explique à l’AFP Mark Dreyer, analyste sportif basé en Chine.

« Les Jeux asiatiques, c’est un grand évènement. Mais pas assez grand » pour être maintenu, estime-t-il.

Selon lui, le calendrier sportif international restera vide d’évènements en Chine aussi longtemps que durera le zéro COVID-19.

La Coupe du monde des clubs de football, programmé en 2021 en Chine, avait déjà été reportée. Le GP de Shanghai et les tournois de tennis masculins (ATP) et féminins (WTA) étaient déjà annulés.

Tests COVID-19 à répétition, précautions à prendre avant le départ, placement à l’isolement s’ils sont testés positifs : les sportifs s’exposent de toute façon à plusieurs contraintes s’ils viennent concourir en Chine.

Il n’y aurait toutefois « aucun problème » à ce que la Chine candidate aujourd’hui pour de futurs évènements sportifs à organiser « lorsque la pandémie sera maîtrisée », estime un expert chinois.

« C’est très bien que le gouvernement contrôle strictement les flambées épidémiques. Si les pays étrangers ne comprennent pas ça, tant pis », déclare-t-il à l’AFP de façon anonyme par crainte d’éventuelles représailles.

« Pas la peine »

Mais pour Mark Dreyer, ce manque de visibilité agace les organisations sportives internationales.

« À un moment, elles vont dire : “Désolé, mais vous ne pouvez pas continuer à reporter des évènements, parce que la COVID-19 n’est pas une raison valable” ».

Mais l’idée selon laquelle le mouvement sportif se détourne subitement de l’immense et alléchant marché chinois « n’est pas très réaliste », déclare à l’AFP Du Liyan, un influent blogueur sportif.

« Ce marché est encore très grand. Et le secteur du sport (…) affiche une croissance considérable. »

Toutefois la politique, qui s’invite régulièrement dans les affaires sportives, peut constituer un repoussoir.

La WTA a suspendu ses tournois en Chine fin 2021 après que l’ancienne joueuse Peng Shuai ait accusé un ex-haut dirigeant chinois, avec lequel elle avait une relation sentimentale, de lui avoir forcé la main pour obtenir un rapport sexuel.

Les matchs du Championnat NBA de basket, pourtant très populaires en Chine, sont déprogrammés par la télévision publique depuis qu’un haut responsable d’une franchise a envoyé en 2019 un tweet de soutien aux manifestants hongkongais.

« De plus en plus, certains considèrent que la Chine ne vaut pas la peine de se donner tant de mal », estime Mark Dreyer.