Vous êtes très nombreux à nous envoyer des questions au sujet du contrat de Shea Weber. Simon-Olivier Lorange et Guillaume Lefrançois vous offrent chacun une partie de la réponse cette semaine.

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Le coût de Weber

Si Shea Weber prend sa retraite cette année, l’impact sur la masse salariale des Predators de Nashville sera énorme. Ne serait-ce pas une occasion pour le CH de négocier une entente pour tirer profit de ce contrat ?

Sylvain Raynault

Réponse de Simon-Olivier Lorange

En vertu des derniers amendements à la convention collective liant la LNH à l’Association des joueurs, la pénalité imposée aux Predators demeure énorme, mais moins dure à avaler que par le passé. Si Shea Weber prend sa retraite avant la fin de son contrat, les Predators devraient caser un total de 24 571 428 $ dans leur masse salariale. Avant 2020, ils auraient dû l’absorber en une année, ce qui est, nous en conviendrons, brutal. En vertu des nouvelles règles, on étale la somme dans le temps en fonction du salaire moyen du joueur retraité. Dans le cas de Weber, qui compte pour 7 857 143 $ sur la masse salariale, les Preds en auraient donc pour trois ans à ce prix et une dernière année à 999 999 $. Voilà pourquoi, à Nashville, on croise les doigts pour que Weber ne remplisse jamais ses papiers de retraite et qu’il écoule simplement les dernières années de son contrat. Je vous pose toutefois la question : pourquoi le défenseur annoncerait-il qu’il accroche ses patins ? Six millions lui sont encore dus au cours des quatre prochaines années. Les plus cyniques souligneront qu’il a déjà empoché quelque 125 millions de dollars durant sa carrière, selon le site CapFriendly. Une carrière de hockeyeur, toutefois, est courte – il est le premier à pouvoir en témoigner. Dans ces circonstances, on peut s’attendre à ce que les athlètes récoltent tous les dollars qu’on leur a promis.

Le coût de Weber, la suite

Bonjour, pourriez-vous nous expliquer en détail le contrat de Shea Weber, ce qu’il implique pour le CH ou pour une équipe qui ferait son acquisition ? Pourquoi ne prend-il pas sa retraite s’il ne peut plus jouer ?

Éric Bertrand

Réponse de Guillaume Lefrançois

Bonjour, nous avons reçu plusieurs variations de cette question, notamment de Charles Benoit, Alexis Marcotte et Pierre Des Rochers. Tout d’abord : on ignore pourquoi Weber ne prend pas sa retraite, pour la simple et bonne raison qu’il n’a pas rencontré les médias depuis la fin de la dernière saison. Mais voici quelques éléments de réflexion. D’une part, il doit encore toucher 3 millions de dollars la saison prochaine, et 1 million lors des trois saisons suivantes. En prenant sa retraite, il renoncerait donc à 6 millions de dollars. C’est une somme à laquelle il a droit. D’autre part, s’il prend sa retraite avant l’expiration de son contrat, les Predators de Nashville seront frappés d’une lourde pénalité sous le plafond salarial (expliquée un peu plus haut). Bref, par loyauté pour l’organisation qui l’a repêché, on devine que Weber voudra éviter la retraite. Enfin, le salaire d’un joueur sur la liste des blessés à long terme compte bel et bien, mais il peut valoir à l’équipe un allègement sous le plafond. Mon collègue Simon-Olivier Lorange s’est attaqué à la question ici.

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Quand on siffle

Si une pénalité est annoncée, mais qu’il y a un but avant le sifflet, la pénalité est-elle annulée ? Si oui, va-t-elle quand même au dossier du joueur pénalisé ?

Daniel Fournier

PHOTO ADRIAN KRAUS, ASSOCIATED PRESS

L’officiel Dan O’Rourke (9) s’apprête à rendre une décision lors d’un match entre l’Avalanche du Colorado et les Sabres de Buffalo, en février 2022.

Réponse de Simon-Olivier Lorange 

Oui, la pénalité est annulée s’il s’agit d’une pénalité mineure (deux minutes). Elle n’existe tout simplement pas sur la feuille de match, ni pour le joueur visé ni pour son équipe. S’il s’agit d’une double mineure (quatre minutes), on retranchera la moitié. S’il s’agit d’une pénalité majeure (cinq minutes), elle sera toutefois maintenue.

Le génie de Pollock

Je n’ai jamais compris l’échange des Golden Seals de la Californie avec le Canadien en 1970. Qu’est-ce que les dirigeants des Seals voyaient en Ernie Hicke qui les empêchait de repêcher Guy Lafleur ou Marcel Dionne ? Incompétence des Seals ou jeux de coulisses de Sam Pollock ?

La famille Leblanc

PHOTO RÉAL SAINT-JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Guy Lafleur (deuxième à partir de la gauche) échange une poignée de main avec Scotty Bowman, sous le regard satisfait du directeur général du Canadien de Montréal, Sam Pollock.

Réponse de Simon-Olivier Lorange

À l’intention de nos plus jeunes lecteurs, un rappel historique s’impose. En mai 1970, le Canadien et les Golden Seals, équipe née de l’expansion de 1967 qui a fait passer la LNH de 6 à 12 clubs, inversent leurs choix de premier tour au repêchage de 1971. Dans la même transaction, le CH cède Ernie Hicke, attaquant dominant des ligues mineures dont il possède les droits, en retour du défenseur québécois François Lacombe, qui est tout sauf une vedette. Il faut savoir que les équipes d’expansion n’ont pas la vie facile, à la fin des années 1960. Regroupées au sein d’une même division, elles se font malmener par les équipes originales. Les Seals s’améliorent donc sur-le-champ en acquérant Hicke, qui disputera 520 matchs dans la LNH. Or, le repêchage de 1971, c’est effectivement celui de la cuvée comprenant Guy Lafleur et Marcel Dionne. Alors non, ce n’est pas par hasard si le directeur général du Canadien, Sam Pollock, s’approprie le premier choix d’un club faible. Pollock va encore plus loin, en janvier 1971, lorsqu’il « donne » le joueur de centre Ralph Backstrom aux Kings de Los Angeles en retour de joueurs marginaux. L’objectif : améliorer le sort des Kings afin que les Seals finissent bel et bien au dernier rang du classement général, qui donnait automatiquement, à l’époque, le tout premier choix au repêchage. La stratégie a fonctionné, et le 10 juin 1971, le Tricolore repêche Guy Lafleur. Plus de 50 ans plus tard, le Démon blond est toujours le meilleur pointeur et l’une des plus grandes légendes de l’histoire de l’organisation.

La loi qui protège la Merveille

À l’époque de Wayne Gretzky, il y aurait eu une loi non écrite dans la ligue : “On ne touche pas à Wayne Gretzky.” Je ne me souviens pas de l’avoir déjà vu se faire “rentrer dedans” comme on le faisait avec Mario Lemieux. Aucun joueur n’aurait voulu passer à l’histoire comme ayant été celui qui a passé le K.-O. à la grande vedette. Ma question : cette loi, existait-elle vraiment ou est-ce un mythe ? Ce qui amène la question suivante : si la réponse est oui, que valent donc les records de Wayne Gretzky ?

Pietro Di Paolo

PHOTO DENIS COURVILLE, ARCHIVES LA PRESSE

Marty McSorley, des Kings de Los Angeles, est escorté jusqu’au banc des pénalités par un officiel lors d’un match en mars 1989 contre le Canadien, au Forum de Montréal.

Réponse de Richard Labbé

Bonjour. D’abord, et en effet, le 99 n’a pas souvent eu à jeter les gants, ou à être défié ; selon le site HockeyFights, il s’est battu seulement deux fois en carrière ! Alors, bien peu d’adversaires cherchaient à le frapper, mais ce n’est pas tant une loi non écrite qu’une autre réalité : quiconque allait s’attaquer à Gretzky allait ensuite avoir à répondre à l’un de ses gardes du corps, soit Dave Semenko ou, plus tard, Marty McSorley, deux joueurs qui ne faisaient pas dans la dentelle ni dans les bonnes manières. À Pittsburgh, surtout en début de carrière, le grand Mario avait souvent à se défendre lui-même, parce qu’il n’y avait personne d’autre pour le faire à sa place. Cela changera avec l’arrivée du subtil Ulf Samuelsson un peu plus tard…