Nos journalistes se font un plaisir de répondre à vos questions. Vous en avez d’autres ?

Écrivez-nous

Pourquoi des hymnes nationaux ?

Est ce qu’il y a une raison toujours valable pour laquelle on interprète les hymnes nationaux avant une partie de hockey ? On dit souvent que le hockey est un sport-spectacle, mais a-t-on déjà présenté un hymne national avant une pièce de théâtre, un spectacle d’humour ou un spectacle de Coldplay ?

Serge Trudeau

Réponse d’Alexandre Pratt :

Je ne suis vraiment pas un partisan des hymnes nationaux avant les rencontres. Par contre, pour avoir assisté à plusieurs parties de soccer dans d’autres pays, où les hymnes nationaux sont réservés seulement aux rencontres de l’équipe nationale, des fois, la transition entre l’avant-match et l’action est un peu raide.

D’où vient la tradition ? Selon l’historien Peter Morris, le Star-Spangled Banner était joué sporadiquement par des bands dans les stades de baseball dès le XIXsiècle. À l’époque, c’était une chanson patriotique. Ce n’est qu’en 1931 que ça deviendra l’hymne national des États-Unis. C’est entre les deux moments que sa popularité a explosé. Spécifiquement pendant la Première Guerre mondiale, lors de la Série mondiale de 1918, à Boston. La chanson fut jouée pendant une pause à la septième manche. Gros, gros succès auprès des spectateurs, qui l’ont chantée à l’unisson. À partir de ce moment, c’est devenu un classique de la Classique d’automne. Pendant la saison ? Pas vraiment, car embaucher un band était coûteux. L’introduction des haut-parleurs modernes, pendant la Seconde Guerre mondiale, a changé la donne. Depuis, la tradition se poursuit au baseball et dans les autres sports, qu’on aime ou non.

Réponse de Katherine Harvey-Pinard :

La réponse simple et rapide à votre question va comme suit : il s’agit d’une tradition. J’ai néanmoins fait appel à l’historien du Canadien Carl Lavigne pour savoir exactement d’où elle vient. Selon les recherches qu’il a menées, la LNH a adopté l’interprétation de l’hymne national du pays de l’équipe hôte avant chaque match à la fin de la Seconde Guerre mondiale, lors de la saison 1946-1947. On voulait ainsi rendre hommage aux joueurs revenus au jeu après avoir servi leur pays dans le cadre des efforts de guerre. Avant cette nouvelle réglementation, certaines équipes avaient déjà, de leur propre chef, lancé la tradition. Selon les journaux de l’époque, l’hymne national du Canada (on parle du God Save the King et non du Ô Canada) a été interprété avant le match d’ouverture de la saison 1918-1919, quelques semaines après qu’eut été signé l’Armistice mettant fin à la Première Guerre mondiale.

En 1987, la LNH a obligé les équipes à jouer les deux hymnes, mais a plus tard assoupli le règlement lorsque deux équipes du même pays s’affrontent. À ce jour, l’hymne national est une tradition dans le sport en général. « C’est un peu comme les trois étoiles, jadis nommées en anglais en raison d’une marque de carburant – Three Stars, compare Carl Lavigne. Même après la disparition de cette marque, les trois étoiles sont restées et font partie de la tradition. »

Une balle au sol

Ma question concerne le changement de balles pour le lanceur lorsqu’elle touche le sol ou lorsqu’elle ne fait qu’effleurer la terre battue. […] Les lanceurs des Ligues majeures sont des surdoués et les effets qu’ils procurent à leurs balles sont hypothéqués lorsque ces dernières sont égratignées ? Ma pensée est-elle bonne ? Si oui, je n’ai jamais compté, mais lors d’un match, les balles sont rejetées à un rythme fou !

Yves Riopel

Réponse de Nicholas Richard :

Les balles usées dans la MLB suivent un chemin bien précis après leur utilisation. Une fois que l’arbitre ou le receveur s’en est débarrassé, la balle sera revendue en tant qu’objet de collection. Donc lorsque la balle est rejetée, elle tombe entre les mains d’une personne chargée de l’authentification, qui est présente au stade. Celle-ci doit écrire en détail ce qui est arrivé pendant son utilisation, comme le nombre de fois qu’elle a été lancée, qui était le lanceur, qui était le receveur, qui était au bâton… Ensuite, la balle est emballée et envoyée à la MLB pour que la Ligue la mette en vente par la suite.

Les cinq manches chez les femmes

L’Open d’Australie est l’un des quatre tournois du Grand Chelem, reconnus comme les plus prestigieux parce que plus difficiles à gagner. En effet, chaque match se joue au meilleur de cinq manches, ce qui donne souvent lieu à des marathons de plusieurs heures. Or, cela n’est vrai que pour le simple messieurs. Pour quelle raison les tournois du Grand Chelem sont-ils considérés comme plus prestigieux pour le simple dames ?

Louise Vallières

Réponse de Jean-François Téotonio :

Cette question, vous n’êtes pas la première ni la seule à vous la poser. En gros, la réponse est une question de sexisme, d’argent et d’horaire de diffusion. Les femmes jouent des matchs de cinq manches aux U.S. National Championships, ancêtre des Internationaux des États-Unis, jusqu’en 1901. Après le tournoi de cette année-là, on décide de retourner à des matchs de trois manches seulement pour les femmes. « On » excluant les principales intéressées, évidemment. Les officiels, que des hommes, jugent que les matchs de cinq manches sont trop exigeants pour les femmes. Ainsi se crée la tradition, aujourd’hui difficile à contrebalancer, des matchs de trois sets seulement pour les joueuses de tennis.

La question ne revient pas au premier plan avant la fin du siècle. En 1976, portées par l’initiative de la légendaire Billie Jean King, les femmes votent pour jouer des matchs de cinq manches dans les tournois du Grand Chelem. Mais aucun tournoi ne modifie ses règles en conséquence. En 1984, l’équivalent de ce qu’on connaît aujourd’hui en tant que Finales de la WTA expérimente avec une finale de cinq manches. Ça restera le cas jusqu’en 1998. Malgré d’excellents matchs, certaines athlètes, dont Steffi Graf, n’étaient pas particulièrement attachées au format. Aujourd’hui, on craint que la longueur des affrontements ne vienne compliquer le calendrier de diffusion à la télé, et donc la vente des droits aux diffuseurs. Les directeurs des tournois n’ont pas non plus grand-chose à gagner à devoir composer avec des matchs plus longs. On en reste donc au statu quo à cet égard.

Le prix du hockey

On le sait, la pratique du hockey coûte un bras et une jambe aux parents. Qu’est-ce que Hockey Québec et la ministre des Sports attendent pour créer une structure misant sur la participation et la sélection du talent avant tout ? Y a-t-il moyen de renvoyer le hockey à l’école avec la majorité de l’équipement fourni ? Est-il possible que chaque fédération, ville ou école crée une coopérative d’équipements de hockey ? Prêts, vente d’équipements usagés, etc., je ne sais pas.

Sébastien Provençal

Réponse de Richard Labbé :

En théorie, le hockey mineur participatif existe déjà, avec la création des catégories simple lettre (A, B, C), alors que le volet compétitif se trouve du côté des doubles lettres (AA, BB). J’écris « en théorie » parce qu’il arrive trop souvent que certains entraîneurs du hockey mineur imposent des structures compétitives dans le simple lettre. C’est un problème récurrent, qui pourra difficilement être réglé. En ce qui concerne le hockey scolaire, il est presque toujours compétitif, et n’existe pas vraiment pour les jeunes qui désirent seulement jouer pour le plaisir. Ce serait super si les écoles pouvaient payer l’équipement des jeunes, mais vu les budgets souvent faméliques qui sont accordés aux écoles pour la pratique du sport, cela tient du rêve.

Un numéro à trois chiffres

Je ne crois pas qu’un seul joueur de baseball, de football ou de hockey porte un numéro à trois chiffres. Croyez-vous qu’une telle situation se produira bientôt compte tenu de l’indisponibilité de nombreux numéros à deux chiffres dans certaines équipes, comme le Canadien ?

Jean Poiré

Réponse d’Alexandre Pratt :

La Ligue nationale de hockey interdit les numéros à trois chiffres, ainsi que les fractions, les décimales et le double zéro. Dommage. J’aimerais bien voir un 666 avec les Devils du New Jersey ! Je crois que les ligues autoriseront bientôt les numéros à trois chiffres, ainsi que les symboles graphiques et peut-être même les émojis. Après tout, le baseball majeur permet déjà aux joueurs, un week-end par année, de mettre le surnom qu’ils souhaitent dans le dos de leur chandail. À noter qu’un arbitre de baseball, Edwin Moscoco, a porté le numéro 109 pendant la saison 2020, et que dans les ligues mineures de soccer au Mexique, quelques joueurs portent des numéros à trois chiffres.