Chaque semaine, les journalistes des Sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir, et un peu aussi dans l’insolence

Appel à tous

Et vous, quel comportement sportif vous irrite le plus ?

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Richard Labbé

Été 2006. Contre mon gré, une amie décide de me traîner au parc Jean-Drapeau, là où l’on diffuse en plein air la grande finale de la Coupe du monde. En temps normal, j’aurais préféré aller chez le dentiste et me faire poser trois couronnes, mais bon, il fait beau, il fait chaud, c’est un gros match, alors pourquoi pas ? Ça se passe très bien et le spectacle est très bon... jusqu’à ce qu’un joueur (italien ou français, je ne me souviens plus) tombe dans une douleur insoutenable, une performance qui me rappelle la fois où j’ai assisté à la mort d’Othello à l’Opéra de Budapest en 2005. Bref, j’ai du mal à croire au spectacle de ce joueur, et je me souviens d’avoir hurlé mon insatisfaction la plus totale... pour ensuite me faire expliquer tout ça par le gars à ma droite : « Oui, mais... ça fait partie de la stratégie que de tenter de berner l’arbitre. » Ah bon ? Eh bien, j’ai pas mal choisi de débarquer à ce moment-là, après avoir été mis au fait de cette bien triste réalité, moi qui croyais que le fait de berner l’arbitre, c’était seulement acceptable dans la lutte professionnelle. Ils appellent ça le beautiful game, mais je ne vois rien de beau quand je vois des joueurs qui se roulent sur le gazon.

Nicholas Richard

PHOTO JOHN E. SOKOLOWSKI, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Corey Perry et Nick Foligno

Je ne sais pas encore si, oui ou non, les bagarres devaient être interdites dans la LNH. Il s’agit d’un enjeu complexe. Néanmoins, ce dont je suis certain, c’est qu’il n’existe rien de plus ridicule dans le monde du hockey que « le code ». Cette manière tout à fait barbare et déraisonnée de régler ses comptes en frappant son adversaire à mains nues pour respecter une étiquette. Rappelez-vous, il y a quelques mois à peine, lorsque Corey Perry a blessé accidentellement John Tavares. La tête du capitaine des Leafs avait heurté le genou du joueur du Canadien et il avait été sonné. Évidemment, ce geste n’était pas voulu et Perry s’en voulait, visiblement. Les deux ont déjà été coéquipiers. Perry n’avait jamais eu l’intention de blesser Tavares et il lui a présenté ses excuses. C’était clair. Toutefois, Nick Foligno a voulu venger son capitaine et a entrepris le combat avec Perry. Une scène déplorable, triste et gênante pour le hockey. Forcer un homme à se battre pour avoir été impliqué dans un accident. Tout le monde a déploré l’initiative de Foligno, parce que tout le monde savait qu’il s’agissait d’un malheureux accident. C’est encore pire lorsque ça arrive au hockey junior. Lorsque des adolescents de 16-17-18 ans sont obligés d’en venir aux coups pour respecter une tradition désuète dont l’effet sur l’issue du match est discutable. C’est encore plus absurde lorsque « le code » est mis en application des semaines, voire des mois après un évènement. Comme dans le cas de l’affaire Mark Scheifele. Est-ce que son geste à l’endroit de Jake Evans en séries était répréhensible ? Évidemment. Est-ce que ça change vraiment quelque chose de se battre pour régler ses comptes la saison suivante ? Difficile de répondre par l’affirmative.

Miguel Bujold

PHOTO DAVID J. PHILLIP, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

L’entraîneur-chef des Patriots de la Nouvelle-Angleterre, Bill Belichick

Cela se produit assez rarement, mais lorsqu’une équipe mène par 25 ou 30 points au quatrième quart et qu’elle continue de tenter des passes pour de longs gains, je trouve ça un peu petit. Bill Belichick et les Patriots ont souvent été coupables de le faire à leur belle époque. La loi non écrite au football veut qu’une équipe qui mène largement au tableau indicateur et qui a la victoire dans sa poche utilise son jeu au sol dans les dernières minutes d’un match. Question d’éviter d’humilier ses rivaux davantage et pour écouler le plus de temps possible au cadran. Et c’est une très bonne loi non écrite. Classe et respect.

Jean-François Tremblay

PHOTO JAMES CAREY LAUDER, USA TODAY SPORTS

Mark Scheifele et Jake Evans

Il y a un comportement sportif qui m’horripile, car il est à la fois dangereux et inutile : les joueurs de hockey qui perdent les pédales et frappent à la tête. Ce qui inclut toutes les situations où la tête peut être endommagée : combat, coup d’épaule intentionnel, mise en échec quand on voit les numéros, le rarissime coup de bâton aussi. Pourquoi mais pourquoi Mark Scheifele a-t-il été puni seulement quatre matchs pour avoir laissé Jake Evans pour mort sur la glace ? Par quel miracle Tom Wilson a-t-il été seulement mis à l’amende (MIS À L’AMENDE !) pour sa version glacée du pedigree de Triple H ? Ces deux gestes imbéciles auraient valu à mes yeux 20 bons matchs de suspension. Au moins, Radko Gudas a été suspendu 10 matchs pour son coup de hache sur la tête de Mathieu Perreault. Le hockey doit sortir à tout jamais ces comportements du sport, et ce n’est pas à coup d’amendes que ça va se produire. Quant aux joueurs qui acceptent encore de commettre ces gestes entre eux, pas fort, chef.

Alexandre Pratt

PHOTO CHRISTIAN HARTMANN, ARCHIVES REUTERS

Alex Morgan et Megan Rapinoe, de l’équipe américaine féminine de soccer

Les hockeyeurs qui se projettent dans la bande, ou les footballeurs qui dansent, après un but qui porte la marque à... 7-0. À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Et dans un massacre, ce n’est pas toujours le perdant qui se couvre de ridicule. C’est aussi le gagnant qui pavoise.

Guillaume Lefrançois

Le 30 mai 2007, les Yankees affrontent les Blue Jays dans ce qu’on appelait autrefois le Skydome quand Jorge Posada soulève une chandelle à l’avant-champ. Alex Rodriguez court alors vers le troisième but, et au moment où il passe derrière le troisième-but Howie Clark, ce dernier laisse tomber la balle, croyant visiblement que l’inter allait la capter. Les réactions des Blue Jays après le jeu ne laissaient aucun doute : Rodriguez a crié quelque chose pour semer la confusion. Ce genre de jeu survient de temps à autre dans les ligues de baseball ou de balle-molle dans lesquelles je joue et c’est regrettable. Comme John Gibbons l’avait dit, c’est un comportement des ligues mineures.

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