Chaque semaine, les journalistes des Sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir, et un peu aussi dans l’insolence

Appel à tous

Et vous, si vous aviez pu être un athlète de haut niveau, dans quel sport auriez-vous aimé évoluer ?

Écrivez-nous

Alexandre Pratt

Au baseball. Les conditions de travail sont imbattables. D’abord, vous vous réchauffez pendant un mois, sous le soleil de la Floride ou de l’Arizona. Lorsque la saison commence, vous êtes libres presque tous les avant-midi, trois ou quatre jours consécutifs, dans les plus belles villes d’Amérique du Nord. Vous jouez généralement lorsqu’il fait beau, rarement sous la pluie, jamais sous la neige. Les partisans sont hyper respectueux – sauf à Philadelphie. Sans compter le salaire, ma foi, fort compétitif. En plus, je sais lancer la balle fourchette. Qu’est-ce que les Orioles de Baltimore auraient à perdre de m’essayer ?

Katherine Harvey-Pinard

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le patinage de vitesse sur courte piste est un parfait mélange d’endurance, de technique, de stratégie et, évidemment, de vitesse.

Deux réponses. D’abord, le patinage de vitesse sur courte piste. Les habitués de cette chronique ne seront pas surpris. J’ai d’ailleurs glissé sur des longues lames pour la première fois en 14 ans, il y a quelques semaines. Ce sport est un sublime mélange d’endurance, de technique, de stratégie et, évidemment, de vitesse. C’est de la compétition à l’état pur : le premier à traverser la ligne d’arrivée l’emporte, un point c’est tout. Dans un autre ordre d’idées, j’aurais naturellement voulu être joueuse de hockey professionnelle, jouer devant des amphithéâtres pleins à craquer et rêver d’une Coupe Stanley. Je ne suis probablement pas la seule.

Jean-François Téotonio

PHOTO MARTIN MEISSNER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Imaginez marquer un but pour les partisans Borussia Dortmund. C’est l’exercice que fait notre journaliste…

Une question parfaite pour le sportif de salon que je suis. Elle me permet de rêver un peu. Au-delà du fait que je n’ai rien d’un athlète de haut niveau, j’ai une réponse bien précise à offrir : j’aurais aimé être un joueur de soccer professionnel. Y a-t-il des surpris dans la salle ? Mais je pousse la réflexion un peu plus loin. J’aurais aimé être un joueur de soccer professionnel évoluant dans un club avec une base de partisans passionnée, colorée, bruyante, imaginative. Comme le Borussia Dortmund, par exemple. Imaginez marquer un but pour ces partisans. Imaginez être le chef d’orchestre sur le terrain d’une équipe portée par tant de passion dans les gradins. Imaginez sortir gagnant d’un affrontement historique contre le Bayern Munich. Ou mener le club loin en Ligue des champions. Puis être rappelé en équipe nationale pour la Coupe du monde. Je suis bien conscient que la chance d’évoluer pour un tel club et pour une telle sélection n’est donnée qu’à un club sélect de joueurs. Mais au sortir d’un rude hiver de sédentarité, il ne fait pas de mal de rêver, non ?

Mathias Brunet

PHOTO JONATHAN ERNST, ARCHIVES REUTERS

Le golf, parfait pour les amateurs de beau temps et de chaleur…

Même si les sports d’équipe sont plus attrayants sur le plan de l’esprit de groupe, je privilégierais un sport qui ne risquerait pas de me mettre le cerveau en bouillie ou le corps complètement usé à 40 ans. J’aime bien me retrouver à l’extérieur, j’aime le beau temps et la chaleur, et je souhaiterais pratiquer une carrière dont la durée peut parfois s’étendre sur plusieurs décennies. J’adore le hockey et le tennis, mais je choisirais d’être golfeur professionnel. Je ne suis pas sans savoir que la pression psychologique est beaucoup plus forte dans les sports individuels, en particulier le golf, qu’il s’agit d’une profession de solitaire, quoique le fidèle cadet n’est jamais loin, mais il s’agirait pour moi du sport qui regroupe le plus d’avantages intéressants.

Nicholas Richard

PHOTO JAMES LANG, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Le football est à la fois stratégique et brutal. Dur et éphémère. Demandant et gratifiant.

Ça doit être la question la plus difficile à laquelle j’ai dû répondre depuis que je participe à cet exercice, parce que j’aurais aimé faire un Bo Jackson de moi-même et percer dans plusieurs disciplines. Après avoir évolué dans presque tous les sports imaginables, du hockey au baseball, en passant par le tennis et le ski alpin, jusqu’au golf et au basketball, je crois que c’est dans le monde du football que j’aurais le plus aimé percer. J’ai très peu de regrets, mais ne pas avoir poursuivi dans ce domaine pour voir où ç’aurait pu me mener en est un. La seule position à laquelle j’ai toujours évolué est celle de quart-arrière, et j’ai longtemps rêvé de faire cette longue passe dans les zones profondes pour gagner le Super Bowl alors qu’il ne reste plus de temps au tableau indicateur. Ce merveilleux sport est à la fois stratégique et brutal. Dur et éphémère. Demandant et gratifiant. La NFL est une ligue unique et pouvoir jouer chaque semaine des parties cruciales devant des dizaines de milliers de spectateurs, contre des adversaires que tu respectes et qui te respectent, alors que tous les projecteurs sont braqués sur ton équipe une fois par semaine en encaissant un salaire plus que décent… ça donne le goût. Et j’ai très peu parlé du match du Super Bowl. Existe-t-il une finale dans le monde du sport plus grandiose et plus excitante à disputer que le Super Bowl ? Je ne crois pas.

Jean-François Tremblay

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

La lutte allie à la fois prouesses physiques et sens du spectacle.

J’ai toujours eu une (saine) fascination pour le monde de la lutte. Rares sont les sports qui allient à la fois prouesses physiques et sens du spectacle. Le cirque pourrait entrer dans cette catégorie, mais un numéro de cirque se déroule de la même manière, peu importe la réaction du public. Un combat de lutte est une histoire qui se bâtit lentement au gré de l’énergie de la foule. Il en va de même pour ce qu’on appelle les « promos », les moments passés micro entre les mains. La culture québécoise de lutte est exceptionnelle. Il y a des centaines de lutteurs locaux au talent fou et au charisme indéniable. La province a aussi fourni aux plus grandes fédérations les Kevin Owens, Sami Zayn, Evil Uno, Stu Grimson, PCO, 2point0, Speedball Mike Bailey (qui trouvait moins spectaculaire de lutter sous son vrai nom d’Émile Charles Baillargeon-Laberge) ou LuFisto (que je salue d’ailleurs). Tous ces lutteurs excellent dans le ring, mais ont aussi développé un fabuleux sens du spectacle. Dans mon jeune temps, j’ai fait un peu (un tout petit peu !) de lutte spectacle. Très peu de choses fournissent autant d’adrénaline qu’une réaction du public, aussi petit le public puisse-t-il être. Je ne connaîtrai jamais l’émotion ressentie par Kevin Owens de recevoir une souplesse sur le sol administrée par Stone Cold Steve Austin devant 75 000 personnes à WrestleMania. Mais je mentirais en disant que c’est une émotion que je n’ai jamais rêvé de vivre.